L'Evangile du Serpent
"Jeune indien d'Amazonie élevé en Lozère, Vaï Kaï incarne la sagesse du serpent double, symbole chamanique de l'ADN. Il prône l'abandon des possessions, le respect de la Terre et accomplit des miracles. Quatre évangélistes, Mathias, tueur à gages, Marc, journaliste désabusé, Lucie strip-teaseuse sur le Net et Yann, premier disciple, racontent celui que la presse surnomme le Christ de l'Aubrac..."
Tout d'abord, parlons des "quatre évangélistes".
Bordage met donc en scène quatre personnages distincts qui verront leur histoire se rejoindre à la fin du livre. Il y a Mathias, tueur à gages qui est embarqué malgré lui dans une histoire complètement abracadabrante: capturé par la police il a le choix entre intégrer la branche française du Jihad international en tant que taupe où aller en prison. Puis s'ensuivra une histoire d'amour trop rapide pour être crédible qui le conduira au pied de Vaï Kaï afin que ce dernier fasse un (autre) miracle : sauver la bien aimée de Mathias actuellement dans le coma.
Ensuite il y a Marc, journaliste dans un canard pourrit qui commence à se remettre en question suite à sa rencontre avec la famille adoptive de Vaï Kaï et qui décide d'envoyer valser sa petite vie sur un cas de conscience.
Yann est le premier disciple de Vaï Kaï, à la fois cupide et sincère, il attend dans le sillage du Maître esprit, une reconnaissance quelconque ou un événement dont il serait un des principaux acteurs, lui même ne sait pas très bien ce qu'il souhaite.
Et enfin Lucie. Pas vraiment streap-teaseuse, mais plutôt nouvelle prostituée du 21é siècle (devant une webcam elle assouvie les fantasmes des internautes) qui se verra violée par un de ses clients puis qui fera la rencontre de Barthelemy jeune adulte qui a égorgé sa famille.
Tous se rencontreront dans un parking d'un studio de TV où Mathias obéissant à une voix intérieur tuera malgré lui le Maître esprit, sous les yeux médusés de Yann, Marc et Lucie. Il est vraiment dommage que Vaï Kaï n'est pas plus mit en scène, on le voit s'adresser à ses partisans (de plus en plus nombreux au fil des pages) et quelques rares fois à Yann. Un des principaux problèmes avec Bordage dans ce livre est qu'il se répète beaucoup : il prône l'abandon des possessions, l'amour entre les gens qui sont tous reliés à la toile cosmique, le retour à la terre etc… mais d'une façon beaucoup trop lourde et peu crédible.
Il aurait été plus ou moins intéressant de voir le chemin de chacun des "quatre évangélistes" pour adhérer aux paroles du Christ de l'Aubrac si encore une fois, le tout était crédible. Prenons l'exemple de Mathias qui n'a que pour seul contact avec Vaï Kaï son assassinat (dicté par une voix intérieur qui est en fait issue d'un micro émetteur en ADN de synthèse que les autorités lui ont placé au début du livre et qui devait avoir pour fonction de localiser Mathias… Encore un passage tiré par les cheveux. Ou encore Lucie qui recherchait le Maître esprit parce que "ça serait bien de le voir une dernière fois avant sa mort" qu'il a lui même prédit.
Excepté le personnage de Mathias qui n'a aucun contact de prêt ou de loin avec Vai Kai, les trois autres personnages ne racontent pas le Maître Esprit comme il est dit dans le quatrième de couverture, mais ils racontent leur cheminement personnel, leur histoire jusqu'à l'assassinat.
Deux points positifs cependant :
Le Net a une place intéressante dans le livre, on voit à quelle vitesse se propage l'information (vérifiée ou non) au niveau mondial mais aussi certains risques que l'on prend en se connectant et en étant persuadé d'être anonyme (cf le viol de Lucie).
Et Je dois quand même saluer Monsieur Bordage pour l'histoire de Lucie, qui est très bien écrite. A certains moments, l'atmosphère du livre était très sombre et prenante, je pense à l'horreur du viol ou à la découverte des cadavres en décomposition dans la salle de bain. Dommage que ces passages soient de courtes durées, mais ce n'est pas le sujet du livre non plus.
Long à lire, rébarbatif et un petit peu "gros" je conseillerai plutôt "La prophétie des Andes" de Redfield, pour une critique de notre société (qui va plus loin que les clichés entretenus dans "l'Evangile du Serpent") et pour avoir un axe de réflexion intéressant une fois le livre fermé.
Note : 3/10
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Zel