La Métamorphose
(Die Verwandlung)
La Métamorphose est une nouvelle écrite par Kafka en 1912, alors que l'auteur, un simple fonctionnaire de Prague, était âgé de 29 ans. Ce récit, probablement le plus connu de Kafka, est également le plus énigmatique.
Sur une centaine de pages, l'auteur nous fait la narration de la nouvelle vie de Grégoire Samsa, simple représentant de commerce qui s'est éveillé un beau matin "transformé en une véritable vermine". C'est à dire que Samsa est devenu un insecte humain. Etant la seule source de revenus ou presque de sa famille (ses 2 parents et sa soeur), il va devoir faire face aux difficultés que crée sa nouvelle situation, dont bien entendu l'impossibilité de toute vie sociale... et familiale.
Car la famille de Grégoire elle-même supporte difficilement cette situation. Grégoire est laissé seul, confiné dans sa chambre, et c'est sa soeur qui vient le nourrir, toujours quand lui est caché sous son lit afin de ne pas être vu. La soeur agit par curiosité autant que par pitié. Les parents quant à eux sont dégoûtés de leur (ex)fils. Pas de pitié. Pas de compassion. D'ailleurs Grégoire n'en demande pas. Il se contente de vivoter sa vie d'insecte dans sa chambre.
Il est tout d'abord rongé par sa nouvelle situation. Il éprouve de la culpabilité de ne plus pouvoir aller travailler, de ne plus pouvoir assurer la vie de sa famille, et même de devenir un fardeau pour eux. Il est gêné par les taches qu'il impose à sa soeur et c'est pour cela qu'il se cache lorsque celle-ci vient le nourrir. Pourtant il n'est pas tout à fait exclu. Il suit les conversations, via l'entrebâillement de la porte de sa chambre. Il tente même quelques sorties. Il sera repoussé à coup de balais, à coup de pied, jusque dans son antre. Avec des blessures physiques (il a par exemple une pomme pourrie qui s'est incrustée dans sa chair) aussi bien que psychologiques.
C'est donc avant tout l'histoire d'un homme progressivement délaissé qui nous est comptée. Cet homme, Grégoire, est définitivement coupé de tout avenir professionnel, de toute vie sociale et familiale. Toute nouvelle tentative de ré-insértion est écrasée. Il en est réduit à susciter le dégoût, la colère, la peur. Alors forcément il va peut à peu perdre tout espoir et se laisser aller. Tandis que même sa soeur va l'abandonner, suite à une ultime tentative manquée de ré-affirmer son humanité.
Incapable de communiquer, Grégoire doit subir tout ce qu'on lui soumet. Même lorsque cela part d'un bon sentiment, comme le fait de retirer tout ses meubles pour pouvoir le laisser ramper comme bon lui semble sur les murs et le plafond. Il n'y peut rien, il est devenu un boulet. Une fois toute la famille à dos, et sans que pourtant celle-ci ne daigne l'abandonner (ce qui fait qu'il reste coincé dans sa situation de boulet), Grégoire va perdre peut à peu toute envie de vivre, et va se laisser mourir, tandis que sa famille l'a moralement abandonné, incapable de le comprendre, et ne désirant de toute façon pas le faire, puisque les insectes ne peuvent être que des êtres répugnants.
Ainsi, Grégoire va donc se laisser mourir. Et en effet un beau matin, la bonne, la seule qui osait voir Grégoire (et qui ne le considérait que comme une saloperie amusante), le retrouvera mort. "Venez donc voir, il est crevé, il est là, il est couché par terre; il est crevé comme un rat."
Un épitaphe sans pitié, terminant ainsi la pathétique vit de Grégoire Samsa. Mais le pire est peut-être encore que sa mort sera vécu comme une libération divine par la famille Samsa, qui va revivre.
Grégoire, qui dans sa période humaine aura trimé pour faire vivre les siens et qui du jour au lendemain aura été abandonné, méprisé puis finalement oublié de tous.
On retrouve là une constante dans la thématique de Kafka : l'absence de signification de la vie. Pas de questions métaphysiques dans La Métamorphose. On voit juste ce qui est. Personne ne s'interroge sur le pourquoi scientifique de la métamorphose. Elle est, tout simplement. Comme une fatalité qui peut vous tomber dessus à tout moment. On ne peut rien y changer et il est inutile d'en connaître le pourquoi. La vie, aussi absurde qu'elle puisse paraître, se doit d'être vécue comme elle est, ou alors, et bien il reste toujours la mort...
