Le Souffle des Dieux - Cycle des Dieux 2
Le Souffle des Dieux est le second tome du Cycle des Dieux de Bernard Werber, la suite de Nous, les Dieux qui faisait elle-même suite au Cycle des Anges. Bien compliqué tout cela, me direz-vous ? Oui, un peu, certes, si vous n'avez pas encore lu un seul ouvrage de l'auteur. Sinon, tout cela coulera de source pour vous puisque notre auteur se plaît à faire évoluer ses mêmes personnages au fil de ses romans depuis près de dix ans, du statut d'humain à celui d'ange, puis de Dieux. Allez, je vois que vous êtes tout de même un peu perdus, un petit historique s'impose : suivez le guide !
Michael Pinson et Raoul Razorback, deux amis scientifiques, font pour la première fois leur apparition dans l'excellent roman les Thanatonautes. Les deux amis vont parvenir à s'affranchir des limites actuelles de la science et enfin aller explorer le continent des morts par le biais de NDE (Near Death Experience), repoussant ainsi les limites à la connaissance humaine. Mais Michael Pinson va trouver la mort (ainsi que son ami Raoul) et, ayant fini son cycle de réincarnations, va assister à la pesée de son âme et se retrouver dans la peau d'un Ange, responsable de la destinée de trois mortels. Ca, c'est la trame générale de l'Empire des Anges.
Ensuite, nos deux amis, Pinson et Razorback, vont continuer leur ascension divine et vont se retrouver Elèves Dieux en Aeden, une ville où les Maîtres Dieux - Les douze Dieux antiques de l'Olympe - vont enseigner à une promotion de plus de 130 élèves comment être un Dieux convenable et comment gérer son troupeau d'humains sur terre. Voilà où nous emmenait Nous, Les Dieux, avec son célèbre postulat : "et vous, à la place de Dieux, vous feriez quoi ?". Toutes les semaines, un Elève Dieu est éliminé mais malheureusement, un déicide sème la terreur parmi la promotion, assassinant sans remord des élèves Dieux. Qui est le meurtrier? Qui est le Dieu Suprême ? Comment être un bon Dieu et comment réécrire l'histoire sans refaire les mêmes erreurs ? Voilà certaines des questions que posait le précèdent volume et voilà donc où s'ouvre Le Souffle des Dieux, avant dernier tome du Cycle des Dieux. Vous me suivez un peu mieux ? Parfait.
Bernard Werber va donc continuer dans ce volume son expérimentation d'une réécriture de l'histoire de la terre par le biais des tentatives des Elèves Dieux. Ces derniers doivent en effet chacun gérer un peuple sur une Terre brouillon, Terre 18, en essayant de ne pas reproduire les mêmes schémas que ceux de notre bonne vieille terre actuelle. Difficile de s'affranchir de sa propre histoire ! Difficile de créer un héros antique sans s'inspirer de modèles tels que Spartacus, Hannibal ou bien même Jésus ! Nos Elèves vont en faire les frais et ils vont faire s'affronter leurs peuples respectifs dans des conflits et des guerres sans pitié que nous suivons avec intérêt (même si parfois la lassitude gagne insidieusement le lecteur) au fil des chapitres et des enseignements prodigués au Elèves. Comme à son habitude, Bernard Werber intercale à son récit des éléments du Livre du savoir relatif et absolu (nouvelle édition augmentée !) d'Edmond Wells, cette fois dans une optique clairement historique et philosophique.
Nous apprenons donc une foule d'anecdotes sur les religions, les civilisations et les grands personnages de notre histoire, toujours en rapport avec l'intrigue en cours qui se joue sur Aeden ou sur terre 18. C'est passionnant, comme d'habitude, même si le sujet est ici parfois un peu redondant pour qui n'est pas particulièrement féru d'histoire. Mais au moins, on a le sentiment de s'instruire en lisant et cela, ce n'est pas forcément désagréable ! Bien entendu, toutes ces informations vont aiguiser notre réflexion et par petites touches philosophiques ou amusantes, Werber nous entraîne à porter un regard à la fois amusé, acerbe, ironique, cynique ou tendre sur nos sociétés, nos civilisations, notre histoire et nos petits défauts de toujours. C'est bien fait et cela ne fait pas de mal à lire ! A côté de cela, nous suivons l'intrigue du déicide qui continue à perpétrer ses meurtres et notre ami Michael Pinson, toujours aussi décidé à conquérir le coeur de la belle et insensible Aphrodite, déesse de l'amour.
Certains passages de ce livre sont néanmoins vraiment trop longuets, certaines scènes trop abracadabrantes, certains chapitres trop dogmatiques ou trop verbeux. Mais malgré tout, si l'on accepte ces défauts communs à pas mal de romans de l'auteur, l'alchimie marche et l'on en vient à savourer avec plaisir ce roman historico-philosophico-politico-science-fictif. C'est du Werber à 100 pourcent, cela ne plaira forcément pas à tout le monde, le style est honnête sans plus, rien de transcendant loin de là, mais on apprend une foule de choses et cela, c'est vraiment sympathique. Finalement, on est comme notre héro, Michael Pinson, on veut en savoir toujours un peu plus et savoir ce qui se cache là haut, tout en haut, plus haut qu'Olympie, bien au dessus des montagnes d'Aeden.
Zeus ? Ou bien alors un autre Dieu, un Dieu unique ? Qui mène réellement la danse au royaume des Dieux et que gagnera réellement l'élève qui gagnera la partie d'Y (le jeu ou les Elèves Dieux s'affrontent au travers de leurs peuples respectifs) ? Finalement assez de questions soulevées pour nous donner envie de poursuivre avec le Mystère des Dieux, le troisième opus prévu pour octobre 2007. Peut-être pas du meilleur Werber, on s'ennuie parfois comme au fond d'une salle de classe miteuse, mais on s'amuse aussi en s'instruisant et cela nous fait un peu oublier les défauts de ce roman souvent un brin mégalo. A lire en connaissance de cause et certainement après avoir lu d'autres romans plus palpitants de l'auteur. Un roman honnête qui a tout de même le mérite d'être culotté : il fallait tout de même oser s'attaquer à un thème aussi vaste !
Note : 6,5/10
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Chaperon Rouge
Avis des visiteurs :
- Plutôt d'accord avec toi dans l'ensemble, même pour la note. C'est quand même étrange de voir un écrit avec des défauts qui pourraient totalement discréditer d'autres livres alors que celui-ci s'en sort bien. Je me souviens avoir dévoré ce roman avec beaucoup de plaisir, mais au final, je ne sais pas vraiment pourquoi... Comme tu dis, c'est du Werber...
Note : 6,5/10 (Llugh)