Solaris

Le docteur Kelvin, psychologue de son état, est envoyé sur la station Solaris, destinée à l'étude de la planète du même nom dont la particularité est d'être recouverte d'un océan protoplasmique défiant les lois physiques connues de l'homme.
A son arrivée, Kelvin se rend vite compte que quelque chose ne va pas, le physicien Sartorius et le cybernéticien Snaut révèlent un comportement inquiétant fait de paranoïa et de culture du mystère.
En effet, ceux-ci semblent effrayés par des visiteurs; souffrent-ils de l'isolement ou auraient-ils perdu la raison ?
Kelvin à son tour va recevoir une visite, celle d'une femme, Harey, qu'il a autrefois aimé et qui s'est suicidé depuis plusieurs années.
Après le doute vient l'angoisse, il ne peut s’agir de Harey car elle est bien morte mais en même temps c'est bien elle, celle qu'il a perdu.

Les thèmes de Solaris sont dès lors posés et le docteur Kelvin va vivre l'indicible, une situation dont on est pas sensé faire l'expérience. L'amour qu'il n'a pas su préserver, qu'il n'a pas su protéger est là devant lui; à la culpabilité s'ajoute la sensation impossible d'avoir pu remonter le temps, de pouvoir tout recommencer. Ces regrets et ces remords si cruels que connaissent nombre d'humains, le docteur Kelvin a la possibilité de les effacer. Mais le peut-il, car ce n'est rationnellement pas Harey qui est là avec lui, Harey est morte, a-t-il le droit de faire comme si c'était bien elle et peut-il y arriver ?
Ce roman pose de nombreuses questions, au-delà de son aspect SF, il traite bien de métaphysique, il pose la question de l'humanité : ces clones sont-ils et peuvent-ils être les personnes qu'ils ressuscitent, doit-on les considérer comme tels, peut-on les détruire ou est-ce un meurtre ? A l'instar des romans d'Asimov ou du Frankenstein de Shelley, le problème du droit à la vie non naturelle est posé, de la notion d’humanité au sens non organique du terme.
Le cadre scientifique du roman a pour fonction de crédibiliser les évènements pour le moins surprenants et les questions à la fois absurdes et pourtant bien concrètes qui vont s'imposer aux occupants de la station.
Il est en quelque sorte ici question de Dieu, cette masse protoplasmique si elle (re)donne la vie à partir des souvenirs des hommes et en empêchant ces derniers par sa complexité de percer ses mystères. A la simple question du pourquoi (ces clones), l'écho de l'existence ou non d'une entité supérieure créatrice et coordinatrice est immédiat.
Solaris, non content de faire chauffer notre cerveau vite débordé par ces questions fondamentales, est aussi une histoire d'amour, l'amour des hommes pour leurs semblables, cet amour qui peut les pousser à faire ce qui leur semble odieux, contre-nature mais auquel ils ne peuvent résister.
Autant le dire, Lem est un génie, son style est dense (340 pages) et fluide, jamais le "scientisme" ne prend le dessus sur l’émotion dans un roman qui mêle SF, métaphysique et romance sans jamais nuire à la qualité du récit.
Le docteur Kelvin aura quitté la terre pour réapprendre ce qui est important dans sa vie, ce qui lui donne un poids, une valeur. Ce sens, il le trouve dans l'autre, dans celle qu'il croyait perdu. Hélas il apprendra à ses dépends que les volontés de l'homme et les buts de la nature diffèrent.

Note : 9/10
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Plissken



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