C'est pourquoi l'élément fantastique inhérent à l'histoire de départ de la Métamorphose est très vite évacué dans un réalisme de l'absurde - autrement dit une partie de ce que l'on désigne fréquemment sous l'adjectif "kafkaïen". Les personnages ne s'étonnent pas de l'état de Grégoire. Il le dégoûte mais ils l'acceptent (un peu comme le personnage de William Lee dans le Festin Nu de Cronenberg). A partir de là le fantastique n'est plus d'actualité. L'intrusion de l'élément surnaturel dans le quotidien est vécu comme quelque chose de naturel. De là né un certain décalage, non dépourvu d'humour (noir, très noir, forcément), propre à la bibliographie de l'auteur, mais qui atteint son apogée dans La Métamorphose.
Sous ses apparences fantastiques, cette nouvelle n'est donc en fait qu'une allégorie, que le lecteur peut interpréter comme il veut. Le handicap. La solitude. La routine. La culpabilité. La famille disloquée. L'insociabilité... Autant de significations potentielles à la métamorphose de Grégoire... Quoique l'on en retienne, tout s'inscrit dans la vision kafkaïenne de la vie.
Note : -/10
Moyenne des votes : 8,2/10 (6 votes)
Walter Paisley
Avis des visiteurs :
- "La métamorphose" de Kafka est un livre qui m'a mise mal à l'aise. C'est un lieu clos, on se sent enfermé, obliger de subir quelque chose, l'espace se réduit de plus en plus, la situation se dégrade, c'est assez horrible mais j'ai eu néanmoins du plaisir à le lire, on arrive à prendre du recul grâce à un irréalisme qu'est la transformation du personnage...
Note : -/10 (Anna)
- C'est un roman extraordinaire ! basé comme d'habitude sur l'angoisse de l'existence humaine... Thème formidablement exploité par Franz Kafka.
Note : 8/10 (Adeline)
- La vie n'est qu'absurdité, et Kafka la traque ou traqué, sans recourir aux illusions, aux rêves …Il a vu tout simplement cette vie sous un aspect que les humains redoutent d'affronter en l'occurrence, le malheur de la vie.
La métamorphose, du moins pour moi, n'a rien de fantastique, mais d'un réalisme pur et amer car la vie s'avère souvent saumâtre, lorsque le cœur d'un homme est fort sensible. Le drame humain, est souligné par Kafka avec une précision singulière. Il y'a tant de choses à dire, sur ce grand homme fidèle au principe qui dit : "l'encre de la plume est préférable à Dieu que le sang des martyres."
Qu'il s'agisse de ses nouvelles, romans, j'ai pris tant de plaisir à les lire sans avoir de préférence de l'un par rapport à un autre. Ce qui est navrant, c'est que de nos jours, le phénomène Kafkaïen, est tellement banalisé que si quelqu'un rate sa mayonnaise, ça devient du Kafkaïen, absurde, n'est-ce pas ?...
Note : 10/10 (Mourad-le-Kabyle)
- Je suis une grande adepte de Kafka, pour moi cet homme est un très grand écrivain qui sait retranscrire la réalité sous une image détournée de façon incroyable. Pour moi son meilleur roman est "le procès" dans lequel il dénonce un tas de choses tout à fait vraies. Egalement dans la métamorphose il met en avant nombre de choses auxquelles nous n'aurions peut-être jamais songé sans lui. Kafka, c'est le Baudelaire du roman.
Note : 9/10 (Helene)
- Ce roman est très intriguant, Kafka nous emmène dans une situation rocambolesque. Dès la première page du livre, on est directement projeté dans l'histoire fantastique !
Note : 8/10 (Karine01)
- La métamorphose de Kafka m'a d'abord surpris de part "l'absurdité" de la transformation et le fait que personne ne s'en étonne, puis finalement on se rend compte d'une injustice et de la façon dont la famille traite Grégore et on oubli la transformation on ne voit plus que se qui est, c'est a dire un abandon pure et simple.
Note : 8/10 (Agathe)
- Au départ la question que je me posais c'était pourquoi il se transformait, mais c'est vrai qu'au cours de la lecture, on ne s'intéresse qu'à ce que peut ressentir Gregor, il est délaissé, personne ne fait vraiment attention à lui, sa famille oublie presque qui il est ! et a la fin ils sont heureux qu'il soit mort ! c'est la première fois que je lis un livre de Kafka, mais son style est intéressant ! je le conseille donc a ceux qui ne connaissent pas !
Note : 6/10 (Deesse)