Le Travail du Furet
"Le Travail du Furet" d'Andrevon est un titre qui fait sourire quant on connaît la bestiole, un peu moins quand on apprends qu'un Furet est la désignation officielle d'un tueur à gage mandaté par l'état. Leur travail est simple : respecter le quota annuel de 400 000 citoyens français à supprimer pour respecter le Grand Equilibre. Pas de surpopulation, tout le monde pourra être heureux. Pour respecter une égalité parfaite entre les concitoyens dans ce meilleur des mondes, les proies des Furets sont quotidiennement tirées au sort.
Ecrit à la première personne, le livre met en scène un Furet parmi d'autre, très grand amateur de films noirs. Les références cinématographiques sont nombreuses, sans être lourdingue quand on ne touche pas une bille au cinéma et sûrement très plaisante quand on s'y connaît. Le personnage principal n'est pas nommé, l'auteur créé une relation intime entre le lecteur et le monde décrit.
Un bon tiers du livre nous entraîne dans la Chasse, le travail quotidien de notre Furet. A travers ses yeux et ses pensées nous découvrons une France futuriste inquiétante, où Petit Bateau est une marque de filtre à air portatif et coûteux, où la machine hight tech remplace l'homme dans bien des travails, quitte à envoyer ce dernier dans une pauvreté plus que miséreuse. Attention, la technologie décrite parait infiniment proche et donc crédible. Pas de lasers ni de droïdes, l'histoire prend place dans ce qui semble être un futur proche.
Le terme de Chasse est bien approprié car c'est au Furet de traquer sa proie et de l'effacer : injection, couteau, grenade, armes à feu... La mort est propre ou crade, selon l'humeur de notre ami. Le truc en plus qui évite de trouver l'histoire lassante et ennuyeuse est la personnalité du héro : Individualiste, profondément misanthrope mais paradoxalement capable d'action héroïque, peu bavard, autant vous prévenir, les dialogues ne sont pas légion. Le narrateur est un personnage inquiétant, déstabilisant mais attachant. Son mépris est entraînant, odieux et les portraits que le Furet dresse deviennent vite plus intéressant que ses meurtres, je ne serais pas étonné qu'Andrevon apprécie Céline.
Puis l'élément perturbateur arrive : le tirage au sort serait truqué, les 400 000 victimes seraient choisies par l'homme et non par le hasard. Des questions se soulèvent dans la tête de notre fonctionnaire. Alors quand Jos, sa petite amie apparaît sur sa liste de proies, la coïncidence est trop grossière, cherche t'on à l'intimider ? A le faire taire avant qu'il ne découvre quoique ce soit ? Mais quoi ? Une deuxième partie qui perd peu à peu de son originalité, c'est dommage mais toujours prenant à lire. Le final n'est pas extraordinairement surprenant, au contraire : froid, simple et effrayant par sa plausibilité.
"Le travail du Furet" est un livre de science fiction facile d'accès mais assez inégal. Cependant le livre possède deux qualités : celles de nous accrocher jusqu'au bout et de nous faire réfléchir... ou frémir.
Note : 7/10
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Zel
A propos de ce livre :
- Ce roman a été publié une première fois sous le titre "Le travail du furet à l'intérieur du poulailler" en 1983, dans la collection "Science-Fiction" des éditions J'ai lu.