Dreamworld
Nouveau recueil du désormais incontournable Sire Cédric après
Déchirures et son roman
Angemort, Dreamworld nous plonge une nouvelle fois dans l'univers si délicieusement torturé de l'auteur. Entre douces perversions et cruelle poésie, les neuf nouvelles qui composent ce recueil nous entraînent vers les contrées perdues du rêves, les peurs de l'enfance, les désirs et les errances du sexe ou bien encore les drames d'une existence fragile en une danse sensuelle, féerique, enivrante, charnelle et obsessive. Neuf nouvelles pleines de sensibilité, de magie et de violence qui sont autant de facettes du talent de leur auteur. Sire Cédric passe de la délicatesse des rêves de l'enfance à l'ivresse du sexe et du sang avec une facilité déconcertante. Que son écriture soit résolument gothique ou bien empreinte de rêve et presque de douceur, Dreamworld se lit avec aisance et nous offre toute la palette de la magie, voire parfois de la féerie, dans sa beauté comme dans sa cruauté. Si nous soulevons le voile du rêve pour pénétrer l'autre monde, nous ne reviendrons peut-être pas indemnes du voyage. Pourtant, il est si simple de céder aux charmes ensorcelants des créatures de l'autre côté ; m'y suivrez-vous ?
Le recueil s'ouvre sur Cross-road et Cauchemars, deux nouvelles bouleversantes. On entre progressivement dans l'univers de Sire Cedric et l'immersion dans le cauchemar se fait de manière progressive, à la suite de ces enfants si particuliers qui voient des choses bien trop horribles pour leurs âmes si pures et si fragiles. La laideur du monde est bien trop insoutenable pour certains êtres d'exception qui demeureront toujours incompris et Sire Cédric dépeint leurs tourments, leurs errances et leurs frayeurs avec beaucoup de justesse et de sensibilité. Requiem et Muse viennent ensuite nous emporter sur des chemins bien plus fiévreux, ceux de la mort, de la jouissance, du suicide, de la création et de l'amour. Les affres de l'Ange du suicide confronté au souvenir de celle qu'il a aimé ou les amours impossibles de deux être affamés de sang et de luxure, deux âmes pures et torturées, deux anges déchus ivres des plaisirs les plus inavouables. Autant de douleurs marquées du sceau de la mort et de l'amour, de l'Eros et du Thanatos, liés ici avec un raffinement pervers et fort troublant.
Mais dans Dreamworld, nous partirons aussi sur les traces d'un chasseuse d'Elfes (peut-être la nouvelle la moins originale du recueil), nous redécouvrirons la superbe Babylone perdue et nous nous perdrons dans les bras divins du Dieu Marduk, et vivrons les frayeurs enfantines et nocturnes de deux enfants jumeaux nés un soir d'éclipse. Deux enfants avec pour don de percer le voile des rêves, de saisir la réalité de l'autre monde, celui de la magie mais aussi des peurs les plus viscérales. Et notre voyage s'arrêtera avec la quête de Ness et de Karen, une belle excentrique spécialisé dans les créatures fantastique et son photographe fou amoureux d'elle. Sur la piste des dragons, Ness plongera au coeur des mystères de ce monde pour les beaux yeux de sa belle, pour suivre son rêve et sa quête de magie jusqu'à la révélation d'une vérité à la beauté insoutenable...
Dreamworld, vous l'aurez je l'espère compris, est une vraie réussite, un petit bijou alliant gothisme, magie, féerie, cruauté, sensibilité et horreur avec talent. Pénétrer dans l'univers de Sire Cédric, c'est s'abandonner aux délices délétères de l'alliance du sexe et du sang, cocktail O combien délicieux lorsqu'il est sublimé par la magie et la justesse d'une écriture impeccable et maîtrisée. A mes yeux Dreamworld est l'ouvrage le plus abouti de Sire Cédric et peut-être le plus mûr dans ses thématiques. Les anges, le sexe, l'enfance, l'amour et la mort, le rêve et les suicidés, tout cela revient bien entendu dans ce recueil mais avec une grande force et une grande justesse qui font de Dreamworld un ouvrage essentiel. Sire Cédric n'est pas un auteur à mettre forcément entre toutes les mains (et encore...) mais que ceux qui s'y risquent se jettent à corps perdu dans son univers, ils ne le regretteront pas...
Note : 9/10
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