Les Ailes de la Nuit
(Nightwings)
Au début, ils sont trois à cheminer ensemble vers l'antique cité de Roum : Le vieux Guetteur qui ne peut dire son nom et dont la fonction est de faire Vigile afin de prévenir l'arrivée sur Terre de potentiels envahisseurs extraterrestres, Avluela la Volante, une jeune femme ailée, et Gordon, Un Elfon, une créature née des manipulations génétiques humaines. Dans ce monde du troisième Cycle régit par les castes, il se rendent tous trois admirer les splendeurs de l'ancien temps à Roum.
Le Guetteur doit veiller car une ancienne menace plane sur la Terre. En raison de leur Hubrys démesuré lors du second cycle, un peuple extraterrestre revanchard a décidé d'asservir un jour la Terre. Alors les castes ont été créées après l'anéantissement de toutes les technologies terriennes afin de parer à cette menace. Il y a donc les Guetteurs qui surveillent, Les Défenseurs qui combattront lorsque la menace sera effective, les Marchants, les Dominants, Les Souvenants, Les Côteurs, les Volants etc... Tout une population répartie en castes obligatoires dont seuls les Elfons, des créatures pour la plupart monstrueuses, en sont exclues.
Beaucoup ne croient plus en cette menace mais chacun vaque à sa tâche dans un monotone respect des lois. Jusqu'au jour où tout va basculer : Avluela va être violée par l'Empereur de Roum, un jeune homme cruel et tyrannique, les extraterrestres vont finalement attaquer la Terre et Gormon va s'avérer être un espion envoyé en reconnaissance par le peuple d'envahisseurs. En une nuit, le sort de la terre est réglé. Elle est tombée aux mains des occupants et tout va désormais changer. Pour le Guetteur, c'est la fin de son ancienne existence, auparavant uniquement réglée par ses heures de Vigiles devenues maintenant inutiles. Mais c'est aussi pour lui le début d'un long parcourt qui le mènera de Roum à Peris jusqu'à Jorslem, un long cheminement semé d'embûches pour se réapproprier le court de son existence...
Les Ailes de la Nuit est un roman de science-fiction assez classique semé de bonnes trouvailles telles que les castes ou certains personnages, les Volants notamment, très poétiques. Ce roman fait essentiellement la part belle aux personnages et à la psychologie et l'action est vraiment mise de côté. C'est un long cheminement, un long parcours sous forme de pèlerinage ou de chemin de croix qui va permettre à Silverberg de développer une analyse plus ou moins fine de la terre en état d'occupation. L'analogie avec la guerre 39-45 est possible et ces occupants qui sont là avec l'assurance d'être les seuls maîtres et qui n'ont donc pas besoin d'être forcément violents sont à mettre en parallèle avec les occupants allemands, en France notamment, même si le portrait qu'il dresse est bien plus reluisant et bien moins violent que la réalité...
Des occupants avec qui les français nouaient parfois des liens, des occupants qui faisaient leur devoir et qui n'avaient pour la plupart pas forcément volonté de brutaliser les autochtones. Des violences et des atrocités, il y en avait forcément, c'était la guerre. Mais les allemands étaient aussi là en occupants, la France leur appartenait, un point c'est tout et une forme de vie reprenait son cours, une vie d'occupation et d'absence de liberté, certes, mais une vie tout de même. De la même manière, on n'est pas ici dans la guerre et ses exactions, mais bien plutôt dans un état de fait, injuste et incompréhensible mais pourtant bien réel. Les envahisseurs ont pris le pouvoir et ils vont tenter de faire régner un nouvel ordre sur terre, complaisant mais strict. Pas de violence (ici le portrait est idéal...), mais pourtant, c'est bel et bien une occupation avec toutes les conséquences traumatisantes que cela implique et avec la notion d'asservissement qu'elle induit forcément.
C'est là à mes yeux l'intérêt principal de se roman. Après, cela reste une roman un peu vieillot mais néanmoins agréable plein d'humanité, de sensibilité et d'optimisme qui dresse des portraits attachants de personnes coincées dans leur existences qui vont ensuite être privées de toutes leurs raisons de vivre et de leurs repères. Pas forcément un roman que je recommanderais pour lire une Sf palpitante mais un livre intéressant tout de même par les thématiques qu'il développe et l'avenir sombre qu'il prédit à la terre... A lire par curiosité.
Note : 6/10
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Chaperon Rouge
A propos de ce livre :
- Prix Hugo en 1969 pour la catégorie Novela (roman court).