Le Miroir de Satan
(Mirror)

Cette fois, Masterton ne nous emmène pas dans un univers Lovecraftien, comme c'est souvent son habitude. Ici, les ingrédients se composent de chats, de sorcellerie et d'enfant possédé par Satan lui-même, ce qui nous donne un mélange savoureux et très effrayant, à ne pas lire tout seul une fois la nuit tombée… L'idée que les miroirs réfléchissent l'âme des gens est exploitée à fond, jusqu'à reprendre les idées de Lewis Carroll, auteur d'Alice au pays des merveilles, et de De l'autre côté du miroir. Ici, l'autre côté du miroir de Boofuls, c'est l'envers de Hollywood et des gens qui y vivent. Le blanc ne devient pas juste noir, mais autre, sans vie en même temps qu'impossiblement présent. Et le fait qu'il s'agisse d'un enfant ne fait que rajouter au côté surnaturel de l'histoire, peut-être parce que les enfants représentent l'innocence et la pureté, incompatibles avec l'horreur ? Dans ses recherches, Martin va rencontrer un spirite et un prêtre mais le Boofuls qui vit dans le miroir n'a aucunement l'intention de laisser quiconque s'approcher de son secret. Et son pouvoir est tel que la mort ne va pas tarder à envahir le petit monde de Martin de la façon la plus atroce qui soit. Mais pour parvenir à tous ses fins, Boofuls doit sortir du miroir. Le problème, c'est que quelque chose doit y entrer avant, et il va alors attirer le petit-fils du propriétaire de Martin. Boofuls va exiger de Martin qu'il remette en chantier son dernier film inachevé qu'il veut finir, soi disant pour trouver le repos éternel.

L'histoire servira de parallèle à une légende de magie noire contant la venue de Satan dans le monde : Le seul moyen étant de réunir ses restes dispersés dans le monde (volés en éclats lorsqu'en tant qu'ange déchu, il est retombé sur terre), et le maître des ténèbres pourra alors repasser de l'autre côté du miroir. Evidemment, dit comme ça, cela paraît très simple, mais détrompez-vous. Masterton va vous emmener dans une aventure que vous aurez du mal à lâcher, d'autant plus que l'histoire se déroule à Hollywood, et concerne une époque dont on connaît très bien les acteurs, alors les clins d'oeil sont nombreux et font même partie intégrante de l'histoire. Outre les ingrédients diaboliques, l'histoire contient de nombreuses références bibliques et à De l'autre côté du miroir (que Carroll aurait soi-disant écrit pour raconter sa propre expérience en traversant un miroir, mais persuadé qu'il serait mal compris, il a choisi de transformer son histoire en conte pour enfants). Les parallèles faits par Masterton le sont de façon si convaincante que l'on se demande vraiment s'il n'aurait pas raison, quelque part. Une autre chose qui frappe aussi le lecteur est l'incroyable cruauté qui jalonne le livre, Masterton n'hésitant pas à décrire des automutilations rebutantes (un homme se coupe la langue au ciseau, entre autres exemples), le meurtre du prêtre et du spirite de façon douloureusement détaillée et une attaque particulièrement insupportable par un chat monstrueux sorti du miroir. Bien que cette histoire s'éloigne un peu de l'oeuvre habituelle de l'auteur, elle vaut largement le détour et vous passerez beaucoup moins de temps devant votre miroir ! Un conte diabolique, gore et envoûtant, sortant du lot par une écriture fluide et maîtrisée, démontrant si besoin est, l'énorme talent de son auteur.

Note : 9/10
Moyenne des votes : 9/10 (2 votes)

ZombiGirl



A propos de ce livre :

- Ce roman a été édité en 1989 aux nouvelles éditions Oswald collection Néo plus, en 1991 et 2000 chez Pocket collection Terreur et enfin en 2003 chez Fleuve Noir collection Thriller fantastique.

Avis des visiteurs :

- Loin d'être aussi bon que "le Portrait du Mal" du même auteur, Le Mirroir de Satan, et un des romans modernes les plus effrayants, gore et angoissant que j'ai lu, j'avais un peu peur de retrouver les divagations éroto-pornographique de Masterton, présents dans pas mal de ses écrits, il démontre ici, toute son experience, faisant preuve une fois de plus de son style incomparable, et mène tambour battant, une histoire terrifiante à la Lovecraft.

Note : 9/10 (Dorian)

Psychovision © 2002-2008 | Contact | Partenaires : Films d'animation