Apelle-moi Tempter
(Tempter)

Tout le monde connaît, même vaguement, même que de nom, des stars comme Jim Morrison, Janis Joplin, Jimmy Hendrix. Tout le monde connaît ces anges foudroyés en pleine gloire, morts d'avoir trop donné au rock and roll, au public.
Mais qui se souvient d'Adam Rossiter et de son groupe Crash ? Il n'a pas eu la chance de mourir en pleine gloire, il a prit le temps de s'éteindre lentement. Mais Rossiter est toujours vivant, là au coeur de la Nouvelle-Orléans, accablé par la chaleur et les moustiques, méconnaissable après des années de drogues, de religiosité acharnée, de bouddhisme, d'hindouisme et autre philosophie post soixante huitarde. Mais il n'a pas trouvé ce qu'il cherchait dans sa quête mystique : la chance, sa chance. Il faut qu'il rencontre un noir et que ce dernier lui présente Papa Beloved, le vieux noir qui fait du vaudou dans son garage... Et là, tout va basculer, car après une nuit torride avec une soi-disant prêtresse vaudou (le terme exact est mambo), dite Ti Alice, Rossiter trouve un étrange livre, l'Aegrisomnia. Mais ce qu'Adam Rossiter ne sait pas, c'est ce qu'il va libérer et ce que tout cela comporte de risques pour lui mais aussi pour Ti Alice la mambo, et Charlie la pauvre fille toujours en recherche de l'âme soeur et pour Jere, l'artiste romantique. Car tous ces personnages sont liés sans le savoir, depuis des siècles déjà et Tempter est là...

Difficile de ne pas comparer Nancy Collins à Poppy Z. Brite. Pas tant dans le style, bien différent, mais surtout par rapport à un lieu, la Nouvelle-Orléans. Ici on sent la chaleur étouffante, l'humidité porteuse de moustiques, on ressent les lieux moites et poisseux, on touche du doigt l'histoire de cette vieille ville américaine. Le lieu participe de l'histoire et agit sur vous car en lisant Nancy Collins, vous pénétrez réellement la Nouvelle-Orléans.
Mais dans cette mythique ville tout le monde le sait, c'est le vaudou la vraie religion. Le vaudou qui s'accorde sur des airs de blues, le vaudou pour touristes et le vrai vaudou. Oh qu'il est tentant de s'allier aux forces de l'au-delà pour faire fortune, avoir un peu de chance dans la vie ! Oh comme il est tentant de s'allier à l'inconnu quitte à payer le prix fort ! Voilà le thème de ce roman qui rappelle d'un coup le vieux mythe de Faust. Voilà pourquoi ce titre, Tempter, le tentateur, le mal. Et d'ailleurs le personnage principal ne s'appelle-t-il pas Adam, comme le premier homme, celui qui ne put rien contre la tentation et croqua la pomme ?
Mais Adam, qu'es-tu devenu pour un peu de chance ? Un non-mort, un être moitié zombie, moitié vampire. Ne vous attendez pas à des scènes trashes, ni gores. Non, le style de Nancy Collins, bien que reconnaissable entre tous, est plus tranquille, soft, et s'écoule lentement, un peu trop lentement même.
Si l'on rentre bien dans l'histoire et si le roman se lit très facilement, on en aurait presque voulu un peu plus tant tout se déroule trop tranquillement. La surprise est au rendez-vous mais lorsque l'on a refermé le livre, il y a comme un goût de déjà vu, de déjà lu.
Ce roman est loin d'être mauvais, il est même très bon, mais il ne séduit pas plus que cela. Une fois l'histoire terminée, on le referme et quelques jours plus tard on l'a oublié. Intéressant mais sans plus.

Note : 6/10
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Cruisader