La Vengeance du Manitou
(Revenge of the Manitou)

Vous pensiez en avoir fini avec Misquamacus, vous pensiez que vous pouviez balayer d'un simple revers de manche des milliards d'années de croyances et de rites ancestraux, que tout était fini ? Et bien non, il est de retour et il est prêt à tout pour faire connaître aux visages pâles, c'est-à-dire vous et moi, ce que les Indiens ont subi il y a près d'un siècle de cela : le plus grand génocide de l’histoire.
La vengeance du Manitou est donc la suite de Manitou. Mais rassurez-vous, vous pouvez lire ce livre sans même avoir lu le premier, même si je vous conseille vivement d'avoir lu ce dernier.
Masterton va encore plus loin et il écrit ici ses plus belles pages. L'oeuvre commence sur un morceau d'anthologie. Tobby, un petit garçon, est seul dans sa chambre. Il fait noir, il se cache sous sa couette car quelque chose est là, tapi dans les ombres inquiétantes que l'obscurité vient de faire naître... En quelques pages Masterton m'a replongé, et je pense qu'il en est de même pour bon nombre de ses lecteurs, dans ma prime enfance, quand après avoir refermé les contes fantastiques de Maupassant, plein de courage, j'éteignais ma veilleuse et qu'alors l'obscure chambre révélait les pires monstres qui soient.
L'auteur ici fait preuve d'un talent fou pour décrire une ambiance, une atmosphère que nous avons tous connue. Il trouve les mots justes et il nous entraîne en des lieux que l'on avait crus oubliés à jamais mais qui se révèlent pourtant toujours enfouis en nous. Une atmosphère que seuls Masterton et quelques autres grands écrivains sont capables de reproduire à merveille pour notre plus grand bonheur.

Cette "chose" qui est tapie dans les recoins ténébreux de la chambre de Tobby existe belle et bien et elle porte un nom : Misquamacus, le puissant chaman qui en arrive ici à sa dernière réincarnation, plus fort encore, plus terrible et toujours aussi charismatique...
Mais l'Indien vengeur n'est pas seul et Masterton surenchérit par rapport au tome précèdent. Encore plus loin dans l'horreur, dans la violence, car ils ne sont pas deux ou trois, ni même dix mais vingt-deux chamans réincarnés attendant leur heure, prêts à invoquer un grand démon puissant qui pourrait être le grand Chtulhu des légendes Lovecraftiennes.
Vingt-deux pauvres innocents enfants, comme l'étaient les Indiens au moment ou ils ont cédés l'île de Manhattan pour une caisse de whisky et quelques babioles juste avant le massacre, vingt-deux enfants possédés prêt à revivre les pires des batailles de la conquête de l'Ouest et prêt à détruire les Etats-Unis en entier avec l'aide de "Ceux du dehors", les grands anciens.
Une course contre la montre commence alors, il faut agir avant l'alignement des étoiles, avant que commence la grande cérémonie qui doit permettre à des dieux terribles de détruire la terre. Une course contre la montre pour sauver des enfants et empêcher la toute puissance de Misquamacus de ravager l'humanité. Une lutte contre les esprits qui animent les objets et qui sont partout autour de nous, une lutte contre l'indicible et l'invisible. Pourtant on aurait presque envie que ce vieux chaman atteigne son but… Car cet esprit peut s'avérer plus humain que les humains, après tout...
Il faut tout de même reconnaître que ce "second" Manitou est moins dérangeant que le premier et qu'il possède tout de même quelques longueurs. Mais Masterton évite la redite et nous plonge dans un univers captivant et effroyable. La vengeance du Manitou pourrait même être considéré comme l'inverse exact de Manitou. Ici Neil, le père de Tobby est confronté au raisonnement cartésien de la population de son petit village, ce qui n'était pas le cas des personnages du premier roman. L'oeuvre se veut donc plus classique mais l'horreur reste au rendez-vous. La vérité ne sort pas de la bouche des enfants mais c'est un vieil homme ivre qui apporte la solution et qui lève le mystère, un homme que tout le monde croit fou... Jolie leçon de morale si je puis dire : fou celui qui croit qu'il ne l'est pas.
L'intérêt de ce livre tient plus de l'ambiance et des mythologies qui s'y côtoient que véritablement de l'originalité du récit. Ainsi Masterton permet la rencontre improbable entre Lovecraft et les Indiens d'Amérique.
Je ne vous livrerais pas la fin mais le roman se termine en apothéose, sorte de combat entre deux chamans mais aussi une fin plus humaine quoiqu'un peu trop moralisatrice, une fin ou tout le monde est remis à sa place, tous au même niveau, tous coupables mais aussi tous victimes. Toute l'ambiguïté de l'oeuvre de Masterton tient là, et l'on a grand mal à comprendre ses positions par rapports aux indiens d'Amérique.
Cette fois-ci, le chamane Singing Rock arrivera-t-il à combattre les vingt démons ? Harry le faux voyant sauvera-t-il une classe entière d'enfants possédés par des esprits cruels ? Neil récupérera-t-il son fils ? Le grand Chtulhu détruira-t-il le monde ? Des questions simples mais palpitantes auxquelles vous trouverez réponse en vous plongeant dans ce petit bijou d'horreur et de macabre mais aussi d'humanité. Un livre simple qui se dévore d'une traite. Un pur moment de plaisir, un incontournable de la littérature fantastique. Frissons garantis.

Note : 8/10
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Cruisader



Avis des visiteurs :

- Cette suite de Manitou réussit à être meilleur que son prédécesseur. L'atmosphère décrite est très palpable. Angoissant et horrifique, si on aime le genre, lire La Vengeance du Manitou est un régal.

Note : 9/10 (Patrick)

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