Dans la Colonie Pénitentiaire
(In der Strafkolonie)

Dans cette nouvelle, un fonctionnaire gouvernemental, dont on ne nous dit pas le nom, est en voyage dans une colonie pénitentiaire étrangère. La nouvelle nous le montre en plein désert, face à une machine d'exécution capitale. La machine lui est présentée par un militaire, et le "spectacle" devra s'achever par la mort d'un condamné. Selon les règles en vigueur dans cette colonie, le condamné ne sait pas quelle sera sa peine. Mais le rôle de la machine est de graver la sentence sur le corps du condamné jusqu'à ce que mort s'ensuive.

A première vu, ce sujet ne pourrait être qu'une simple dénonciation de pratiques carcérales et militaires aux techniques inhumaines. Ca l'est, en partie. Mais c'est bien plus que cela. Déjà parce que le militaire qui présente la machine est un nostalgique. Selon lui, la technique n'est plus ce qu'elle était, on ne la respecte plus et on veut finir par la supprimer. Une honte, pour lui, qui vit encore dans le souvenir de son précédent commandant, instigateur de cette machine. Le militaire va donc tenter de convaincre le voyageur de faire la publicité de la machine autour de lui. Il va lui faire une description très technique du fonctionnement de la machine, véritable joyau de la technologie.
Mais une technologie qui appairait au lecteur comme inhumaine. Tout est inhumain. Le militaire est quasi-mécanique. Sa seule trace d'humanité est justement la volonté de préserver sa méthode d'exécution. Méthode qui impose la destruction de la chair par la machine via l'écriture de la sentence sur la peau du condamné. Sentence par ailleurs non délivrée par un tribunal. Elle est automatique.
Le voyageur représente un peu le lecteur : il voit l'abomination de cette machine et de ces moyens, il s'en offense... Mais ne fait rien. Il dit lui-même qu'il ne fera ni la publicité ni la condamnation de ces méthodes, et qu'il n'a pas tant d'influence que ça... Une manière de ne pas s'engager, et de se contenter d'une opposition polie, en paroles. Bref la passivité de l'occident qui est en contradiction avec sa bonne conscience.
La fin ira quand à elle jusqu'au bout de cette double dénonciation, prenant des allures extrêmes. Rien ne changera, et cette histoire de machine à exécution n'est rien d'autre qu'un prétexte pour analyser deux courants de pensée : un sauvage (le militaire) et un lâche (le voyageur). L'absence de noms des deux personnages principaux, procédé fréquent chez Kafka, est également là pour mettre en évidence la nature profonde de l'être humain, par opposition à l'individu. Le tout bien entendu avec une écriture d'une grande neutralité, d'une grande justesse. Sans effets de style. Sobre et désabusé.

Note : -/10
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Walter Paisley



A propos de ce livre :

- Dans la Colonie Pénitentiaire est une nouvelle ayant donné son nom à un recueil. Cependant, il est possible de la trouver seule, par exemple chez Librio.

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