La Couronne de fer
La vie est une aventure sans cesse renouvelée…Un cycle immuable où tout ce qui se défait, se recrée un jour…Tel pourrait être le message de ce livre. Rasez tout et construisez un monde meilleur. Meilleur ? En êtes-vous sûr ? Les hommes entre eux sont bien pires que les rats.
Le livre d'André Caroff commence là ou finit La guerre des mondes de Wells. Des extraterrestres ont envahi la terre, déclenchant une série d'explosions de type nucléaire ou bactériologique. Mais en détruisant l'espèce humaine, ils se sont détruits eux-mêmes, car pas plus que nous, les oximiens ne peuvent respirer cet air pollué au plus haut point. Sur cette terre désertique errent alors un groupe d'hommes, les survivants. Tout est à reconstruire. Un monde nouveau doit se recréer et si possible plus beau. C'est ce que pensent les deux personnages que nous suivons dans leurs aventures : David et Michael.
Ici, le livre ne nous retranscrit pas un combat entre les extraterrestres et les humains mais un combat d'homme à homme. Comment réinstaller la démocratie dans ces ruines où l'on peut piller et violer à plaisir ? Comment faire en sorte que les hommes puissent vivre sans tomber sous le joug de la loi du plus fort ?
La couronne de fer est donc un récit post apocalyptique, sombre, violent mais passionnant.
Passionnant d'abord car il se lit vite et qu'il est bourré d'aventures et de rebondissements. On suit alors ce groupe d'hommes survivant, grandissant jusqu'à devenir peuple dans une nature devenue hostile, avec des caïmans géants, des points d'eau qui manquent et sans électricité, ordinateurs et autres objets courant.
Mais La couronne de fer est aussi, si je puis dire, un roman politique dans le sens ou David, le héros du livre, doit reconstruire tout un système social aidé par un lègue que lui ont fait les envahisseurs, une sorte de super laser destructeur qui en fait aux yeux des autres un demi-dieu, car l'homme qui à le pouvoir de détruire à sa guise détient tous les pouvoirs. Ainsi, partant de l'adage d'Aristote émettant l'idée que l'homme est un animal mais un animal politique, André Caroff montre la création difficile, faite de tromperies, d'assassinats et autres jalousies, d'un nouvel ordre mondial. David, de par la puissance de l'arme extraterrestre devient une sorte de dieu vivant, grand Mikado ou grand Mandarin comme on l'appelle dans le livre, parcourant le monde pour unifier les peuples sur une terre où il n'existe plus qu'un seul continent et qu'un seul océan. Et peu à peu, La couronne de fer, qui était jusqu'à présent un livre d'aventure apocalyptique, plonge vers l'utopie, avec de forts accents de communisme. Une oeuvre engagée donc, où le personnage principal devient à la foi dieu et une sorte de président du nouveau monde.
Dit comme ça, le roman d'André Caroff pourrait paraître bien complexe. Rassurez-vous, ce n'est pas le cas. La couronne de fer se lit vite, les aventures sont palpitantes même si la fin n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Il y a un certain plaisir à lire les descriptions d'un Paris détruit, enseveli sous terre, avec les bouts de fer de la tour Eiffel éparpillés partout.
André Caroff nous décrit un monde nouveau et, d'une plume tout humaniste, nous décrit les travers du genre humain, l'incapacité des êtres à s'autogérer, comme si la destruction était inscrite dans leur code génétique, comme s'il était plus facile pour un homme de faire le mal plutôt que le bien, prêt à se dévorer entre eux (je parle ici de cannibalisme au sens premier du terme !!!).
Un roman de Sf passionnant, classique mais traité sur un rythme d'enfer, avec un véritable message, certes un peu manichéen et un peu utopiste mais qu'il fait du bien d'entendre de temps à autre. La couronne de fer n'est peut être pas une lecture indispensable mais c'est malgré tout un véritable plaisir à lire.
Note : 7/10
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Cruisader
A propos de l'auteur :
- André Caroff, qui est né en 1924 à Paris, est tout d'abord passé par la collection Anticipation avant d'arriver maintenant aux excellentes éditions Rivière Blanche. Avant même d'écrire pour Anticipation, André Caroff écrivait toujours pour Fleuve Noir mais dans les collections Spécial Police, Espionnage et Angoisse. Rien que pour la collection Anticipation, ce n'est pas moins de 33 romans, qui sont écrits par cet auteur. Autant le dire tout de suite, André Caroff écrit sur tout et pour tout, il aurait même travaillé pour la collection Harlequin…Voilà un auteur que n'est pas avare de mots et qui ne doit pas supporter la page blanche !
Il a écrit des space opéra, des romans anticipant le devenir de la terre, comme ici dans La couronne de fer, mais s'est intéressé aussi aux problèmes des néo-communications et de l'informatique, et il a crée des mondes dix ans avant les frères Wachowski très proches de Matrix. André Caroff signe ici son grand retour dans le monde de la Sf est c'est, je pense, avec grand plaisir que la jeune génération va (re)découvrir cet auteur aux multiples talents.
Avis des visiteurs :
- La Couronne de fer est avant tout un roman de divertissement et d'aventures, ce n'est certes pas de la grande littérature, le style est basique et parfois même maladroit mais on prend tout de même un grand plaisir devant ces événements post-apocalyptiques. A partir d'une idée relativement simple, André Caroff développe des thèmes très intéressants, comme souvent dans ses oeuvres (et dans beaucoup d'autres) on retrouve celui de "l'homme est un loup pour l'homme" mais en plus l'auteur s'interroge sur l'existence elle même, l'utilité des choses que l'on accomplit et surtout il avance l'idée que l'inégalité entre les hommes est quelque chose d'immuable dans toute société humaine.
Note : 6,5/10 (.: gregore :.)