Les Infortunes de La Belle au Bois Dormant
(The Claiming of Sleeping Beauty)

Généralement bien plus connue pour son célèbre cycle sur les vampires, on oublie assez souvent (à raison ?) qu'Anne Rice s'est aussi adonnée quelques années auparavant à la littérature érotique. Mais pas n'importe laquelle ! Anne Rice choisit ici de mettre en scène la Belle au Bois Dormant, le personnage du conte éponyme, pour lui faire subir au fil de trois tomes plein de rebondissements plus épiques les uns que les autres, des aventures érotiques et soi-disant perverses qui feraient rougir notre ami Perrault et les frères Grimm...
Nous débutons donc notre périple au royaume de la luxure lors du réveil de la Belle par son Prince. A un détail près cependant que cette fois-ci se ce ne sera pas un chaste baiser qui la remettra sur pied après cent ans passés dans un profond sommeil, mais une initiation en bonne et due forme. Le dit prince va donc l'initier aux "plaisirs" de l'amour, mais surtout aux "délices" de la domination et de la douleur. Les fessées commencent et croyez-moi, en trois tomes, vous allez en avoir pour votre argent ! (Quoique la répétition gâche l'effet, c'est bien connu). Il va donc l'entraîner avec lui dans son royaume lointain (évidemment une longue chevauchée sans culotte, je vous laisse imaginer, il n'y a qu'ici que vous pouvez voir une femme qui en redemanderait presque !) où elle va devenir l'une des nombreuses esclaves, obligée de servir sans un cri dans le plus simple appareil et de consentir à toutes les perversions des seigneurs et des châtelaines.
Elle sera fouettée, violentée, séduite, attachée, fessées (surtout !), battue, humiliée et j'en passe et des meilleurs, mais le pire c'est qu'elle aimera cela, notre Belle au Bois Dormant... Elle rencontrera bien entendu l'amour, mais enlevée par un ténébreux Sultan elle connaîtra des délices plus exotiques dans la suave luxure de l'Orient. Mais entre temps, un petit passage humiliant parmi les paysans se sera bien entendu imposé pour parfaire la docilité et l'éducation sexuelle de notre Belle... Vous allez voir du pays, je vous le dis !

Trois tomes... Trois longs tomes pour nous raconter tout cela, il fallait oser. Anne Rice l'a fait et je dois vous avouer qu'il m'a vraiment fallu bien du courage pour aller au bout de ces trois tomes. Je vous avouerais même que si ce n'était pas pour des raisons d'étude (oui, oui, on étudie n'importe quoi de nos jours) JAMAIS je ne serais allée au bout de cette récriture insipide, humiliante et fadement sado-masochiste de la Belle au Bois Dormant. Anne Rice a publié cette trilogie sous un pseudonyme, A.N Roquelaure, on se demande bien pourquoi !
A la base, le projet aurait pu être intéressant : une réécriture érotique d'un conte, cela s'est déjà vu bien souvent et cela sert parfois un propos très pertinent, notamment au niveau de certaines revendications féministes (et oui, les héroïnes des contes en ont assez d'être exploitées par les Prince macho depuis des lustres !). Mais alors là, c'est plutôt raté : que cela soit ultra répétitif et finalement très gentillet, c'est une chose, mais en plus, cette façon de présenter la femme comme un être qui aime être malmené et qui trouve un plaisir sans nom dans l'humiliation et le viols imposés par l'homme viril, est vraiment risible! La Belle est fière et farouche, elle reste libre dans son esprit malgré les humiliations endurées, certes, mais tout de même, le propos de ce livre semble plus être de nous présenter les joies du masochisme que de nous montrer la force d'esprit de l'héroïne... Et je ne vous parle pas de la manière dont elle décrit ces femmes captives dévorées et torturées par leur désir si jamais elles ne sont pas assouvies tous les jours. Pitoyable...
Anne Rice reste la grande auteure, que l'on aime ou que l'on n'aime pas, des chroniques des vampires. Alors qu'elle le reste à jamais et que l'on oublie vite cette incursion vers la littérature érotique et la réécriture de contes de fées. Même les amateurs du genre n'y trouveront pas leur compte passé le premier tome, alors les autres, je vous laisse imaginer. Un essai non transformé, dommage...

Note : 2,5/10
Moyenne des votes : 6,2/10 (2 votes)

Chaperon Rouge



A propos de ce livre :

- Publiés initialement sous le pseudonyme d'A. N. Roquelaure.

Avis des visiteurs :

- Alors là je me dois de répondre à ta critique. Tout d'abord quand à la présentation de la femme d'une manière humiliante, je rappelle qu'il en est de même des hommes. Il s'agit là d'un aspect volontaire et répandu du masochisme. Il est, certes, très noble de ta part de t'offusquer à ce manquement à l'éthique féministe, mais n'oublions pas que ce cycle se trouve être de l'ordre du fantasme (un conte de fée comme base du roman n'est pas choisi par hasard). Et il s'agit là des fantasmes d'une femme !
Ensuite, quand à la longueur du récit, c'est dommage que ne l'ais pas apprécié, car la répétition et la longueur des supplices jouent un rôle prépondérant à la fois pour l'identification aux personnages ("est-ce toujours de pire en pire ?") et pour la maturité sexuelle des esclaves (apprendre à ne plus avoir d'espoir) ce qui pourrait les conduire au rang de dominateur.
Dernièrement, ce qui prête à sourire, le désir inassouvi des femmes te choque plus que celui des hommes. Il ne s'agit là que d'une question de contexte, puisque dans ce monde que nous décrit magistralement Anne Rice la sexualité n'a rien de tabou (loin de là !) et les hormones prennent le dessus sous couvert de la dualité domination-soumission. Rien d'anormal à ces jeux d'abstinence.
J'ajouterai que le BDSM reste la base du livre. Si c'est votre truc, ce cycle est LA référence, particulièrement si on le lit à deux. L'intrigue est intimement liée à l'évolution de la Belle et des autres esclaves, c'est superbement écrit, et on se surprend à avoir évolué en même temps qu'eux quand on remarque le changement radical de nos opinions en cours de livre (de "je veux partir !" à "je veux rester !") qui se termine en beauté avec le seul dénouement possible auquel on n'aurait pu pensé. D'autant plus que vous y trouverez d'excellentes idées. Par contre, si ce n'est pas votre truc, ne perdez pas votre temps, passez votre chemin.

Note : 10/10 (Llugh)

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