Les Rats - L'intégrale
(The Rats)
L'histoire est bien connue. De gentilles petites bêtes qui ne demandaient rien à personne, un sale type et des expériences qui font d'inoffensifs animaux des mutants tueurs. Jusqu'ici rien d'original si ce n'est le talent d'un auteur, James Herbert. L'intégrale de la Trilogie des Rats publiée par Bragelonne fait plus de six cents pages. Il y a de quoi effrayer n'importe quel lecteur ! Comment écrire trois romans avec ce même scénario : l'attaque de rats plus gros et plus féroces que nature ? Pourtant, James Herbert arrive à nous tenir en haleine d'un bout à l'autre, même si je ne conseille pas, malgré tout, de lire d'une seule traite cette trilogie.
Le premier roman, simplement intitulé Les rats, montre l'invasion de Londres par ces infâmes bêtes. Et dès les premières pages, c'est tout le talent de l'auteur qui fascine d'entrée de jeu. James Herbert nous décrit en quelques pages saisissantes l'itinéraire d'un homme qui a perdu son travail et qui est devenu SDF. Vue l'importance des détails, vu le ton formidable de la description, on croit tenir là notre héro, on est déjà attaché à ce personnage si paumé qui cherche juste un coin où dormir mais voilà, il n'était là que pour présenter les rats et leur sanglante attaque. Toute la force des romans de James Herbert est là : toujours placer l'Homme au centre de son oeuvre, les rats montrant la plupart du temps la faiblesse ou bien les travers des humains. Je crois que l'attaque d'une rame entière de métro restera pour moi un des plus grands moment de littérature horrifique. James Herbert utilise pour construire son récit la même stratégie : descriptions par touches de divers protagonistes qu'en quelques pages, il arrive à rendre passionnant et attachant, mais face à eux, des créatures sans noms qui attaquent par hordes... Le mal peut nous saisir partout. James Herbert nous plonge en plein coeur de l'action et de l'horreur. Sanglant, ce premier tome l'est assurément mais la suite l'est encore plus !
Effectivement, après avoir lu ça, on pourrait se dire que dès ce premier tome tout a été dit. Mais encore une fois, le romancier nous surprend et montre tout son talent. On croyait avoir tout vu. Comme Graham Masterton et sa quadrilogie du Manitou, James Herbert cherche d'un roman à l'autre à toujours aller plus loin. Mais là où Masterton se perd souvent dans le gore pour le gore, Herbert, lui, tient son propos et son sujet. Ce second tome se passe en majeure partie dans une paisible forêt où une population de fermiers et de scientifiques cohabitent, heureux de faire découvrir à des enfants ébahis les mystères de la nature. Mais voilà, tapie, la menace rôde et certains passages, l'attaque entière d'un village entre autres, sont d'une rare violence. Mais dans ce roman James Herbert n'oublie pas le principal, un propos et des personnages. Encore une fois, les rats sont une menace presque invisible, on leur devine une organisation, une certaine intelligence, mais ils sont une menace silencieuse, un des aspects de la nature prêt à se réveiller à chaque instant et bien sûr, comme dans toute bonne suite, on a pas retenu les expériences précédentes et l'invasion de Londres et puis ce centre de découverte de la nature est si lucratif... L'homme corrompt tout, tel semble être le message, certes un message facile, mais dit par James Herbert, on tient un très bon roman où se mélangent horreur et suspens même si le Repaire des Rats est à mon avis le moins bon de la trilogie... Attention les rats tombent des arbres, vous mangent le crâne mais ce n'est pas fini. Le pire reste à venir et le pire, c'est l'homme...
L'Empire des Rats fait partie des livres les plus violents, les plus viscéraux qu'il m'est été donné de lire. On marche sur des cadavres, on voit des corps pourrir, on échappe à un viol, on s'entretue etc... etc... Pourquoi ? Ils s'en allaient tranquilles, certains au travail, d'autres à l'école. Ils pensaient à ce qu'ils allaient faire dans leur journée, à la femme ou au mari qu'ils allaient retrouver le soir. Pourtant ils ne devaient, pour la plupart, ne jamais les revoir. Un fou a décidé d'appuyer sur le bouton rouge et un souffle destructeur rase Londres. Dans ce roman, dernier de la trilogie, James Herbert prend les rats comme prétexte mais le vrai thème, c'est la survie dans un monde post nucléaire, l'un des seuls post nuc qu'il m'est été donné de lire à ce jour. Le romancier évite avec subtilité le thème politique qui pourrait se dégager d'une telle histoire et l'on sait à peine qui à déclenché tout cela. Mais la question est : comment survivre quand l'homme est un rat pour l'homme ?
