Vampyrrhic

Voilà un roman qu'il me tardait de lire ! Imaginez donc, avec un titre pareil : Vampyrrhic ! Ah chères créatures de la nuit comme je suis ravi de vous retrouver ! C'est aujourd'hui chose faite mais je ne sais pas quoi en penser.
L'histoire est plutôt plaisante : Leppington est une "jolie" petite ville, sa gare, son hôtel, ses abattoirs et son élevage de sangsues (utilisées en médecine). Mais aussi ses souterrains, ses parts d'ombres dans lesquelles semblent vivre des vampires ! Arrive David Leppington, dont la famille a donné son nom à la ville, pour des vacances et pour retrouver ses racines. Il ne se doute encore de rien quand il descend dans l'unique hôtel de la ville tenue par Electra, femme fascinante, libre et assez excentrique. Mais l'on n'échappe pas à son destin et à son passé...

Le roman commence fort, très fort, le lecteur est d'emblée plongé dans une ambiance à la Blairwitch, avec une cassette vidéo tournée comme un snuff movie et montrant une agression, celle d'un homme par une "chose"...
Simon Clark nous propose une belle galerie de personnages, tous aussi attachants les uns que les autres. David Leppington, médecin et cartésien de l'extrême qui va donc se confronter à l'étrange, Electra patronne d'hôtel au caractère bien trempé, Bérénice jeune femme un peu perdue et Jack Black caïd au grand coeur quoique un peu violent quand même comme en témoignent les cicatrices de son visage. Bref, on s'attache très vite à ces personnages et Simon Clark les fait vivres avec talent !
Il est aussi, bien sûr, question de vampires. Et là encore c'est plutôt bien fait et très original puisque l'auteur fait  remonter l'origine de ses créatures non pas aux Carpates (Bram Stocker) ou à l'antique Egypte (Anne Rice) mais aux légendes scandinaves ! La famille Leppington s'est liée à Thor pour, il y a de cela des années, lever une armée de morts vivant assoiffés de sang contre la chrétienté. Idée originale vous en conviendrez ! Si l'on rajoute à cela le vieil oncle de David forgeant des épées et gardien d'une étrange caverne, le mystère s'épaissit et le lecteur est comblé !
Mais, je trouve pour ma part que tous ces fabuleux éléments ne sont pas très bien exploités dans le récit et qu'ils auraient mérité meilleur traitement. On a l'impression que Simon Clark écrit vraiment au fil de la plume, modifiant sont récit en cours d'écriture et de ce fait on est déstabilisé, mais pas dans le bon sens ! On aurait voulu peut-être un peu plus de cohérence car là, le récit avance en dents de scie... On est d'un coup porté par une action rondement menée (course poursuite dans l'hôtel avec cette ascenseur bloqué, scène ou un homme se fait dévorer la main, course poursuite dans les noirs égouts etc...) puis ça retombe, ça ne donne rien. Exemple : nos protagonistes découvrent une femme le ventre gonflé de sang et un homme mutilé, ils échappent de justesse aux créatures de la nuit et hop on les retrouve après ça devant un café se demandant : et maintenant on fait quoi ? Etrange ! On aurait voulu que tout décolle, que tout s'emballe, que Simon Clark joue avec nos peurs et bien non... L'auteur a toutes les clefs en main pour nous entraîner dans un monde étrange, vraiment dérangeant et il ne les utilise pas... Dommage ! Il y a beaucoup de déjà entendu dans ce roman et pas assez de sous-entendus...
Malgré cette structure bancale, il y a tout de même chez Simon Clark un véritable talent, celui de faire vivre différents personnages, différentes histoires qui, en fin de compte, vont se croiser et se regrouper ! L'autre point fort de Simon Clark c'est cette facilité qu'il a de passer d'une focalisation interne à une focalisation externe, cette faculté qu'il a de nous faire entendre les pensées les plus intimes de ses personnages et de nous décrire en même temps les situations, tout de même assez troublantes, dans lesquelles ils sont entraînés.
Mais encore une fois beaucoup trop de choses sont entendues, du titre jusqu'au champ lexical qui appuie un peu trop sur le sang, les abattoirs, les sangsues etc... Reste que ce roman propose des moments forts, qui pourraient presque me faire oublier tous ces défauts. Entre autre ce finale digne de Brain Dead : superbe !
Vampyrrhic est donc un roman simple, un peu trop, mais rempli de moments dignes des plus grandes série B ou des films d'horreurs que j'affectionne tant. L'idée de David, retournant dans son passé, devant affronter lui-même ce qu'il est, ce qui est dans son inconscient, est intéressante comme beaucoup d'autres choses, mais Simon Clark les utilise mal et c'est sur ce point que le roman pèche un peu. Dommage, car à peu de chose près cela aurait été une merveille. Là c'est moyen et ça se lit lentement, trop lentement !

Note : 6,5/10
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Cruisader



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