Du sang pour Manitou
(Manitou Blood)
En 1975, Graham Masterton écrit, en à peine une semaine, le premier tome de ce qui deviendra pour moi l'une des plus mythiques sagas en matière d'horreur et de littérature : Manitou. Jusqu'à ce jour, cette saga était une trilogie, récemment rééditée dans une très belle intégrale aux éditions Bragelonne qui réunissait les trois tomes cette pièce maîtresse. Aujourd'hui, ces mêmes éditions nous proposent le dernier tome en date de la saga : Du sang pour Manitou.
Dès le premier tome Masteron introduisait le personnage de Harry Erskin, soi-disant médium et tireur de carte mais surtout charlatan et escroc notoire. Pourtant, ce voyant de pacotille allait être au prise avec un esprit indien puissant, revenu de l'au-delà afin de se venger de l'homme blanc qui avait massacré tout son peuple. Peu à peu, au fil de la saga, on retrouve ce même personnage toujours en lutte avec l'esprit du diabolique indien et les scènes se font de plus en plus gores. Du Sang pour Manitou poursuit donc le virage amorcé par l'auteur et, si vous n'avez pas aimé L'ombre du Manitou (dernier tome en date auquel beaucoup reprochait sont côté un peu gore simpliste), vous n'aimerez sans doute pas ce dernier volume des aventures de Harry Erskin. Maintenant, si vous ne connaissez rien à l'univers de Masterton (quoique j'aurais plutôt tendance à vous conseiller de commencer par Manitou) ou si vous aimez les aventures trash et violentes, ce livre est fait pour vous !
Alors que la ville de New York peine à se remettre de son traumatisme post 11 septembre, une épidémie touche le coeur de la ville, une épidémie bien étrange qui transforme la population en des vampires assoiffés de sang, prêts à tout pour assouvir leur soif, même prêts à égorger leur propres enfants. La science ne peut rien faire, comme d'habitude dans l'univers de Masterton, pour enrayer le carnage et bientôt Manhattan ressemble aux décors imaginés par Frances Lawrence dans son adaptation (ratée?!) de Je suis une légende, version plus gore et plus sanglante. En effet, l'auteur ne nous épargne rien, aucun détail, des têtes coupées, jusqu'aux corps dévorés. Bientôt la ville et le monde sont envahis par de terrible Strigoïs, c'est-à-dire des vampires. Qui mène la danse ? Qui est responsable de cette terrible épidémie ? Al Quaida ? Au début on pourrait y croire puisque le 11 septembre est là, en filigrane dans cette oeuvre de Masterton, pas toujours exploité avec le meilleur goût et parfois même, j'ai trouvé, avec un goût douteux. Un vampire serait-il là, tapis dans l'ombre prêt à entraîner la terre dans le chaos du sang et de la violence ? Peut être... Ceux qui ne connaissent pas du tout Masterton pourront peut-être y croire et peut-être même être pris dans un certain suspens. Chez moi, je dois avouer que ça n'a pas vraiment été le cas et j'ai même trouvé le début du roman un peu lent et un peu long tout de même. Les mêmes reproches que je faisais à Masterton sur ses dernières oeuvres semblent à nouveau être bien présents dans Du sang pour Manitou, c'est-à-dire un peu trop de gore à outrance avec une perte de la profondeur du propos et un sens du grand guignol pas toujours heureux.
Pourtant, Du sang pour Manitou est loin d'être inintéressant. Ceux qui connaissent la saga diront sans aucun doute que l'on est loin des premiers tomes et de leur superbe conjugaison d'horreur et d'intelligence. Cependant, le roman de Masterton nous plonge dans une sorte d'univers post apocalyptique qui n'est pas sans rappeler 28 jours plus tard par exemple avec un sens de la description absolument génial et Masterton est un maître, non pas en matière d'ambiance raffinée, mais bien plutôt, dès qu'il est question de sang, de têtes coupées et autres réjouissances sanguinolentes qui pour ma part me plaisent tout de même beaucoup, même si l'auteur en fait ici peut-être un peu trop. D'ailleurs chaque titre de chapitre est en rapport avec le sang et le sang est présent dans presque tous les chapitres...
Alors bien sûr, les habitués de Manitou sauront à quoi s'attendre et donc aucun suspens. Pour les autres je n'en dirais pas plus. Pour ma part, je fais partie de la première catégorie, connaissant parfaitement la saga, j'y est plus vu ici une sorte de roman de vampires un brin bizarre où le personnage de Manitou passe au second rang (ce qui peut décevoir...). Mais la lutte contre les strigoïs et leur maître s'avère au final plutôt intéressante même si je n'irais pas à dire qu'il s'agit là du roman le plus passionnant de Masterton.
Le style très cinématographique fait encore mouche. L'auteur nous propose un roman d'horreur somme toute assez classique qui plaira aux fans du maître car ils retrouveront son style directe et incisif et qui plaira aussi aux amateurs d'horreur la plus sanguinaire et la plus simple et efficace, proche d'une sorte de série Z gore et horrifique. Pas du grand Masterton mais toujours aussi efficace quand même...
Note : 7,5/10
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Le Cimmerien