Aucun détail ne nous est épargné et le roman se veut volontairement violent et certains passages sont pour moi insoutenables et extrêmement gores. Comme "creuser" un tunnel à travers un amas de cadavre dans lequel se trouvent des enfants. Plus que les rats, c'est toute l'absurdité humaine qui saute aux yeux et qui est le principal moteur du roman. L'Empire des Rats - on comprend d'ailleurs vite que les rats sont les hommes - est un roman intense où tout le talent de James Herbert est exploité au maximum : un sens de la description, de la tension psychologique et cette notion d'écriture des personnages qui semblent être la marque de fabrique du romancier.
J'ai découvert James Herbert grâce au
Le Secret de Crickley Hall, un livre parlant de fantômes, un roman habité et sombre, digne des meilleurs scénarii de films d'horreur. Je trouve ici James Herbert dans un nouveau registre et malgré quelques longueurs, je retrouve l'intelligence du propos et surtout je vois ce romancier que j'aime tant travailler sur un nouveau domaine, le sanglant, le gore. Mais attention, il ne faut pas ramener la trilogie des rats à cela uniquement... L'auteur n'a peur de rien et surtout ne recule devant rien pour dénoncer le genre humain. Et étrangement, même si les attaques des rats sont spectaculaires, c'est bien l'homme qui est au centre des romans et c'est ce qui rend cette trilogie si inintéressante et si prenante...
Alors voilà, c'est sorti chez Bragelonne et grâce à cet éditeur je découvre un auteur qui rejoint mon panthéon personnel et que je place à côté de King, Masterton ou bien Koontz. Une bien belle découverte !
Note : 8,5/10
Moyenne des votes : 8/10 (3 votes)
.: gregore :.
Avis des visiteurs :
- On ne perd pas une seconde avec James Herbert ! Je l'avais découvert avec Fog, puis avec Présages, je le redécouvre avec le premier opus (âgé déjà de 32 ans !) d'une trilogie remarquable : Herbert va à l'essentiel de suite, immédiatement, et l'horreur vous submerge sans que vous ayez le temps de reprendre votre souffle ; Herbert vous tire par la jambe, vous traîne sur le sol quand bien même vous ne voulez plus rien voir, imaginer quoi que ce soit, il vous entraîne avec lui pour vous montrer ce qui se cache derrière la porte que vous ne voulez plus ouvrir, au fond de la pièce plongée dans les ténèbres... La terreur, l'hémoglobine, s'allient à toutes les pages pour ensevelir le lecteur. "Les rats", un classique de la littérature anglaise.
Note : 8/10 (GreG)
- Les rats, comme beaucoup d'autres romans de l'auteur, raconte en détail des petites histoires de vie de tous les jours comme celle d'Henry, alcoolique et au chômage à cause de son homosexualité ou Violet, mère au foyer se lassant de sa vie monotone. Ces histoires simples et bien racontées permettent au lecteur de bien rentrer dans le roman, voir de s'identifier aux personnages, on se dit que ces scènes sont tout à fait normal, jusqu'au moment où l'effroi arrive... les rats apparaissent et massacrent presque toutes ces personnes, l'effet d'horreur est du coup grandement garanti. Dans la scène où Henry meurt, on est presque aussi surpris que lui par l'attaque et, si on ne connaissait pas le titre explicite du livre, on mettrait autant de temps que lui à en découvrir l'origine, Herbert sait aussi et surtout ménager le suspens. Le livre en profite pour mettre en évidence, une fois de plus, l'irresponsabilité du gouvernement face à une telle menace et le jeu politique pour designer un responsable, ce qui lui confère un petit coté engagé des plus sympathiques. C'est agréable, facile et rapide à lire, une bonne histoire avec des passages bien rythmés, angoissants et quelques détails gore lors des attaques, en bref à découvrir au plus vite.
Le second volet n'apporte pas grand chose par rapport au premier opus, il garde la même structure et les mêmes mise en scènes. Les seules innovations étant le coté gore est un peu plus poussé et les deux scènes plutôt "chaude" présente dans le roman. Donc même critique que pour le premier, une bonne suite tout de même mais peut être moins surprenante.
Pour le dernier tome du cycle des rats, James Herbert a su par contre trouver l'idée pour renouveler le mythe. Il change le rapport de force entre les deux races, ce sont les rats qui sont désormais les plus fort et les plus nombreux, tout ça à cause de la bêtise humaine, ce qui nous amène une fois de plus une critique de notre société. Même si l'horreur des bombes nucléaires vole un peu la vedette aux rats pour ce tome, on a droit à quelques bonnes attaques, les plus sanglantes de la série.
Note : 7,5/10 (.: gregore :.)