La Nuit des morts vivants
(Night of the Living Dead)
1968 : la solidarité des créateurs de La Nuit des Morts-Vivants finit par payer. Leur film est un triomphe. Six ans plus tard, en 1974, rien ne va plus, et cette union sacrée a volé en éclat en même temps que les retombés financières et légales du film se soient éparpillées entre les différentes personnalités impliquées. Parmi elles, John Russo, scénariste en compagnie du réalisateur George Romero. Chacun souhaitant s'attribuer le vrai mérite et exploiter le filon à sa guise, le clash fut inévitable et conduisit par la suite à deux "Nuit des Morts-Vivants 2" : Zombie pour Romero, et le Retour des Morts-Vivants pour John Russo, ce dernier livrant sa séquelle tout d'abord sous forme de roman en 1977 (elle sera adaptée à l'écran en 1985 par Dan O'Bannon). Quoi qu'il en soit, en 1974, John Russo donnait jour à sa première exploitation du film de 1968 : sa novellisation.
Une novellisation avouons le sans grand intérêt, tant il s'agit d'une fidèle reproduction du film. Tout y est similaire, et je pourrais aussi bien vous livrer la critique du film. Il y est donc également question du huis-clos dans une maison de campagne imposé par le réveil et l'agressivité des morts à un groupe de personnes d'horizons différents. De Barbara qu'un mort viendra chercher dans le cimetière en passant par les tensions qui naîtront dans le groupe jusqu'à cette fin d'une noirceur absolue pleine d'ironie macabre et de constats amers sur la société des vivants, le livre ne décolle jamais du film. Tout juste peut on signaler une certaine complaisance affichée vis-à-vis du gore, qui bénéficie ici de plus de place et de descriptions sans équivoques.
Si la démarche de ce roman n'est guère reluisante, on ne peut en revanche pas dire que la lecture n'est pas plaisante. En reprenant le film aussi fidèlement, Russo évoque également les mêmes thèmes sociaux, beaucoup plus importants qu'il n'y paraît, derrière toute l'histoire des morts qui reviennent à la vie. La sauvagerie et l'incapacité à s'entendre de la part d'humains confrontés aux morts vivants beaucoup plus unis et qui eux ne versent pas dans la sauvagerie par plaisir...Voilà en (très) gros les enjeux d'une intrigue qui évidemment verse aussi dans le plaisir plus décomplexé, avec ce suspense né du huis clos total. On ne peut donc pas vraiment dire que le livre est mauvais. Le style d'écriture assez plat, qui tente en vain de rendre compte de l'impact des images du film de Romero est contrebalancé par un traitement très dense de l'intrigue. Sur 150 pages, on ne peut donc pas vraiment s'ennuyer. A conseiller avant tout à ceux qui n'ont pas vu le film. Les autres y trouveront peut-être du plaisir, mais avec l'amertume de parcourir une novellisation sans grand intérêt.
Note : 6/10
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Walter Paisley
A propos de ce livre :
- Ce livre de John Russo est le premier numéro de la collection Gore éditée par Fleuve Noir.