Le Manteau des Etoiles - Les Rois Navigateurs 1
(The Navigator Kings Book 1 : The Roof of Voyaging)

Les Rois Navigateurs est un cycle présenté par l'éditeur comme relevant de la fantasy. Alors de prime abord, je fus un peu sceptique et très moyennement emballée : de la fantasy se déroulant en Océanie, de belles descriptions d'îles paradisiaques et de marins hors pairs, mouais, pas trop mon truc me suis-je dit bêtement, moi qui aime les décors enneigés et les contrées sibériennes ! Mais que ne suis-je pas revenue de ma première impression à la lecture des Rois navigateurs ! Tout d'abord, on ne peut presque pas parler de fantasy dans ce premier tome - si ce n'est dans les interventions divines et dans les mythes polynésiens - mais bien plutôt d'aventures maritimes bien épiques et totalement dépaysantes !
Les habitants de Raiatéea, une île magnifique proche de Bora Bora et de Tahiti, font parti de ceux que l'on nomme le Peuple du Vent : des navigateurs hors pairs de père en fils, des marins à la mémoire exceptionnelle et aux talent de navigation incomparables. Ils vivent en harmonie (du moins lorsqu'ils ne sont pas en guerre !) sur leurs îles océaniennes, entourés de leurs riches croyances aux multiples divinités, auprès des océans, des cocotiers et des femmes aux seins lourds et à la beauté chargée de promesses.
Mais un jour, Kupe, un excellent navigateur, va être entraîné par un Poulpe géant vers des contrées étranges : dans sa chasse à la créature envoyée par les dieux, le navire de Kupe et de sa flotte va atteindre une étrange terre lointaine, froide et brumeuse, où les hommes ont la peau blanche et les cheveux roux. Des démons ! Où bien plutôt des écossais comme nous le devinons rapidement mais ce dont nos pauvres polynésiens ne peuvent bien entendu pas se douter : un homme et une femme, une Scot et un Pict au caractère belliqueux, qui vont être fait prisonniers et emportés sur les Pahis de Kupe et entraînés vers Raiatéa où ils feront désormais partie des Polynésiens. Des prisonniers qui vont être adoptés car dans ces îles un prisonnier acquiert exactement les mêmes droits sur l'île qu'un natif.
Seumas et Dorcha vont donc connaître la quiétude de la vie polynésienne mais quand le peuple va être divisé par la lutte fratricide des deux fils du roi mourant, Tutapu et Tangiia, Seumas va choisir de suivre le jeune Roi Tangiia dans sa fuite vers un nouvelle île à conquérir pour fonder un nouveau Royaume sans verser le sang et Dorcha va elle désirer rester à Raiatéa avec les fidèles à Tutapu. Mais le fils aîné ne supporte pas de savoir son frère en vie (celui-ci ayant de plus entraîné dans sa fuite l'un des dieux de Raiatéa et surtout Kula, la belle promise de Tutapu) et va lui aussi parcourir les mers à la recherche de Tangiia et de sa flotte pour l‘anéantir. Dans cette double quête au cours de laquelle va se jouer le destin de nombreux hommes, les Dieux vont bien évidemment et comme à leur habitude y mettre leur grain de sel, perturbant les plans de l'un ou l'autre navigateur, aidant une flotte ou mettant des bâtons dans les roue de celui qui l'aura offensé. C'est parti pour l'aventure !

Les Rois navigateurs est vraiment un ouvrage étonnant. Nous découvrons un peuple aux croyances passionnantes, les Polynésiens, et un cortège de mythes et de légendes totalement dépaysants. Nous entrons dans les us et coutumes de ces peuples du soleil, dans leurs traditions, leur façon de penser et d'un coup, nous comprenons l'attrait de Garry Kilworth pour cette culture et ces hommes courageux, hédonistes, chaleureux et polythéistes. Certes, les sacrifices humains sont foison et les pratiques "barbares" ne les répugnent pas vraiment. Mais à côté de cela, ce sont des hommes doux aux talents exceptionnels, aux corps tatoués et formés par l'aventure, des marins au grand coeur et aux croyances débordantes. Alors nous plongeons à leur suite dans leurs aventures et l'immersion est totale. D'îles sauvages en îles paradisiaques, de créatures monstrueuses en tribus cannibales, d'oiseaux divins meurtriers en géants cracheurs de feu, nous traversons les mers hostiles et pénétrons les querelles divines qui régissent le destin de ces hommes en quête d'une nouvelle patrie.
Le thème n'est pas des plus original, loin de là, mais Le Manteau des Etoiles possède un charme indéniable, une poésie exotique qui réchauffe le coeur et qui rend cet ouvrage original et bigrement attachant. Les personnages sont très bien trempés et dessinés et le choc des cultures celtes et polynésiennes et très bien rendu, avec moult anecdotes et détail croustillants. On pardonnera dont très facilement à l'auteur d'avoir placé La Grande Bretagne à la place la Nouvelle Zélande, fait dont il se justifie très clairement dans sa postface, et l'on navigue à sa suite en haute mer, au coeur de la magie, des croyances, des divinités, du charme paradisiaque de ces îles luxuriantes.
Garry Kilworth nous propulse dans un univers inconnu et malheureusement assez peu porteur dans la littérature pour notre plus grand plaisir et nous ouvre des horizons merveilleux. Ce roman comporte encore quelques longueurs, quelques petites imperfections, mais cette fantasy hors norme et tellement originale nous fait oublier tous ses petits défauts. L'intrigue est prenante, le suspense est là et l'on attend avec impatience le second volet de cette épopée pour confirmer notre bonne impression. Allez, je vais allez manger une noix de coco en attendant le sortie du second tome ! Et un dernier petit conseil : laissez-vous séduire par le soleil, la mer, les colliers de fleur, les femmes splendides et les guerriers aux muscles saillants et tatoués, vous ne le regrettez pas un instant !

Note : 8/10
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Chaperon Rouge



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