Conan

Fort, robuste, dur comme un roc, barbare, voilà autant de mots et même bien plus qui pourraient coller à Conan le Cimmérien. Le personnage de Conan, du propre aveu de Howard son créateur, est un personnage simple. Ce que voulait Howard c'était justement cela, un personnage qui entre directement en action, qui offre au récit aucune longue entrée en matière, mais des histoires simples justement, tournées vers l'aventure, un monde vaste peuplé de créatures à combattre, de pièges à éviter, de sombres guerres et de combats à l'épée. On ne s'ennuie pas avec Conan, on est transporté vers une histoire riche en rebondissements, directe et forte.
Ici, dans ce premier volume, sept nouvelles qui ont été publiées à l'origine dans des revues (des pulps) américaines, où Conan doit affronter des morts, des dieux anciens que nous pourrions comparer à ceux de Lovecraft, des sorciers et même résoudre une énigme policière. Comme je le disais précédemment, on ne s'ennuie pas avec Conan même si les histoires qui se suivent ne sont pas toujours très diversifiées. Mais les personnages secondaires qui peuplent l'univers, univers crée à la suite de l'effondrement de l'Atlantide, sont hauts en couleur, voleurs pour la plupart ou guerriers, qui se trouvent confrontés à la magie la plus noire et la plus violente.

Car l'oeuvre d'Howard est aussi une oeuvre sombre, comme l'âme de cet écrivain qui s'est suicidé rappelons le à l'âge de trente ans. Revenons quelques instants au personnage de Conan si vous le voulez bien. Ce qui rend attachant le personnage de ce barbare voleur, mais pas méchant, c'est aussi que nous le voyons évoluer et gagner en expérience (les rôlistes parleraient de points d'expérience ou de points de compétence). Ainsi, au début du roman, Conan ne sait pas monter à cheval ni tirer à l'arc, mais à la fin il a appris. Ceci prouve toute la cohérence génialissime et la rapidité avec laquelle Howard et ses collaborateurs font évoluer ce monde de fantasy.
L'univers d'Howard est très inspiré par la bible, autant que par les mythes antiques et premiers, prouvant tout l'intérêt que ce "jeune auteur" avait pour ces civilisations perdues. Et il réussit avec brio à nous plonger dans ces mondes fabuleux et on lit alors les descriptions de citées en ruines ou de villes grandioses avec plaisir. Dans une des lettres que Howard adresse à Smith (l'un de ses collaborateurs et continuateurs) il explique que malgré le fait qu'il ne croit pas à la possession ou aux fantômes, il lui arrive, quand il est en pleine écriture, de voir le monde se brouiller autour de lui et d'apercevoir alors danser devant ses yeux des spectres de personnages anciens ou de villes. Howard maîtrise alors presque d'une façon mystique l'art de la description, simple et efficace. D'ailleurs simple et efficace semblent être les maîtres mots de Conan. Pourtant, il ne faudrait pas le limiter à cela. Le personnage est infiniment plus complexe et ses aventures sont bien plus que cela.
C'est encore en Howard lui-même qu'il faut chercher... L'auteur est un personnage troublant tout autant que sa création. Très jeune, Howard le texan, terre ou l'on a pour valeur le travail et la force physique, est la victime des moqueries de ses camarades car chétif et gros lecteur. Le Texan n'est pas lecteur c'est bien connu. Alors sans abandonner la culture et tout en faisant des études brillantes, Howard va se muscler et devenir un peu comme Conan, cavalier émérite et sportif reconnu. Comment ne pas voir en Conan du Howard ? L'auteur parle d'ailleurs de son personnage comme d'un personnage "réaliste" (pas réel mais réaliste). Car Conan c'est ça, c'est un personnage solitaire, éloigné de son peuple, fort et robuste, prêt à affronter n'importe quel danger, qui se rit de la mort et de la douleur. Mais Conan, c'est aussi celui qui est victime de son destin car voleur certes, mais à chaque fin de ses aventures il a grand mal à gagner son butin et il est souvent bredouille mais toujours plus riche en expérience, plus riche dans sa tête.
Le monde d'Howard, s'il est sombre, c'est aussi celui des grands espaces, de ceux qui font rêver, tout comme chez Tolkien ou Moorcock. Howard, Tolkien, Moorcock, voilà pour moi les trois grands maîtres de la fantasy, même si je ne suis pas expert, il faut que je vous l'avoue, en ce genre que je trouve souvent répétitif et ennuyeux. Tout le contraire de Conan ! Conan le voleur, Conan l'aventurier... Howard est une plume masculine et ça se sent, une plume qui trouve de la valeur dans la force et dans l'épée.
Voilà, je n'avais jamais lu de Conan et en quelques nouvelles, publiées ici dans un ordre chronologique, je suis tombé fan, tout autant du personnage que de cet auteur tellement attachant. Seulement je conseillerais aux lecteurs qui comme moi voudraient découvrir l'oeuvre d'Howard de lire une nouvelle, de laisser reposer un peu, puis une autre, pour éviter non pas la lassitude mais l'effet de répétition qui se fait parfois sensiblement sentir d'une nouvelle à l'autre, justement dû au fait de la simplicité recherchée par l'auteur. Mais Conan est entré dans la légende, comme Dracula ou la créature de Frankenstein, et à juste titre d'ailleurs, car ce Conan, quel homme, et ce Howard, quel génie !

Note : 8,5/10
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Cruisader



Avis des visiteurs :

- Conan est le 1er d'une grande saga de l'univers du fantastique, on entre vite dans la fureur du monde de ce valeureux barbare, pas de chichi avec Robert Howard, sa prose tranche dans le vif comme son personnage et va à l'essentiel. Ce recueil de nouvelles est sans doute le meilleur (avec Conan le Conquérant) des aventures du fabuleux barbare. Le souffle de l'aventure vous enveloppe durant la lecture de ses nouvelles.

Note : 8/10 (Patrick)

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