La Forteresse noire
(The Keep)

Dès les premières pages, on est plongé de plain-pied dans cette histoire incroyable et le livre va s'avérer de plus en plus difficile à reposer, les pages défilant sous vos yeux avec une facilité déconcertante. L'horreur débute assez rapidement. Les murs du donjon comportent tous des sortes de croix de couleur argentée et les soldats montant la garde vont s'abandonner à l'avarice et tenter d'en extraire. Leurs efforts vont malheureusement libérer un mal contenu dans les entrailles du donjon, un mal assoiffé de sang et de liberté, un mal ayant traversé les âges en attente du moment propice.
Et ce n'est que le début. L'histoire va s'étoffer avec les relations visiblement tendues entre Woermann, le capitaine récalcitrant ayant perdu toute foi en sa patrie, et Kaempffer, le SS lâche qui obéit aveuglement au règlement tordu du Reich. Les deux hommes ont un ancien compte à régler ce qui ne tardera pas à se faire sentir sur leurs décisions respectives envers leurs hommes et un véritable affrontement sera inévitable. Le tout sera compliqué au plus haut point par l'arrivée de Theodor Cuza et sa fille Magda, qui détiennent la clé pour le mystère mortel planant sur le donjon.
Le fait qu'ils soient juifs ne fera qu'augmenter les désaccords entre Kaempffer et Woermann, ainsi qu'attiser la masculinité primitive des soldats pour qui une femme juive n'est rien d'autre qu'un objet devant servir leurs pires impulsions. Elle sera envoyée à l'auberge du village pour éviter toute interférence inutile avec les hommes et y fera la connaissance d'un homme mystérieux à l'attraction puissante, Glenn. Son propre agenda ne sera connu que vers la fin du livre, je ne vais donc pas vous en révéler davantage sur ce personnage ayant bien plus en commun avec la présence maléfique du donjon, Molasar, qu'il n'y paraît.

Au début de son livre, Wilson cite quelques unes de ses influences, dont Lovecraft et Ashton Smith-Howard. Même sans le dire, cela est évident aux subtils hommages parsemés tout du long, en particulier lorsque Theodor Cuza est présenté avec d'anciens livres retrouvés derrière les murs : De Vermis Mysteriis, Culte des Goules et Book of Eibon, des ouvrages fictifs sur lesquels se reposaient les deux auteurs mentionnés pour construire leurs univers respectifs.
Mais Wilson est également allé puiser dans la mythologie ancienne concernant les vampires et le fait que le lieu choisi est la Transylvanie et que l'époque se situe à la deuxième guerre mondiale n'a absolument rien d'anodin, non plus. L'opposition de pouvoirs réels et occultes est ressentie tout au long de l'histoire qui réserve de très nombreuses surprises et ne présente aucun temps mort.
J'ai vraiment été bluffée par le talent de Wilson qui, bien qu'ayant écrit de nombreux livres, tient absolument à son véritable métier de médecin de famille. "La forteresse noire" contient un style agréable à lire, des personnages ayant une réelle profondeur et de la place pour évoluer et surtout, des idées géniales qui remplissent parfaitement le livre. Même si on n'a pas envie que cela s'arrête, tout est assez bien exploité pour ne pas laisser un arrière-goût de quelque chose qui manquerait. Je n'ai qu'une dernière chose à dire : faites-vous une immense faveur et lisez ce livre, une excellente relecture du mythe du vampire, incluant de la mythologie, du suspens et de l'horreur. Passionnant de bout en bout.

Note : 10/10
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ZombiGirl



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