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#1 2010-06-11 17:46:29

Stegg
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[M] [ITW] Boiscommun

A l'occasion de la sortie du premier tome sa nouvelle série "La cité de l'Arche" aux éditions Drugstore, l'illustrateur et scénariste Olivier Boiscommun a accepter de répondre à nos questions sur cette nouvelle aventure.

http://img341.imageshack.us/img341/7374/boiscommun.jpg http://img199.imageshack.us/img199/8554/citedelarche.jpg

1/ Bonjour, tout d'abord un grand merci d'accepter cette interview pour Psychovision. Qu'est-ce qui vous a amené à la BD ? Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir illustrateur ? Vous pourriez nous décrire un peu votre parcours ?

Boiscommun : Ce qui m'a amené a la BD, c'est avant tout la BD puis un violent désir de raconter des histoires. j'en ai beaucoup lu enfant, je m'évadais avec les albums que je piochais dans la bibliothèque de la maison, les comics que j'empruntais en vacances à mon cousin, ou encore la propre collection que je me suis constituée par la suite. J'ai passé des heures et des heures plongé dans ces univers qui me transportaient loin d'une réalité souvent trop grise. Par la suite j'ai poursuivi cette passion en étant a l'origine du voyage.


2/ D'où vous est venue l'idée de ce Paris enfermé, séparé du reste du monde ? Pourriez-vous nous décrire la genèse de cette histoire ? Comment sont nés les personnages?

B : Cette histoire a été écrite il y a maintenant plus de vingt ans. Elle a bien évidemment beaucoup évolué depuis, mais la trame et le ton n'ont que très peu changé.
A l'origine de cette envie d'écrire il y a ma rencontre avec la ville de Paris. C'est principalement elle qui m'a inspiré cette histoire. Sa géographie, son architecture mais également la vie qui l'habite, l'ambiance qui s'en dégage et ce qu'elle déclenche comme comportement chez ses habitants.
Paris est comme un dragon magnifique, mais qui insidieusement vous emprisonne. J'entretiens avec elle une relation intense qui mêle des sentiments extrêmement divers et parfois opposés. Je crois que c'est tout cela qui transparait dans La Cité de l'Arche. Cette ville m'attire irrésistiblement, mais je me méfie terriblement de sa fâcheuse tendance à vous dévorer le cerveau jusqu'à ce que vous en oubliiez votre condition d'humain.
Paris c'est également cette vie grouillante comme celle d'une fourmilière, mais dans laquelle on peut également ressentir une effroyable solitude.


3/ Comment avez-vous abordé Paris ? Vous avez fait des recherches pour être le plus précis possible ou vous avez laissé faire votre imagination ?

B : D'une manière ou d'une autre la ville de Paris est représentée dans l'intégralité de mes albums et jusqu'à aujourd'hui, je dessinais des lieux que je connaissais bien et le faisais de mémoire. Pour la Cité de l'Arche c'est différent, il était important que les endroits dans lesquels se passe les scènes aient une certaine cohérence. C'est important pour la suite de l'histoire. chaque immeuble, station de métro existe et il est très facile pour quelqu'un qui connait un peu la ville de retrouver les différents lieux grâce aux indices que l'on peut trouver au fur et à mesure des pages. Il y a quelques incohérences, comme l'intérieur du théâtre du Trianon normalement situé boulevard Barbes que j'ai déplacé a St Michel pour des raisons pratiques.
Mais ces écarts son très rares.


4/ C'est graphiquement assez surprenant puisqu'on a affaire à un Paris délabré et sur lequel règne une dictature, mais les traits des personnages sont en opposition peu réalistes, c'est une manière d'alléger cette histoire plutôt sombre ?

B : Le contexte dans lequel cette histoire s'inscrit est très sombre, ce qui réclamait un traitement assez réaliste des décors. Mais elle porte également dans ce premier tome le grand espoir d'un monde meilleur. Je me suis naturellement dirigé pour les personnages, vers un trait semi réaliste qui permet de traiter des sujets et des expressions aussi diverses que variées.


5/ A la lecture de l'ouvrage, on comprend que l'humanité s'est enfermée dans cette ville à cause de la pollution qu'elle a créée, parce que la nature ne voulait plus d'elle. La Cité de l'Arche est-elle une fable écologique ? Ou la voyez-vous plutôt comme une œuvre d'anticipation ?

B : Ce n'est pas seulement la pollution qui a obligé les humains a se retrancher au sein de la ville lumière. C'est également la nature profonde de l'homme, l'expression de ses comportements les plus noirs, sa quête du pouvoir et son besoin inexorable de toujours posséder plus au détriment de ses congénères comme celle de toutes les autres formes de vie qui l'ont contraint à vivre reclus.
Maintenant est ce que cette histoire s'inscrit dans le genre anticipation ou fable écologique... Certainement un peu des deux, comme elle emprunte également à beaucoup d'autres genres encore, comme; aventure, romance, science fiction ou encore fantaisie.
Mais "La Cité de l'Arche" est également un prétexte pour parler de ce que nous vivons tous au quotidien, elle n'est finalement, et c'est le plus effrayant, qu'une petite extrapolation de ce qu'est la vie pour beaucoup d'entre nous aujourd'hui.
La plupart des être humains sont, dans la société que nous avons créée, pris dans une mécanique de consommation dont il est tout à fait impossible de s'extraire et qui ne profite finalement à personne. A travers cette histoire j'aborde des sujets aussi variés que, le libre arbitre et ce que nous en faisons, l'illusion ou la réalité de l'existence d'une quelconque liberté, La place de l'humain au milieu de ce "tout" qui nous entoure et nous compose.


