Fog
(The Fog)

Dans un paisible petit village du Wiltshire, un violent tremblement de terre sème la panique et provoque la mort de nombreuses personnes en raison de la terrible faille qui coupe soudainement la ville en deux. Parmi les victimes de la catastrophe, John Holman, envoyé par le ministère de l'environnement en mission afin d'espionner les pratiques militaires et d'évaluer l'ampleur des perquisitions de terrains qu'ils pratiquent inutilement. Mais Holman va réussir à s'échapper de la faille tandis qu'un étrange brouillard jaune, à l'odeur âcre et écoeurante, s'échappe lentement des entrailles de la terre et commence à se diriger vers les grandes villes anglaises. Un brouillard qui rend fou, un brouillard qui infecte le cerveau de tous les êtres avec lesquels il va entrer en contact et exacerber en eux leurs pulsions les plus sauvages. Comme le dit si bien l'exergue de ce roman : "Je suis un psychopathe, tu es un psychopathe, il est un psychopathe, nous..."

PCar c'est principalement de cela que ce roman terrible de James Herbert va nous parler. Au fil de l'intrigue et de la sinistre progression du brouillard mortel, Herbert va nous conter les existences et la chute dans la folie de personnages tantôt innocents tantôt victimes de leurs errances, de leurs passé ou de leurs vices (l'ombre de la pédophilie et de l'inceste plane à plusieurs reprises sur le roman) et nous montrer avec brio le point de rupture de leurs vies. Parfois, il deviendront eux-mêmes les instigateurs de la violence morbide qui se déchaîne et perpétueront des meurtres à vous faire hérisser les poils. Mais le plus souvent, ils sont victimes de la folie des autres, hommes ou bêtes, et périront par la main de ceux-là mêmes qu'ils auront le plus aimé. Sinistre ironie et cruelle perversité de notre auteur, les êtres chéris, amante, époux, chats, pigeons ou élèves, les objets d'adoration deviendront ceux par qui la mort et la torture s'abattront.
Car quand le voile de la pudeur et de l'auto censure se lève, quand l'âme humaine se révèle dans toute sa démence, c'est toute la noirceur des coeurs et des pulsions qui se dévoile : meurtres, orgies, hystérie, torture, cannibalisme, suicides collectifs, etc. Quand la raison s'envole, parasitée par un microbe démoniaque, les hommes se livrent à des massacres que ceux qui ont encore assez de lucidité pour y assister n'auraient jamais cru possible. Il suffit juste de gratter un peu le vernis de la société pour que se découvre toute l'horreur de la nature humaine. Fog fait réellement froid dans le dos...
Mais qu'elle est donc la nature exacte de ce brouillard ? Pourquoi s'est-il libéré et surtout comment stopper sa progression ? Sur le mode du roman catastrophe, James Herbert va ainsi nous décrire une terrible et fascinante course contre la montre pour tenter de contrer le brouillard grâce à l'aide de John Holman qui est immunisé contre ses effets à la suite de son accident. Une course contre l'horreur et contre la bêtise humaine, et surtout celle des militaires. Car en effet, Fog est aussi un vaste réquisitoire contre la stupidité de l'armée, la pollution à outrance et les manipulations et recherches réalisées aux dépends des populations. De manière assez novatrice pour l'époque, James Herbert incrimine ainsi avec beaucoup de virulence, d'ironie mais aussi d'humour les inconsistances militaires, ce qui ne manque pas de faire sourire le lecteur, qu'ils soit contemporains d'Herbert ou actuel...
L'intérêt de la structure du roman (alterner l'aventure d'Holman contre le brouillard avec l'évocation des victimes du brouillard et le récit de leurs crimes ou de leur mort) fait à la fois l'intérêt du roman et aussi sa faiblesse : on accroche tout de suite à l'originalité de la narration, mais par la suite, l'automatisation du procédé devient un peu répétitif et moins prégnant. Mais hormis ce point, Fog est vraiment de terreur de bonne facture, classique dans le style et dans l'horreur mais extrêmement efficace (comment ne pas frémir à l'évocation de la terrible scène du gymnase, peut-être la plus horrible de tout le livre !). Un bon livre de terreur - catastrophe qui sait ne pas tomber dans la caricature et qui parvient à faire frémir à la fois par des scènes choc et par la réflexion que le roman suscite. Une belle réussite que je conseille à tous les amoureux d'horreur trouvant sa source dans la profonde bêtise humaine. Tout le monde en prend pour son grade et on aime cela !

Note : 7,5/10
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Chaperon Rouge



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