Biographie Poppy Z. Brite
Qu'est-ce qui fait que l'on devient écrivain ? Qu'est-ce qui poussa la jeune Melissa Ann Brite à écrire et à enregistrer ses premières nouvelles sur cassette à l'age de cinq ans ? Difficile à dire... Peut-être cette ville, la New Orléans, où elle est née le 25 Mai 1967, ville à mi chemin entre bayou et village à la française ? Peut-être le divorce de ses parents et son exil forcé en Caroline du nord ?
Brite est une enfant précoce, douée, mais qui préféra abandonner ses études assez tôt pour pouvoir se consacrer uniquement à l'écriture. La jeune Brite a douze ans lorsque, découvrant les Beatles, groupe dont elle est fan, et ayant dévoré la plupart des auteurs majeurs de la littérature américaine, elle crée son premier journal littéraire clandestin. Elle le conçoit elle-même de la première à la dernière page, pour faire bouger les choses dans son lycée...
La jeune Brite le sait, seuls la passion et le travail paient. Alors, elle écrit abondamment, abandonnant toute autre idée de carrière. La jeune femme fait alors tout un tas de boulots, de stripteaseuse à "aide soignante" pour rats dans un laboratoire d'expérimentation. Si la vie de Poppy Z. Brite est décousue le jour, la nuit la jeune femme s'enferme entre ses chats et la musique de Bauhaus, débouche une de ces fameuses bouteilles de chartreuse verte que l'on retrouve dans bon nombre de ces nouvelles et elle écrit, oubliant la fatigue et le reste.
A dix huit ans elle publie sa première nouvelle, Musique en option pour voix et piano, dans le magazine The horror show. Nous sommes en 1985 et cette nouvelle est déterminante pour la jeune femme puisque Douglas E. Winter, biographe de Stephen King la remarque. Brite est confortée dans son choix.
Pourtant tout ne fut pas simple... Malgré l'amitié de Dan Simmons et l'appui d'un certain milieu littéraire, Lost soul (Ames perdues) est tout d'abord rejeté, trop violent, trop gore, mal construit etc... Mais Poppy persiste et signe enfin en 1991 chez Dell pour un contrat de trois livres.
Neuf mois plus tard, à grand coup de mauvais vin et de chartreuse (du propre aveu de l'auteure), Brite termine Sang d'encre. Dans cette ouvrage on retrouve la ville qu'elle a créé de toute pièce dans son précèdent recueil, Missing Mile et son club gothique L'if sacré. On y retrouve aussi des personnages déjà aperçus dans les âmes perdues, des jeunes homosexuels vivant avec un certain mal-être et des traumatismes.
Les oeuvres de Brite font parler d'elle. Soit elles dérangent, soit elles plaisent mais ce qui est sûr c'est que l'auteure ne laisse pas indifférent. Fort de son succès Poppy Z Brite compile en un seul ouvrage, Swamp Foetus (les contes de la fée verte), toutes ses nouvelles.
Mais à nouveau son troisième roman ne trouve aucun éditeur Exquisite Corpse (le corps exquis), est encore une fois trop violent pour son éditeur. Ce dernier est sûr qu'il ne trouvera pas de public. Mais de qui se moque-t-on ? Encore une fois, à force de diplomatie et de travail, elle trouve une maison d'édition et ses textes s'exportent en Angleterre et en Europe.
Mais, croyez-le si vous le voulez, malgré ce succès l'auteure ne roule pas sur l'or. Rien n'est facile. Mais la chance lui sourit et Courtney Love, diva punk (soit disant !!) veuve Cobain lui demande d'écrire sa biographie. Brite voit là le moyen de gagner de l'argent facilement en écrivant plus ou moins ce que lui dicte Love. De son propre aveu elle ne considère pas ce livre comme faisant partie de son travail mais juste un truc fait pour l'argent.
L‘auteure ne s'arrête pas en si bon chemin et quitte à travailler sur commande, autant trouver quelque chose de plus drôle. Des éditeurs la contactent pour écrire des romans sur le mythique The Crow. Poppy aime le film mais beaucoup moins les comics de James O'Barr. Mais elle se lance dans le travail avec joie et surtout pour l'argent. Le roman, The lazarus heart, sort, très éloigné de l'esprit des comics, il s'agit encore une fois d'homosexualité, de sado-masochisme et de transsexualité. Mais The Crow est un marché fructueux, et les éditeurs producteurs sont toujours prêts à gagner de l'argent sur le cadavre encore chaud de Brandon Lee. Brite gagne enfin sa vie en tant qu'auteur...
Elle peut enfin écrire ce qu'elle veut et voyager partout. De ses voyages en ressort Self made man, recueil de nouvelles où elle s'exprime librement, tout en essayant de prendre du recul quant au monde de l'édition et de la littérature.
Puis Brite réécrit l'histoire de ses idoles, les Beatles, dans Plastic Jesus. Un livre moyen qui est aussi un travail de commande. Son dernier livre en date Soul Kitchen revient aux histoires courtes et reprend là ou Liquor nous avait laissé en 2004 c'est-à-dire un détachement vis-à-vis du fantastique pour un style un peu plus réaliste. La préface de ce recueil nous en apprend beaucoup sur l'auteure qui avoue ne plus vraiment vouloir écrire pour l'horreur mais vouloir se tourner vers un style naturaliste tout en voulant continuer à parler de ce milieu gay qu'elle semble tant affectionner et de sa ville, la New Orleans. Brite pendant l'ouragan Catherina a d'ailleurs tenu au jour le jour un journal pour raconter véritablement ce qui se passait là bas, l'inaction du gouvernement et l'arrivée tardive des secours. Elle fut d'ailleurs dans les premiers habitants à revenir dans une New Orléans dévastée donnant beaucoup de temps pour reconstruire son petit paradis.
Ce qui est sûr c'est que Poppy Z. Brite est un personnage difficile à cerner, étrange et pleine de contradiction. Une légende... On l'a vu mariée à un transsexuel, on l'a dit souffrir de dysphorie de genre, elle vit isolée dans une grande maison où elle recueille tous les chats et chiens errants du coin et où elle s'occupe de son serpent albinos.
Il paraîtrait qu'elle prépare un roman sur les familles Stubbs, un clan catholique profondément enraciné dans la culture traditionnelle de la Nouvelle Orléans que l'on trouve dans son recueil Liquor. Un roman qui raconte l'histoire de cette ville et de ses quartiers.
Difficile de dire qui est véritablement Poppy Z Brite et difficile de savoir ce qu'il adviendra de ses futures productions. En tout cas, il semble certain qu'il ne s'agira pas d'horreur et il se pourrait même qu'elle n'écoute plus du tout The Cure à l'heure actuelle. Par contre, ce qui est certain c'est que Poppy Z. Brite est une grande, très grande écrivaine.
Site officiel (en anglais) :
http://www.poppyzbrite.com/
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