Le Régulateur
Tome 1 : Ambrosia
J'ai tourné les pages, une fois, deux fois, des centaines de fois. J'ai regardé case par case, encore et encore. Je me suis dit : ce type est humain, il doit bien y avoir une erreur, juste un tout petit truc. Et bien non, Marc Moreno est un génie. Je crois même qu'il s'agit là du dessinateur que je préfère. Tout y est, tout est là : cadrages superbes, montages hallucinants, un sens du détail époustouflant, on sent la matière, le métal des bâtiments, les drapés des costumes, l'émotion et la vie sur le visage des personnages. Sublime tout simplement.
Dans cette BD hors norme, Cobeyran et Moreno nous dépeignent un monde sombre, violent, où se côtoient les vieilles tractions avant et des technologies singulières.
Mais que serait une BD, même dessinée de main de maître, sans un scénariste tout aussi génial ? Rien me direz-vous. Et bien ici, c'est l'alliance de deux cerveaux parfaits qui mélangent science-fiction et une certaine ambiance "polar sombre". J'ai toujours été sidéré par cette faculté qu'avaient les scénaristes de Bd à créer une histoire pleine de rebondissements en à peine 40 pages, des pages captivantes et d'autant plus ici. D'habitude les premiers tomes me semblent toujours un peu longs, parfois fastidieux surtout quand il s'agit de séries s'étalant un peu trop dans le temps mais avec Ambrosia, on rentre dans le vif du sujet dès la première planche. Un accouchement. Mais qu'est-ce qui est né cette nuit là ? Car il faut que je vous le dise, la terre décrite par nos deux génies a été touchée de plein fouet par une étrange épidémie et l'on parque certaines personnes atteintes de cette maladie dans des prisons gigantesques alors que les autres continuent à vivre leur vie.
Cette nuit là donc, est né Aristide Nyx, ou l'un des Aristides Nyx… Oui, je en peux pas vous en dire plus car avec Corbeyran on avance de révélation en révélation, de mystère en mystère et je ne veux pas gâcher le plaisir de ceux qui n'auraient pas encore lu ce chef-d'oeuvre de la bande dessinée.
Aristide Nyx est donc le personnage principal, au passé trouble et superbement dessiné, manteau long flottant dans le vent, lunettes noires et cette étrange maladie qui l'oblige parfois à respirer à l'aide de tubes cachés dans sa petite mallette. Encore une fois, je ne peux pas en dire plus.
Aristide est un régulateur, c'est-à-dire un tueur à gage. Car dans cette société tout le monde a un régulateur, certains même travaillent pour des magnas de la presse ou de grosses entreprises. L'ordre des régulateurs, crée donc par des riches corporations pour faire place nette, éliminer les brebis galeuses, les parias, les assassins, les bandits etc… Voilà ce qu'est la justice : la loi du plus fort, la loi du plus riche. Aristide est libre, il travaille à son compte. Un jour, on lui demande de tuer une étrange femme évadée d'une prison, une tueuse qui cache son dard empoisonné dans sa longue chevelure. C'est tout le passé d'Aristide qui ressurgit alors, créant en lui un trouble profond et c'est toute la société et sa loi inhumaine qui est remise en question. Est-ce la fin des régulateurs, l'arrivée d'une ère nouvelle ?
Lisez cette Bd c'est un régale. Corbeyran sait à la fois écrire des scènes d'actions époustouflantes, sans toute fois négliger une certaine psychologie du personnage qui rend Aristide Nyx très attachant, très captivant et donc qui fait de lui un être passionnant. Le tout servit par l'un des plus grands dessinateurs de Bd à mon avis, Marc Moreno, qui à chaque planche se dépasse, qui à chaque case nous plonge dans cet univers passionnant et complètement atypique. En un mot on ne s'ennuie pas, loin de là, et la fin réserve son lot d'action et de suspens. Je n'ai qu'une envie c'est d'enchaîner immédiatement avec le tome 2. Un scénariste de génie, un dessinateur au talent époustouflant, pour moi, le chef-d'oeuvre à ne pas rater.
Note : 10/10
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Cruisader