Les Fourmis

Premier tome de la célèbre trilogie des Fourmis, le livre Les fourmis de Bernard Werber nous entraîne pour notre plus grand plaisir à la découverte du peuple passionnant et fascinant des fourmis. Depuis plus de cent millions d'années, elles sont sur terre, organisées en colonies extrêmement structurées, véritables sociétés où chaque cellule, chaque individu fourmi, est comme l'une des cellules de notre corps, l'une des parties intrinsèques du grand tout de la matrice, de la Fourmilière.
Sous nos pieds, dans nos villes et surtout dans nos forêts, elles ont fondé une civilisation parallèle régie par ses propres règles, ses propres lois et se livrent à des guerres d'une rare violence, à des combats pour leur survie, mais aussi à l'élaboration et à l'invention constantes de nouveaux modes de nutrition, de construction et d'évolution. Une intelligence hors du commun née de la fusion de toutes les cellules de la fourmilière qui fait des fourmis l'un des premiers êtres vivants présents sur cette terre, bien avant l'homme, et qui a d'ailleurs toutes les chances de lui survivre en raison de son énorme faculté d'adaptation et de survie.
Les Fourmis nous plonge donc dans cet univers fascinant en faisant de ce roman sans doute l'un des premiers à prendre pour l'un des personnages principaux un petit insecte à six pattes, doté de solides mandibules, de deux antennes composées de onze segment olfactifs et d'une carapace de chitine. Ajoutez-lui la possibilité de lancer des jets d'acide formique concentré à 40/100 et une vision infrarouge à 180 degrés et vous aurez la description du mâle sexué 327è, l'un des surprenants héros de cet ouvrage palpitant.

