Le Vol du dragon
(Dragonflight)

Sur la planète Pern, le monde se divise en deux : d'un côté les Weyrs, sortes de grottes à flanc de montagne où vivent les dragons et les chevaliers dragons et de l'autre, les Forts, où vivent les artisans, certains Harpistes et le reste. Lorsque commence Le vol du dragon, Lessa n'est qu'une jeune fille sale, une servante au fort de Ruatha à la tête duquel règne le violent Fax. Fax se fiche de la tradition qui veut que les harpistes chantent des ballades d'enseignement à la gloire des chevaliers dragons, les seuls qui peuvent protéger les habitants de cette planète contre les Fils.
Car à des moments bien précis Pern entre dans l'alignement de l'étoile Rouge et c'est à ce moment que les Fils tombent du ciel. Ces derniers sont une vraie calamité, détruisant les récoltes, s'insinuant dans les sols, détruisant la terre et plongeant le monde dans la famine et peut-être plus…
Mais Lessa, ce matin, a en se levant un étrange pressentiment car l'étoile rouge brille fort, trop fort. La jeune femme rêve alors de se venger de Fax qui a tué sa famille et donc pris la tête du Fort.
Lessa dit vrai, sa vengeance est là, quand F'lar, le maître du dragon, arrive. Le destin de la jeune femme va changer à jamais.

Le vol du dragon est un roman étrange. D'abord parce que ce n'est pas vraiment un roman mais plutôt la compilation de trois nouvelles dont la première a permis à son auteure d'être la première femme à recevoir le prix Hugo en 1968. (Il était temps !) Et cette histoire est en partie une histoire de femmes car nous allons voir comment Lessa deviendra dame de Weyr, comment elle chevauchera le dragon et découvrira l'interstice, cet étrange voyage dans le temps et l'espace que permettent les dragons.
Mais rien n'est simple et Lessa doit lutter contre une société à la fois masculine et traditionaliste. C'est peut-être là l'un des grands messages de Anne McCaffrey que de nous offrir un livre d'aventures mais aussi un livre de femmes qui luttent et qui tiennent tête face aux hommes et aux destins. L'auteure fait de son personnage un beau symbole que je qualifierais de féministe. Mais Lessa devra aussi affronter l'éveil, cette cérémonie qui fait que le dragon vous dévore ou vous choisit.
Anne McCaffrey nous offre donc un très beau roman malgré certaines longueurs mais qui me semblent presque nécessaires tant son monde est complexe et tant le personnage de Lessa nécessite qu'on s'y attarde. On la voit lutter mais aussi prendre son bain, montrant combien l'eau lave des humiliations et des tortures qu'elle a subies, on la voit diriger de main de maître des hommes, des soldats qui plus est. Entre ces deux extrêmes, la coquette et la guerrière, c'est toute une image, forte et belle, de la femme que nous offre Anne McCaffrey.
Bien sûr, nous aurions tort en ne réduisant ce premier tome uniquement qu'à sa portée féministe. C'est aussi un ouvrage particulier qui, s'il reprend des thèmes de la Fantasy comme l'organisation très moyenâgeuse des Forts, les chevaliers et les dragons, reprend aussi des sujets propre à la SF comme les voyages dans le temps ou la rotation des planètes. Anne McCaffrey crée ainsi un genre aux contours flous : la Science-Fantasy. Ironie du sort pour celle qui, au moment où elle écrit, n'est qu'une femme au foyer profitant de l'absence de ses enfants se trouvant à l'école pour écrire ce qui deviendra un cycle repris par d'autres et décliné depuis maintenant plus d'une vingtaine d'années.
Certains passages du roman sont fabuleux, surtout dû à l'aspect très spectaculaire des dragons, vert, brun, bronze (les plus forts) qui lient des liens télépathiques avec leurs chevaliers. Certaines scènes sont absolument magnifiques comme ce moment où le dragon… s'accouple, dans une danse aérienne qui entraîne sa maîtresse en une extase étrange. Sublime, beau et poétique.
Le style d'Anne McCaffrey est simple, limpide et si parfois j'avais l'impression que le roman n'avançait pas, j'en suis ressorti avec tellement d'images en tête… Des images de guerre, des images de ciel dans lequel volent des centaines de dragons, des images d'amour aussi.
Ce qui bien sûr retient l'attention dans cet ouvrage, c'est cet animal mythologique qu'est le dragon et l'auteure est intarissable de détails quant à ces bêtes mythologiques. Voilà donc un très beau roman qui se lit comme une introduction au monde de Pern. J'ai bien hâte de lire la suite.

Note : 7,5/10
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Cruisader



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