Borderline n°2
Premier numéros que j'achète de ce tout jeune fanzine et c'est plutôt une agréable surprise. La qualité est au rendez vous pour cette publication entièrement tournée vers l'horreur, la fantasy et la dark fantasy. La couverture même (illustration d'une jeune Taiwanaise, Camille Kuo) est une invitation à marché quelques instants sur ce chemin noire et obscure. Au sommaire de ce numéros sept nouvelles...
La Lune est à nous ce soir
(Kealan Patrick Burke)
Voici le premier texte traduit en français de Burke, lauréat en 2005 du Bram Stocker Award et pourtant si peu connut en France. L'auteur nous propose une marche nocturne, une promenade sombre, en forme de piège. Le texte est court, simple, agréable à lire même si l'on reste un peu sur sa fin...
Difficile de parler de cette nouvelle sans ne rien en révéler. Evan est amoureux. Il aime Yvonne. Avec un groupe d'ami ils organisent une promenade nocturne. Mais dans quel piège est tombé le jeune homme ? Qu'elle étrangeté est tapis au coeur de cette nuit pourtant si tranquille ?
Simple mais efficace, espérons que l'auteur pourra bientôt mieux se faire connaître en France.
Laisser couler longtemps
(Annette Luciani)
Voilà une nouvelle qui pourrait être comparée à une photographie en couleur sépia. Une nouvelle remplit d'une certaine nostalgie et poésie sombre et mélancolique. Nouvelle courte, simple et ma fois fort belle, comme un claire de lune dans un vieux cimetière anglais.
Vous avez dit laissez coulé ? Oui mais quoi ? L'eau ou le sang ? Car il y en a qui ont soif, si soif qui tuerait leur fils pour boire... Soif de sang... Alors laissons couler pour notre plus grand plaisir.
Deux fenêtres sur ton âme
(Emmanuelle Maïa)
Ah ! Jalousie ! Terrible péché ! Amour a mort ! Que ne ferions nous pas pour l'amour ! Voilà une nouvelle qui m'a énormément plut. Une nouvelle qui allie style, macabre et gore...Tout ce que j'aime. Courte mais fabuleuse. Du grand art ! La fin est des plus dérangeante et mieux vaut ne rien en dire pour vous laisser découvrir. Fabuleux !
Un bruit dans la nuit
(Xavier Froment)
Voilà encore une nouvelle d'une très haute qualité. Et encore une fois pour les amateurs d'horreur et de gore. Pourquoi pas même de Zombie. Mais ici tout est traité avec finesse. C'est tout d'abord, juste un bruit dans la nuit. Juste un type qui a peur seul dans son lit. Une once de remord... Puis c'est quelque chose censé être mort et découpé qui bouge dans un congélateur... Non, je n'en dirais pas plus... Vous commencez à comprendre ? Bref vous connaissez le "proverbe" : n'est pas mort ce qui a jamais dort et avec le temps même la mort peu mourir... Un vrai régal !
La troisième voie
(Jacques Fuentealba)
L'auteur nous propose ici une nouvelle toute particulière écrit dans un style bien singulier, jetant un regard désabusé sur une génération post Woodstock. La quête des portes de la perception peut parfois amener loin très loin, trop loin, peut être même jusqu'en enfer. La mort rode porté par cette drogue nommée mercure.
Teinté de psychédélisme cette nouvelle est un régal de lecture du surtout à l'originalité du ton et au style employé par l'auteur.
Tu n'es pas victime
(Laëtitia Millet)
Ce sont les oeuvres de Poppy Z.Brite et Tanith Lee qui ont incité Laëtitia Millet à écrire ces premiers textes et ça se sent...Mais la jeune auteure c'est toutefois dans cette nouvelle trouver un ton et un style qui lui est bien propre et qui est très loin du simple plagiat des deux maîtresse de l'horreur que sont les deux écrivaines sus citées.
Kevin, un loser, un pauvre type, un mec qui battait sa mère et s'abreuver des images des films les plus gores. Un solitaire qui n'avait qu'un seul ami Paul. Et puis il y a ce fameux soir, cette incantation étrange et macabre faîtes par une nuit de pleine lune sous un pont. Et puis il y cette voie, cette chose qui entre dans ta tête Kevin.... Effroyable, saisissant...
Les morts pourrait bien avoir ta peau Kevin avant même que tu n'aies eut le temps de mettre en pratique une de ses scènes de meurtre gore que tu aimes te repasser en boucle. Laëtitia Millet donne ici avec grand renfort d'originalité sa vision de la justice "divine" ou peut être bien de la justice tout court en donnant la parole à un de ces opprimés qui n'a put la prendre de son vivant. Génial et j'attends avec impatience d'autres textes de cette brillante auteure.
Disparais !
Philipe Heurtel
Et voilà, ce fanzine qui allie qualité et originalité se termine en apothéose. Un pur moment d'horreur et d'intelligence. Une nouvelle culinaire (normale quand on sait que Philippe Heurtel est celui qui publie l'original fanzine Marmite et Micro-onde le fanzine de l'imaginaire culinaire) et sacrement bien rondement mener, alliant psychologique et style.
Maman fait la cuisine. Autant dire qu'il ne faut pas la déranger. Disparais sale gosse comme le matou et comme ton père et même comme tout l'immeuble où vit maman... Et vous, vous les aimez comment, bien cuit... Sans effet superflus, sans effet gore, l'auteur nous plonge avec malaise dans l'univers de maman et c'est plutôt macabre... Bonne appétit ! Court et génial, comme je les aime.
En conclusion, Borderline N°2 est un vrai régal pour qui aime l'horreur et le macabre, des textes de qualités et un dossier sur NFH propaganda, sites alliant images et sons de films gore. Une très bonne découverte. Des nouvelles de qualités, une mise en page simple et efficace, autant le dire tout de suite Borderline réussit donc l'équation parfaite et à de quoi séduire. Rendez vous donc au prochain numéro qui devrait présenter une nouvelle inédite de Mr Masterton himself ainsi qu'un dossier sur le maître. Je souhaite longue vie à Borderline ! Et merci encore une fois à Lionel.
Cruisader
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