L'Homme qui voulait tuer l'Empereur
La Voie du Sabre II

Trente trois ans après la Voie du Sabre, dans la chronologie de l'intrigue bien entendu, Thomas Day nous fait replonger avec délices dans ce Japon qui ne fut jamais, ce japon lourdement teinté de fantasy mais aussi profondément chargé d'historicité et de véracité. Un Japon à la frontière entre le rêve, le cauchemar et la réalité et qui nous entraîne bien loin dans un monde d'honneur, de combats ensanglantés et d'ébats torrides. Un univers de Samouraïs, de rônin, mais aussi d'amour et de vengeance sur lequel plane encore, fugace, l'ombre de Musashi et de son disciple Oni Mikedi...
Ce second volet de la Voie du Sabre est une suite qui peut se lire tout à fait indépendamment du premier. Bien sûr, quelques éléments tels que l'histoire du Daïsho Papillon ou l'importance de l'encre de Shô pour la lignée de l'Empereur vous sembleront peut-être un petit peu obscurs si vous n'avez pas lu le premier opus, mais à part cela, aucun problème pour appréhender cette suite qui s'ouvre d'ailleurs sur de nouveaux personnages et sur une intrigue qui se veut totalement différente de la Voie du Sabre. Un des personnages de l'Homme qui voulait tuer l'Empereur est d'ailleurs le fils de Mikédi, mais cela passe très bien si on découvre ce roman. Mais je ne peux pourtant que vous conseiller de lire avant la Voie du sabre, ne serait-ce que pour le plaisir de lire ce roman fabuleux ! (Et aussi peut-être parce qu'il est tout de même sensiblement meilleur que sa suite dont nous allons parler ici...)
L'Homme qui voulait tuer l'Empereur est donc avant tout un roman d'action, d'amour et de vengeance. Un roman d'amour charnel mais surtout d'amour pur et vrai, l'amour éternel et profond que porte le Seigneur Ichimonji Daigoro à son unique concubine, la sublime et sensuelle Shirôzaemon Reiko. Alors quand l'Empereur Dragon sollicitera Daigoro afin de lui confier Reiko pour en faire la mère de ses héritiers, celui-ci refusera, quitte à encourir la mort de tout son clan sous le coup de la fureur de l'Empereur. On ne refuse rien à l'Empereur Dragon. Mais Daigoro refusera d'abandonner sa concubine et pour le punir, les troupes impériales vont assassiner son épouse, enceinte de peu, ainsi que ses deux jeunes enfants et mettre la forteresse à feu et à sang dans l'unique but de s'emparer de la belle Reiko.
Tous y trouveront a mort, et Ichimonji Daigoro va désormais emprunter la voie de la Vengeance en faisant le serment de tuer l'Empereur Dragon. Daigoro a tout perdu : son statut, ses hommes, son épouse, ses enfants et celui qu'elle portait, et surtout son amour, la jeune Reiko qui périt durant le siège. Aidé par Prométhée, le démon du feu primordial qui s'est incarné dans le corps de la concubine, Daigoro va donc se lancer dans l'entreprise folle de la vengeance, et il va ainsi devenir l'Homme qui voulait tuer l'Empereur.

Ce roman est donc une bonne suite à la Voie du Sabre, même s'il n'en a pas la même amplitude ni la même dimension poétique et initiatique. Ce second opus est beaucoup plus centré sur l'action et va à chaque fois plus loin, que cela soit dans les combats, dans la thématique surnaturelle ou dans le côté érotique de l'oeuvre. Thomas Day en fait à mon goût parfois un peu trop et plombe sous certains aspects son roman, mais celui-ci reste tout de même au final un très très bon ouvrage qui se lit avec beaucoup d'aisance et de plaisir.
C'est moins beau et moins fascinant que la Voie du Sabre, mais certains éléments, notamment l'introduction d'un personnage français, le bretteur Bertrand de Courcelles, dans l'intrigue sont prétextes à des pantalonnades très drôles sur les différences de cultures. On est ici vraiment plongé dans l'action et l'on se frotte à tout un florilège de Dieux, de Démons, de revenants et de créatures plus monstrueuses les unes que les autres. L'Homme qui voulait tuer l'Empereur est vraiment un roman très fluide qui se lit d'une traite, comme un véritable roman d'aventure et qui nous dépayse considérablement. On se laisse emporter dans les traditions japonaises médiévales et de manière très documentée mais jamais docte, Thomas Day nous fait découvrir un univers aux antipodes du nôtre en le baignant de fantasy et de merveilleux. C'est beau, passionnant, cruel, (très misogyne aussi, mais bon, c'est l'époque qui veut cela...) et rondement mené.
On peut être un peu déçu après la Voie du sabre, mais cela ne nous empêchera pas de passer un très bon moment à la lecture de ce livre et vous pouvez être sûrs que vous ne vous ennuierez pas. Un roman à lire pour tous les amoureux du Japon et des bons vieux films de samouraïs !

Note : 8/10
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