6/ Un autre point important dans votre BD, c'est la religion. On a l'impression qu'elle sert à la fois à gouverner pour le présideur et comme moyen d'évasion à travers la prophétie. Est-ce que le but est de montrer que la religion peut servir à enfermer mais également à survivre, à garder espoir ? 

B : Je n'ai pas le sentiment de parler de la religion à proprement dit, mais plus du besoin qu'a l'être humain de se raccrocher à quelque chose qui lui donne l'illusion de garder le contrôle sur les évènements qui ponctuent sa vie. La religion peut faire partie de ces garde-fous rassurant, mais un des thèmes abordé dans cette histoire est le rapport que l'homme entretient avec le pouvoir. Celui qui mène inévitablement à détruire son entourage et fatalement lui même. L'obsession du contrôle anime plusieurs des personnages qui entrainent dans le sillage de leur folie une multitude d'individus.
L'hyperception, présentée dans La Cité de l'Arche comme un "pouvoir" digne d'un super héros, est en fait un art qui permet à celui qui le pratique de développer ses capacités. Mais il n'est utilisé par eux qu'a fin d'augmenter le contrôle qu'ils ont sur les choses. Quel est véritablement ce pouvoir ? Ne peut-il servir que les vils desseins des hommes ou a-t-il également une fonction plus noble ? 


7/ Auparavant, vous aviez travaillé avec des scénaristes et d'autres fois comme pour la Cité de l'Arche, vous travaillez entièrement seul. Est-ce plus facile? Il y a moins de contraintes? Comment se passe votre travail ?

B : Au long de ces dix sept années d'édition, j'ai eu toutes sortes de collaborations. Seul tout d'abord sur "L'histoire de Je" et "Halloween", puis en tant que dessinateur avec deux scénaristes Sfar et Morvan sur "Troll". Puis sur "Anges" avec Dieter au scénario tiré d'un univers que j'avais traité dans une histoire courte pour un collectif . Avec Filippi sur "Le livre de Jack" et enfin d'après Jodhorowsky sur « Pietrolino » pour lequel j'ai fait l'adaptation d'une pièce destinée au théâtre de mimes.
Chaque expérience a été enrichissante. J'aime la liberté et la profondeur du travail solitaire, mais je ressens également souvent le besoin de m'évader à travers l'univers de quelqu'un d'autre dans lequel je n'aurais surement pas été seul.


8/ On parle de plus en plus de livres et de BD numériques. Quel est votre point de vue dessus? Etes-vous attiré en tant que lecteur ? en tant qu'illustrateur ?

B : Pas en tant que lecteur, pour ce qui concerne la bande dessinée. En tout cas, pas dans la forme qu'elle a aujourd'hui.
Mais ma nature me pousse à être curieux des possibilités qu'offre également ce nouveau support. Tout est à redéfinir ce qui est assez excitant. Mais le marché étant pour le moment presque inexistant, cela reste pour le moment de l'ordre du fantasme.


9/ Ou en êtes-vous du tomes 2 de la cité de l'Arche ? Avez-vous quelques révélations à nous faire? Avez-vous d'autres projets en cours ?

B : L'ensemble du cycle (quatre tomes) est entièrement écrit et le tome deux est déjà bien avancé. Quant à vous en dire plus... A part moi même et mon éditeur, personne ne connait la fin de cette histoire. Même les personnes qui ont eu le scénario entre les mains n'ont eu qu'une fin provisoire. Il est vrai qu'aujourd'hui, face à la surproduction, les lecteurs sont naturellement devenus inquiets, exigeants et ont besoin d'être rassurés tout de suite sur le contenu d'une histoire lorsqu'ils s'engagent dans une série. Mais en dire trop, trop vite serait également une erreur. Le cycle complet doit se voir comme une seule et même histoire. J 'ai beaucoup travaillé sur la construction, le rythme et le dosage de ce recit pour que chaque chose arrive au moment précis ou elle doit arriver.
Ce que je peux vous dire, c'est que quelques belles surprises sont réservées à ceux qui en toute confiance se laisseront porter au fil de ce récit.


10/ Je vous remercie d'avoir bien voulu répondre à ces questions et vous laisse le mot de la fin:

B : Merci à vous.


Vous ne pouvez pas construire un monde meilleur pour les gens. Seuls les gens peuvent conduire un monde meilleur pour les gens. Sinon, c’est juste une cage. Terry Pratchett
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