L'Autoroute du Massacre
Bon, voilà pas mal de temps que l'Autoroute du Massacre était posé là sur ma bibliothèque à prendre la poussière. Je dois vous l'avouer, j'avais quelques réticences à lire ce livre. Ca me faisait un peu l'effet des derniers Tobe Hooper pour rester dans le genre. Ce genre de films qu'on a peur d'aller voir tellement on pressent le mauvais à plein nez. Le coeur rempli de préjugés (oui je sais c'est pas bien) je m'imaginais une histoire pauvre, avec plein de tripes, d'énucléations, de bras coupés, de tête décapitées etc... Bien sûr il y avait cette couverture, bien la couverture, très bien, ou du moins pour l'amateur de gore que je suis. Mais il y avait aussi ce titre : L'Autoroute du Massacre. Et pourquoi pas la nationale de l'enfer, l'aspirateur infernal ou le pain d'épice serial Killer ? (Ah on est en train de m'indiquer qu'il existe déjà celui-là... Bon, tant pis).
Bref, j'ai quand même sorti ce livre histoire de lui faire prendre l'air et je me suis plongé dans ce bain de sang. Et... et bien c'est loin d'être mauvais, au contraire. En une heure le livre est lu, style clair, limpide, histoire qui tient la route (ou l'autoroute) et comme dans toutes les séries B, loin d'être complètement stupide. J'ai donc ravalé mes préjugés et je suis parti dans ma Benz sur la route des vacances.
C'est ainsi que débute le livre, sur l'autoroute qui conduit des millions de vacanciers vers les plages où ils vont se faire dorer la pilule avec le même voisin de palier qu'ils ont à Paris (ou ailleurs car il n'y a pas que les parisiens qui partent en vacances). Sur la route des vacances un couple qui se déchire (après c'est pire, il faut prendre le terme déchiré au sens propre !), Bernard et Isabelle qui sont sur le point de se battre. Il faut voir dans les descriptions de Joël Houssin un brin de cynisme et une pointe de dénonciation de cette société de consommation qui nous oblige à acheter nos vacances au même moment pour aller au même endroit. Bref, voilà pour le côté philosophique.
Car bien sûr, et malgré lui, Bernard fait le coup de la panne à Isabelle. Obligé de s'arrêter sur une aire de repos, le couple croise une bande de gentils hippies (surtout jolies d'ailleurs) qui leur propose de dormir dans leur van en attendant l'arrivée de la dépanneuse le lendemain matin. Voilà pour la situation. Jusqu'ici, jolies gonzesses, ambiance drames familiaux... Bref que du bonheur.
Mais ce que j'ai oublié de vous dire, c'est qu'au milieu de cela, Joël Houssin nous offre les descriptions de créatures, humaines mais pas vraiment puisqu'il plane comme un mystère sur celles-ci, qui en on marre de manger des vers de terres, des rats, des souris, des chats, des chiens etc... Je vous fait grâce des descriptions à ne pas lire au moment de sa phase digestive ! Alors donc voilà Bernard au milieu de jolies filles, Isabelle qui enrage puis... arrivent les autres, ceux qui mangent du vivant, ils sont là. Voilà que peu commencer la chasse.
L'Autoroute du Massacre est donc un bon livre qui, s'il ne joue pas sur le suspens, nous propose comme une sorte de bon film d'horreur gore avec des situations déjà vue ou lues mais qui marchent, qui sont efficaces. On se régale (sans vilain jeu de mot). Les chairs sont maltraitées, les corps sont mangés mais aussi mutilés. Car il faut savoir que ces créatures n'ont pas qu'un oesophage, elles ont aussi un... Enfin vous voyez... Elles ont besoin de se reproduire. Isabelle va en faire les frais, son ventre va gonfler, un liquide va l'envahir et je m'arrête là.
Ces créatures, à peine décrites, qui laissent le lecteur travailler son imagination, peuvent même se fondre avec le bitume. Voilà donc ma première incursion dans le genre gore, du moins en littérature, et je n'en suis pas déçu. J'ai trouvé ça plutôt jouissif (oui je sais...) et plutôt très bien fait, mieux que le dernier Tobe Hooper.
Pour conclure, je dirais que c'est un peu comme si Carpenter se mettait à écrire un roman, ou s'y Romero s'amusait à se lancer dans la littérature. Du gore, une descente en flèche de la société de consommation et un regard extrême sur le genre humain. Sûr, maintenant je ne verrais plus jamais les vacances et les autoroutes de la même façon et même que pour le coup je suis content de ne pas en avoir, des vacances.
Note : 7/10
Moyenne des votes : 7/10 (1 vote)
Cruisader
A propos de ce livre :
- Ce livre de Joël Houssin est le second numéro de la collection Gore éditée par Fleuve Noir.