L'un des intérêts de ce roman, que Bernard Werber conservera d'ailleurs bien longtemps dans sa carrière, est sa structure. Le roman fait en effet alterner très rapidement deux intrigues parallèles, celle des humains et celle des fourmis. En ce qui concerne les insectes, l'intrigue se veut à la fois policière mais aussi scientifique, sociologique et presque humaine pourrait-on dire ! Nous suivons les pas de nos minuscules héros dans cette société de fourmis et l'ouvrage se fait didactique, voire presque scientifique, mais sans jamais perdre de son intérêt en nous apprenant des myriades de choses sur l'univers des fourmis et sur les luttes intestines qui sévissent constamment à deux pas de nos villes.
On plonge dans des complots, des guerres, des coalitions, des meurtres, même dans une légère romance, et surtout, on plonge dans de véritables parcours initiatiques fondateurs aux dimensions de la fourmilière. C'est palpitant mais tout est toujours argumenté, documenté et étayé sans jamais tomber dans le documentaire animalier soporifique. C'est passionnant et l'intrigue est vraiment pleine de suspense : mais qui sont donc par exemple ces fourmis espionnes qui osent s'en prendre à d'autres individus de la fourmilière et qui dégagent cette étrange odeur de roche ? Quelle est donc cette arme secrète et fatale capable d'anéantir tel un éclair toute une escouade d'éclaireuses sans même leur laisser le temps d'adopter une position de combat ?
Quant à l'intrigue menée chez les hommes, elle est encore plus saisissante : Jonathan, sa femme Lucie et son fils Nicolas viennent d'hériter d'une demeure léguée par le vieil oncle Edmond, un scientifique marginal et excentrique qui a voué un culte sa vie durant aux insectes et surtout aux fourmis rousses. A sa mort, il laisse donc sa demeure à son neveu avec cette seule interdiction : ne jamais aller à la cave. Mais quand Ouarzazate, le caniche du jeune Nicolas, réussira tout de même à s'y faufiler et que son cadavre atrocement mutilé sera retrouvé des dizaines de mètres en profondeur dans cette cave mystérieuse et obscure, il sera bientôt temps de lever l'interdiction et de tenter de percer le mystère de cette cave.
Sauf que tous ceux qui y descendront n'en reviendront jamais. La cave s'étend en réalité sur des kilomètres et s'enfonce dans les entrailles du sol, vers les pulsations intimes et les fondations d'un mystère qui est bien loin de tout ce auquel vous pouvez vous attendre. Bien sûr, les deux intrigues vont peu à peu se rejoindre, mais d'ici là, vous aurez bon nombre d'interrogations à soulever…
Les deux récits s'alternent à un rythme très élevé et un simple paragraphe vous fait passer du monde des fourmis à celui des humains. Certains effets de style et de syntaxe sont d'ailleurs souvent un peu redondants et faciles, mais on passera sur ce détail. L'alternance marche la plupart du temps assez bien, et ce très certainement car les deux histoires sont de rythme et de qualités égaux, et nous tiennent vraiment en haleine.
En plus, vous trouvez fréquemment insérés dans l'histoire des fragments de l'Encyclopédie du savoir relatif et absolu, ouvrage scientifique écrit par Edmond Wells l'oncle de Jonathan, et qui ponctue le texte d'extrait scientifiques très enrichissants sur les fourmis ou sur la civilisation humaine. On retrouvera d'ailleurs ces fragments d'encyclopédie dans bon nombre d'ouvrages de Bernard Werber et cette encyclopédie complète sera elle-même publiée en intégralité sous le même nom en 2003.
Ajoutez enfin à cela une énigme à résoudre qui vous poursuit durant tout l'ouvrage et dont la solution est l'une des clés du livre. Eh bien, la première fois que vous lisez ce roman, croyez-moi, vous ne pouvez pas vous empêcher de plancher dessus, et ce n'est pas si simple ! Allez, je vous la donne en prime pour que vous puissiez avoir un avant goût : "Comment faire quatre triangles équilatéraux avec six allumettes ?" Un indice : "il faut savoir penser autrement". Pas facile, hein ? Rendez-vous dans le livre pour la solution !
Vous l'aurez compris, Les Fourmis est vraiment un très très bon livre. C'est ludique et vraiment enrichissant et l'on est mené à un rythme haletant par cette histoire à la lisière entre science-fiction, fantastique, intrigue policière et document scientifique. Un ouvrage totalement atypique et surprenant. Le style est certes un peu simpliste et ne perdrait rien à être retravaillé, mais bon, on aime tout de même malgré pas mal de petites imperfections !
Bernard Werber gagne réellement son pari et parvient vraiment à nous sidérer avec ses petits insectes et surtout, il parvient véritablement à nous passionner pour eux. On finit par trouver une fourmi finalement bien attachante et à éviter ensuite de les écraser dans la rue. On les regarde et on imagine toute la vie organisée que recèlent ces petites créatures et après cela, croyez-moi, vous n'êtes pas prêts de les regarder du même oeil !

Note : 8,5/10
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Chaperon Rouge



A propos de ce livre :

Citation d'Edmond Wells, Encyclopédie du savoir relatif et absolu :
"Pendant les quelques secondes qui vont vous être nécessaires pour lire ces quatre lignes :
- 40 humains et 700 millions de fourmis sont en train de naître sur Terre.
- 30 humains et 500 millions de fourmis sont en train de mourir sur Terre."

Avis des visiteurs :

- J'ai passé un très agréable moment avec cette colonie de fourmis, je ne dirais pas que j'ai été surpris au vue de la reputation élogieuse de l'oeuvre qui, d'une certaine manière, gâche un peu ce sentiment de découverte et d'émerveillement mais bon le roman reste en lui même de très bonne facture.
Bernard Werber lie habillement deux intrigues, deux mondes, deux civilisations avec tout de même une plus grande présence et prestance pour les insectes, il faut dire qu'il y en a beaucoup plus à découvrir chez ces êtres minuscules.
La fin m'a un peu laissé sur ma... faim, j'ai tellement attendu cette liaison entre les deux récits que son déroulement assez vite expédié m'a un peu déçu, après tant d'aventures, j'espérai une fin grandiose... elle est "juste" très bonne ou peut être que le lecteur que je suis espérait qu'elle n'arrive jamais...

Note : 8/10 (.: gregore :.)

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