Idoru

Dans un Tokyo reconstruit sur les décombres d'un gigantesque séisme, reconstruit à une vitesse ahurissante grâce une technologie hyper développée, le groupe de rock Lo/Rez défie les lois les plus folles du Star système mondial. Le groupe cartonne et véhicule toute une économie derrière lui, toute une jeunesse regroupée en un réseau de fans dans le monde entier. Mais un jour, c'est le choc : la nouvelle tombe sur le net (réseau surdéveloppé et tout puissant, cadre essentiel de ce roman) : Rez, le chanteur et leader du groupe va épouser une idoru, une jeune femme totalement virtuelle, star du petit écran et en réalité une intelligence artificielle extrêmement développée.
Le garde du corps de Rez, Blackwell, va donc faire appel à Laney, un expert de la Toile capable de repérer intuitivement les "points nodaux", c'est-à-dire des noeuds d'information pertinents, toutes les signatures révélatrices que possède un individu, pour comprendre les dessous de cette affaire qui défraie la chronique. Laney est donc un "zappeur", capable de se déplacer dans les données personnelles de chaque individu, d'un site à l'autre, jusqu'à déterminer le point nodal liant entres eux les éléments probants d'une information. Pas très clair ? Rassurez-vous, la lecture du livre ne vous en apprend pas beaucoup plus...
Blackwell va donc engager Laney afin de déterminer les points nodaux de la relation entre Rez et Rei Torei, l'idoru, pour comprendre cette union improbable et y mettre fin. Mais le garde du corps et sa clique ne vont pas être les seuls à vouloir mettre leur nez dans les amours virtuels de Rez et de son idoru puisque l'immense fan club des Lo/Rez, structuré en de multiples et puissants groupes sur internet, va aussi envoyer des émissaires de tous pays afin de comprendre là encore ces fiançailles virtuelles et de tenter de récupérer leur pop star et de mettre fin au scandale.
C'est donc Chia, une jeune adolescente américaine de quatorze ans, qui va se rendre à Tokyo pour tenter de débrouiller l'histoire. Mais la mafia russe va elle aussi être mêlée à ce véritable embroglio et la jeune Chia va malheureusement se trouver embarquée au cours de son périple vers les Lo/Rez dans une histoire de contrebande de nanotechnologie. Très complexe. Quel lien entre les deux histoires, me direz-vous ? Et bien, vous le saurez à la toute fin de l'ouvrage !

PIdoru alterne donc constamment entre complexité et simplicité, notamment au niveau de l'intrigue. Elle paraît à première vue confuse mais en fait, elle est toute simple et il ne s'y passe pas grand-chose. De même, la narration est au début elle aussi très confuse mais on se met très vite à comprendre l'entrelacement de tous ces très courts chapitres qui nous présentent en alternance les parcours de chaque personnage et leurs backgrounds respectifs. Le sujet de départ semble, c'est vrai, vraiment palpitant et pour quiconque aime William Gibson, on espère retrouver dans ce roman l'intensité de certains de ces autres chef-d'oeuvres tels que Neuromancien ou Gravé sur Chrome.
L'idée de la rencontre et de l'amour entre une entité virtuelle et un humain est vraiment évocateur et ne peut que faire penser à certains excellents mangas tels que Macross Plus et permet à première vue certains délires cyberpunk tels que Gibson sait nous en concocter. Mais pourtant là... Et bien, c'est très décevant. Ce n'est pas un mauvais roman, loin de là, mais c'est aussi très loin d'être palpitant. L'intrigue ne décolle pas, on stagne durant les trois quart du livre et on reste vraiment sur notre faim.
Certes, la conception d'internet par Gibson n'est pas dénuée d'intérêt et l'on prend grand plaisir à voir ses personnages naviguer en temps réel dans un gigantesque réseau, véritable havre pour les otaku que l'auteur nous dépeint avec allégresse, mais cela ne fait pas tout. Certains passages sont vraiment très bons et nous transportent véritablement dans un univers défiguré, transfiguré, par la technologie, tout en lumières aveuglantes, en délires tant sonores que visuels et le dépaysement de Chia est en cela tout à fait similaire au nôtre.
La critique du star système et de la création de "monstres" par la société qui va elle-même s'acharner à les détruire est bien présente et très intelligemment menée, de même que la dénonciation du fanatisme à outrance et du capitalisme acharné. Mais c'est l'action qui pâtit de tout cela. On tourne les pages mais rien ne se passe. On se perd dans des dédales de répétitions et d'égarements des personnages sans pour autant que cela nous apporte un éclairage vraiment prégnant sur l'histoire.
Et finalement, la fin du roman arrive sans grand éclat, Rez est toujours cette richissime star inaccessible pour ses fans comme pour le lecteur, Rei Torei une intelligence artificielle aux fins assez peu clairs et Chia une adolescente qui a vécu une aventure perturbante mais sans grands débouchés. Une boucle sans véritable consistance narrative... Dommage car le thème était vraiment prometteur et certaines qualités de ce roman sont indéniables. Mais pas assez pour générer un véritable plaisir de lecture dans ce polar cyberpunk un peu mou et trop bavard. Pas du meilleur Gibson, loin de là...

Note : 5/10
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Chaperon Rouge



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