L'échiquier du mal
(Carrion comfort)
Ils ont le talent, c'est-à-dire la possibilité de pénétrer notre esprit et de nous dicter nos actes, nous ôter toute volonté, cette faculté que chacun de nous a sans doute rêvé de posséder un jour.
Ils sont présents à chaque étape importante de notre histoire et tirent les ficelles dans l'ombre mais se livrent aussi une guerre sans merci, laissant derrière elle les traces sanglantes d'un combat connu des initiés seuls.
Utilisant ce talent, en fonction de son étendu et de leurs personnalités et aspirations pour avilir ou dominer, ces vampires psychiques ne pouvaient qu'entrer en guerre totale; Mélanie, Nina, Willi ou l'Oberst ont ce pouvoir et vont intensifier leur combat, les évènements seront précipités par l'enquête menée de main de maître par le shérif Bobby Joe Gentry chargé d'enquêter sur l'évènement qui va précipiter le massacre.
Partant d'une idée relativement peu originale, issue du mental de tout adolescent frustré de sa faible influence sur ses contemporains (qui n'a jamais voulu forcer son prof de maths à se défenestrer, son patron à se dénuder en réunion pour danser le french cancan ?), Dan Simmons brode tout un univers, le nôtre mais dominé par ces monstres, il a pour ça recours à une exposition historique aussi passionnante que précise qui permet de resituer tous les personnages via leur passé et leur rôle dans des évènement aussi dramatiques et importants que la Seconde Guerre Mondiale.
Le style est celui auquel il a nous habitué, précis, limpide; les différents personnages viendront à se rencontrer au travers de récits habilement enchâssés.
L'humanité et la cruauté vont se rencontrer comme jamais au travers de la vie d'être humains décidés à reprendre le contrôle de leur vie face à ces aberrations de la nature.
Comment ne pas croire que tout cela n'est pas la réalité, comment des évènements aussi atroces que ceux illustrant la deuxième Guerre Mondiale ou l'abjection de certains faits divers ne doivent pas leur existence à ces êtres ?
A ce titre, la métaphore de l'homme supérieur, celui qui peut disposer des êtres inférieurs et l'analogie faite avec les théories et pratiques du nazisme est remarquable et rend le personnage de l'Oberst terrifiant de réalité. C'est une des forces de ce roman, mêler l'histoire et ce pouvoir, expliquant celle-ci par celui-là.
La prochaine fois que vous croiserez un regard perçant dans la rue, dans une soirée, un de ces regards qui semblent s’infiltrer à travers votre corps, perçant votre esprit, vous ne pourrez pas vous empêcher de vous demander si vous n'êtes pas en présence d'un de ces êtres supérieurs et alors vous prierez pour lui paraître insignifiant et remercierez Dan Simmons pour ces fantasmes infernaux, pour ces frissons délicieux et si malgré vos prières un mal de tête soudain s'empare de vous, je ne donne pas cher de votre peau.
Attention, chef d'oeuvre !
Note : 9,5/10
Moyenne des votes : 5,8/10 (3 votes)
Plissken
A propos de ce livre :
- 1991 : première traduction chez Denoël dans la collection Présences.
- 1995 : réédition (4 volumes) chez Denoël dans la collection Présence du Fantastique.
- 1999 : réédition (2 volumes) chez Denoël dans la collection Présence du Futur.
- 2000 : réédition (2 volumes) chez Folio SF.
- 2003 : réédition pour l'intégrale chez Denoël dans la collection Lunes d'encre.
Avis des visiteurs :
- Ayant entendu beaucoup de bien sur L'échiquier du mal, j'étais persuadé de lire un fabuleux roman fantastique mais il n'en est rien. C'est plutôt de la déception que j'ai ressentie en le lisant. De Dan Simmons je vous conseille plutôt de lire l'excellent Chant de Kali et aussi Nuit d'été.
Note : 5/10 (Patrick)
- L'histoire avait l'air pas mal en lisant le résumé mais le bouquin traîne en longueur et semble ne jamais vouloir finir.
Note : 3/10 (Kristel)