Les Chemins du destin

Si je connaissais Franck Guilbert en tant que talentueux éditeur, il me restait encore à le découvrir en tant qu'auteur. C'est chose faite avec Les chemins du destin. Force est de constater que l'homme a autant de talent quand il s'agit de dénicher des écrivains exceptionnels que lorsqu'il écrit. Son roman est une oeuvre sombre, suffocante même, qui joue avec nos nerfs et notre quotidien. Un roman que l'on dévore du début jusqu'à la fin, triste et tragique, avec une très belle portée philosophique. Du grand art !
David et Jessica sont ensemble depuis un peu plus d'un an. C'est un jeune couple heureux et à qui la vie semble sourire. Mais voilà, le destin en a décidé autrement. Tout commence sur la route des vacances, où ils se rendent pour passer du bon temps dans une maison qu'a connu David dans sa jeunesse, une vieille bâtisse que son père rénovait autrefois. Mais voilà, sur la route qui les conduit vers le bonheur, ils sont témoins d'un terrible accident, dans lequel décède une jeune femme.

Et si le roman commence par une route, ça n'est pas un hasard car Les chemins du destin parlent de ça, de cette route que nous empruntons sans le savoir, la destinée. Choisit-on ce qui nous arrive ? Est-on maître de notre  destin ? Tout semble prouver le contraire... Et pourtant peut-être, à moins que se soit autre chose qui décide pour nous, des forces obscures...
Après ce terrible accident, la vie de David va basculer et peu à peu plus rien ne va, le travail, les amours et la maladie, terrible, le cancer... Cette oeuvre est vraiment atroce, dans le bon sens du terme. La description de ce quotidien qui se détruit, jouant sur nos peurs les plus simples, la mort, la souffrance... Franck Guilbert nous fait pénétrer des endroits qui ne sont pas étranges, non, pas de châteaux hantés malgré les fantômes, pas de loup-garou ou de vampire, mais un hôpital pour cancéreux, des soins de chimiothérapie, etc...
Je qualifierais le fantastique de Franck Guilbert de fantastique impressionniste, c'est-à-dire que l'auteur apporte par petites touches des éléments de plus en plus étranges, hors normes, qu'il mélange à la couleur de notre quotidien, pour nous peindre un monde sombre avec un final de toute beauté.
J'ai plus qu'été ému par ce roman emprunt de nostalgie et d'une tristesse profonde. Rien ne nous est épargné. J'ai vraiment pleuré et en refermant le livre, je me suis vraiment senti mal. C'est pourquoi je vous conseille de lire ce livre bien évidement, c'est tellement beau, mais attention, âmes sensibles s'abstenir. Non, pas de sang, pas de gore, mais la vie, et la fin de la vie... Encore plus atroce !
Le personnage principal du roman, David, est, ce qui ne gâte rien au plaisir de lecture, très attachant et bien des fois je me suis demandé s'il n'y avait pas ici une certaine part d'autobiographie. On suit ce personnage dans ces obsessions, ses errances, ses doutes et ses phobies, le tout soutenu par un style simple et limpide digne des meilleurs conteurs. On rentre dans ce livre et on ne le lâche plus, on pleure, on tremble et on en ressort littéralement bousculé.
Voilà donc un superbe roman qui oscille entre réalisme et fantastique, à la fois sombre et tragique et à la fois subtilement philosophique. Pour moi, il s'agit d'un chef-d'oeuvre tout simplement, un roman que je ne suis pas prêt d'oublier...

Note : 10/10
Moyenne des votes : 10/10 (1 vote)

Cruisader



Psychovision © 2002-2008 | Contact | Partenaires : Films d'animation