L'Apprenti Assassin - L'Assassin Royal 1
(Assassin's Apprentice)
Ici, pas de nains, pas de trolls, pas d'orcs ou autres créatures du genre. Robin Hobb nous livre un roman, premier tome d'un long cycle, où toute la force de l'histoire réside en des personnages forts, à la psychologie parfaitement dessinée. Un premier tome novateur et prenant. A la rigueur, même, L'apprenti assassin n'a pas de véritable héros mais un anti-héros, en la personne de Fitz, dit "le bâtard". Ce dernier est le fils illégitime du roi Chevalerie. En apprenant la nouvelle, le roi décide d'abandonner le trône de Roi Servant, jugeant qu'il ne peut régner dans ces conditions. Le jeune Fitz est alors recueilli par un personnage bourru mais attachant, sorte de père non avoué pour le garçon, Burrich, le maître d'écurie.
L'apprenti assassin doit se lire comme un roman d'apprentissage où l'on voit Fitz évoluer au fil de ses échecs et de ses erreurs. Car tout est là, le personnage principal, ce jeune garçon donc, n'a pas grand chose pour lui en fait. Bien au contraire ! Ses amours sont désastreux, car trop timide et ne comprenant pas tout, et même la magie qu'il pratique est considérée comme mauvaise. Car dans la famille des longs voyants, la famille royale à laquelle il appartient, pratiquer le Vif est de l'ordre du péché. Imaginez donc, pouvoir communiquer avec les animaux plutôt que d'utiliser l'Art, cette forme de télépathie qui lit les Longs Voyants ! Alors on suit, dans un presque huit clos puisque la quasi totalité de l'histoire se passe au château de Castelcerf, les difficiles épreuves qui attendent Fitz.
Mais dans l'ombre, d'autres choses terribles se trament encore et Fitz pourrait bien en être la pierre angulaire. Car si Robin Hobb nous livre un roman profondément psychologique, elle n'en oublie pas pour autant les complots de cours où les princes se livrent une guerre secrète pour prendre le pouvoir. Ajoutez à cela que sur les côtes des pirates transforment les gens en véritable zombies ! D'ailleurs, cela nous vaut certains passages d'actions fabuleux où Fitz se retrouve dans des situations assez rocambolesques.
Mais ce que personne ne sait, c'est que la nuit, sous l'égide d'un vieux maître, Fitz apprend un étrange métier. Il va devenir peu à peu une sorte de diplomate de l'ombre et en matière de diplomatie, il faut autant qu'il connaisse la place qui est la sienne que les poisons et autres façons de tuer en toute discrétion. Le bâtard devient alors une personne importante et pour d'autres, dangereuse.
Ce qui est frappant dans l'oeuvre de Robin Hobb, c'est bien plus cette galerie de personnages fascinants, attachants et émouvants que l'action elle-même. Rarement un auteur n'a su autant donner vie a ses personnages, on est véritablement avec eux, on souffre avec Fitz, on s'énerve un peu contre lui et le final est tout simplement superbe.
L'apprenti assassin est une oeuvre fascinante, car elle est remplie d'humanisme et l'aspect fantasy, du moins dans ce tome, est plus un background que véritablement le centre de l'histoire. Bien sûr, Robin Hobb convoque la magie, mais l'intérêt n'est pas là mais plutôt de voir un enfant non voulu, un presque rien, grandir, peut être un peu trop vite, à la merci d'adultes bien plus préoccupés par le pouvoir que par autre chose. Mais même Fitz ne s'en rend pas compte !
Entre roman d'apprentissage et tragédie, Robin Hobb nous livre donc ici un premier tome fascinant qui nous fait rencontrer des personnages inoubliables auxquels on s'attache et que l'on ne peut pas oublier. C'est là toute la force de l'oeuvre et aussitôt ce premier tome refermé on est déjà parti dans le deuxième. Une pièce maîtresse de la fantasy, contraire à tout ce que l'on peut lire ailleurs.
Note : 9/10
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Le Cimmerien