Carthago
Tome 1 : Le Lagon de Fortuna

En 1993, la Carthago, un gros groupe industriel faisant de l'extraction de gaz et de pétrole dans le pacifique sud, découvre un Machélodon (une immense grotte sous-marine) à l'écosystème préhistorique. Chose encore plus étonnante, les plongeurs qui ont fait cette découverte ne sont jamais remontés à la surface, vraisemblablement attaqués par un Megalodon, une sorte d'énorme requin blanc de plus de 25 mètres de long et censé être disparu depuis 5,3 millions d'années. Pour continuer le forage la firme passe sous silence ce "détail" et continue d'exploiter le lieu...
13 ans plus tard, le groupe Adome (branche secrète financée en partie par Greenpeace) trouve une photo du Megalodon dans les archives de la Carthago et décide de passer à l'action en tentant de retrouver et prouver l'existence du prédateur aquatique. Au même moment, le navigateur Yann Kergelec et son équipage disparaissent mystérieusement au large du Cap Leeuwin... La Carthago va décidément avoir beaucoup de mal à conserver son lourd secret !

L'actualité de Christophe Bec (et des Humanos par la même occasion) est pour le moins fournie ces derniers temps, le dernier tome de "Carême", les débuts de "Bunker" (une exception chez Dupuis), "Le Temps des loups", "Pandémonium" et maintenant "Carthago" suivi de moult projets comme "Deus" et même une préquelle à "Sanctuaire" ! On se demande comment il fait, d'autant plus, et même s'il n'occupe pas tout le temps ces deux rôles, qu'il porte la double casquette de scénariste / dessinateur. On pourrait se dire que ce rythme infernal fait pencher la balance du coté de la quantité au détriment de la qualité... et bien non, même pas...
"Le Lagon de Fortuna" est une fois de plus une franche réussite et un des meilleurs scénarios de Bec, sur la base d'une histoire plutôt classique de n'importe quelle série B traitant de monstres marins, l'auteur greffe sa patte, façonne sa toile, celle de l'araignée qui prendra au piège le lecteur mais aussi celle du peintre qui compose une oeuvre unique ! On ne s'ennuie pas un seul instant devant ce récit à priori classique nous présentant le futur affrontement entre écologiste et industriel avec en ligne de mire un animal extraordinaire mais on sent aussi qu'il y a quelque chose d'autre, un collectionneur autrichien aussi riche qu'étrange surnommé "Le Centenaire des Carpates", une jeune fille (Lou) aux aptitudes intrigantes ou encore ce Commandant Bertrand totalement changé suite à une plongée dans la passe d'El-Kharab, tout ces éléments viennent compléter la trame principale et poser les bases de futurs rebondissements.
Un autre talent de Bec (promis après j'arrête les éloges) c'est de savoir bien s'entourer, tout comme Stefano Raffaele pour Pandémonium, Eric Henninot ("Alister Kayne" chez Albin Michel) accompagne parfaitement le scénario, ses dessins précis, justes et minutieux renforcent le réalisme de Carthago, on en vient à se dire que nul autres illustrations n'auraient pu aller avec l'histoire de Bec. Quant aux couleurs de Delphine Rieu, elles finissent de parfaire l'oeuvre que ce soit en peignant les fonds marins (de façon lugubre ou accueillante) ou le Nid d'aigle de Vatra Dornei.
Une nouveauté comme on en voudrait voir plus souvent et qui, dès mars, figure aux palmarès des meilleures sorties de 2007 !

Note : 9/10
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.: gregore :.

A propos de cette bd :

- A noter une superbe planche - un dessin "Nom de dieu" pour reprendre les termes de Christophe Bec - lors de l'arrivée en submersible des écologistes dans un ancien cratère volcanique qui peut être perçu comme un clin d'oeil appuyé au premier tome de Sanctuaire.