Le Maître du haut Château
(The Man in the High castle)

1947 : capitulation des Alliés. L'Allemagne nazie est la grande bénéficiaire de la guerre. Elle occupe l'Est des Etats-Unis, tandis que le Japon se voit attribuer l'Ouest du pays. La société américaine a beaucoup changé du fait de ces influences. Les occupants recherchent les objets survivants de la vieille culture américaine (qui se meurt) et qu'ils sont désormais les seuls à pouvoir se payer. Les Allemands se montrent intraitables tandis que les Japonais sont très souples.
Entre les vainqueurs de l'Axe, des dissensions commencent à apparaître. Et on dit, que dans le Middle-West américain, reclus dans son château, vit un écrivain dont l'ouvrage raconte la victoire des Alliés en 1945. Les Allemands enragent. Mais il se trouve en territoire japonais... L'histoire se déroule dans la partie occidentale des Etats-Unis, occupée par les Japonais, et le centre, état vassalisé coincé entre les deux zones d'occupation.

J'ai lu ce livre il y a longtemps. Ce que je vous dis est donc très général. Si vous lisez le résumé du livre sur la couverture, vous aurez à peu près les mêmes informations. Mais pour dire l'essentiel, c'est un chef d'oeuvre incontournable. Nourri de la paranoïa de Dick (celle qui parvient à son apogée dans Ubi) l'univers qu'il décrit voit se dérouler une lutte insidieuse pour le pouvoir, une lutte qui se passe aussi dans les esprits. Car, voyez-vous, l'histoire a prouvé l'invulnérabilité d'Hitler et de l'Allemagne nazie. Les Etats-Unis sont faibles et l'ont toujours été ! Seuls les imbéciles pourraient croire que la guerre aurait pu mal tourner pour l'Axe...
Et c'est en cela que cet écrivain qui se cache dans son château est dangereux. Il donne des idées. Mais est-ce seulement cela ou bien décrit-il quelque chose de réel ? Ils sont deux dans ce livre à s'interroger. Dick pose avec une grande finesse la question de ce qui est possible ou pas. Moi qui suis un grand fan d'uchronie (c'est ce que je préfère dans la SF), je trouve que ce livre est peut-être le meilleur du genre, celui que je recommanderais pour entrer dans l'univers très fermé de la science-fiction.
Parce que, contrairement à ses autres romans, Le Maître du Haut Château est clair, voire cristallin. Si vous avez lu Ubik, vous devez savoir à quel point l'esprit de Dick est tordu. Or, ici, tout est, en apparence, simple. En apparence. Car comment savoir ce qui est réel ? Comment en être sûr ? La réponse de Dick est : Servez-vous du Yi-King. Arrivé du Japon avec les Occupants, le Yi-King (également appelé Le Livre des Transformations) est l'un des héros du livre. Oracle, il conduit à la vérité... Mystère et clairvoyance se mélangent en lui...
La qualité du livre doit beaucoup à la richesse et à la cohérence du monde que Dick décrit. Il est aussi l'un des rares auteurs de science-fiction à maîtriser une langue véritablement littéraire et riche.
J'ajouterais que mon attachement à ce livre tient aussi à la présence de Rommel, le Renard du désert, le fameux général qui a tenu en respect les Anglais en Afrique du Nord avec de faibles effectifs, celui auquel on doit le seul champs de bataille de la Seconde Guerre Mondiale sans atrocités, sans massacres de civils, et où le respect entre adversaires a prévalu. Il apparaît ici comme le seul allemand en position de force qui ne hait pas les Juifs et essaye de les protéger alors que les allemands semblent avoir transformé la côte Atlantique des Etats-Unis en un énorme camp de concentration.

Note : 10/10
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dgrv



A propos de ce livre :

- Prix Hugo 1962.

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