La Voix des Ténèbres
(The Voice of the Night)

Les deux petits garçons se sont bien trouvés. Collin, fan de film d'épouvantes et de littérature horrifiques, solitaire, mal dans sa peau, rencontre Roy. Lui aussi solitaire mais avec un seul désir pour s'amuser, son éclate comme il dit : le meurtre. Schéma classique, on commence par les animaux puis par plus gros si vous voyez ce que je veux dire... L'enfance d'un tueur en série me direz vous ? C'est un peu ça, et c'est même pire que ça.
D'abord, il faut compter sur le talent et le style bien à part de Koontz. Tout est très dialogué et il suffit que de quelques mots au style direct pour créer toute une ambiance, sombre, nocturne et dérangeante. Cela tient du prodige.
Mais il y a un autre aspect plus douloureux et plus sensible dans ce roman : l'enfance. Ces deux enfants sont délaissés, et plus particulièrement Collin, dont la mère est divorcée et qui est prise, trop prise, par son travail pour parler à son fils. Elle lui donne de l'argent et débrouille toi pour manger. Collin n'est pas compris par sa mère, pas compris par ses camarades et la figure du père est atroce. Un personnage violent, qui l'emmène pécher le requin (partie de pêche particulièrement sanglante d'ailleurs), lui fait boire de la bière et lui demande de ce comporter en homme. Plus que ce qu'un petit garçon ne peut en supporter.

L'action entière est tournée vers le mystère qu'est la vie de Roy, parent absent là aussi et c'est étrange marque de ceinture sur son dos. Mais il y a peut être encore pire, plus atroce encore... Car Roy est peut être bien un meurtrier, un vrai malade. Je ne peux pas vous en dire plus, mais ce petit garçon, qui rêve de tuerie et de viol, est vraiment dérangeant. Le piège se resserre et Koontz maintient le suspens jusqu'à ce que la réalité éclate dans une scène d'action superbement mené digne des plus grands films Hoolywoodiens.
L'auteur détourne tous les thèmes de l'enfance et un train électrique, n'est pas un simple train électrique. Dans le garage de Roy, le père a recréer entièrement une gare, une ville avec ces fameux trains électriques. Image d'un père enfant. Et l'enfant Roy que fait il devant ces trains ? Il rêve qu'ils déraillent, il voit les chaires écrasées, le sang qui coule, comme pour se venger de cette figure paternel absente.
Koontz nous livre plus qu'un simple livre d'horreur, mais un véritable roman qui à pour sujet les rapports enfant, parent, mais aussi enfants entre eux. Il nous montre combien la solitude et l'impossible communication est le pire des maux. Plus que de l'horreur, l'auteur règle ses propres comptes avec son enfance.
La solitude et la mort traverse tout cet ouvrage fabuleux, court et passionnant. Le style est bien à part, reconnaissable entre tous.
Koontz fait preuve aussi d'un certain humour, surtout à l'encontre de Tolkien et de son image manichéenne du monde, une littérature qui n'est pas à mettre enfin de compte dans toutes les mains. Par contre L'exorcisme oui. Et l'oeuvre de Koontz partage au moins un point commun avec l'oeuvre de Bleatty : l'enfance difficile, l'enfance qui meurt, tué par le regard des grands, l'enfance qui fait souffrir, comme une plaie que l'on ne peut pas refermé. Ici, il n'y a pas de papa et de maman, mais des prénoms, presque anonyme que des enfants prononce, en grandissant seul, face à des horreurs auquel ils ne sont pas préparé, surtout s'ils n'ont lut que le seigneur des anneaux. Il faut lire aussi ce livre comme une réflexion sur les références que peuvent avoir les enfants, des références qui peuvent les aider à grandir bien plus que n'importe quel parent.
Mais ne vous y tromper pas, La voix des ténèbres est aussi un livre d'action et d'ambiance et Koontz s'est y faire pour créer des moments de pure tensions avec entre autres des courses poursuites et une partie de cache cache avec la mort dans une casse de vielle voiture éclairée seulement par une inquiétante pleine lune. Un grand moment de littérature !
Je pense que vous l'avez compris, ce livre m'a touché au plus haut point et en une lecture, il est devenus mon livre de chevet (ou presque), beau et dur, atroce et remplit de poésie enfantine en même temps.
Voilà un roman que je vous recommande chaudement, un livre qui joue sur nos peurs, sans effusion de sang, qui nous ramène en pleine enfance et peut être aussi sur nos erreurs d'adulte. La voix des ténèbres nous rappelle combien il est parfois dur de grandir.

Note : 10/10
Moyenne des votes : 10/10 (1 vote)

Cruisader



Psychovision © 2002-2008 | Contact | Partenaires : Films d'animation