Le Psychopompe

Gusoyn se réveille en Enfer. Sa femme et son fils sont tués sous ses yeux, et lui est damné. Il est enrôlé comme démon supérieur dans la légion de l'archange Lucifuge Rofocale, seigneur du domaine des Trompes, qui part en guerre contre le domaine des Ténèbres dirigé par Astaroth. Alors qu'il fuit un adversaire trop puissant, Gusoyn fait une découverte capitale : la légendaire porte de la Terre... Mais il est arrêté pour trahison, et rétrogradé au rang de simple démon...

En mythologie, un psychopompe (du grec psukhopompos) est le conducteur des âmes des morts. Un autre sens dérive de celui-ci et signifie "qui peut voyager entre le monde des morts et celui des vivants". Un titre donc bien choisit pour cette histoire où les personnages rencontrés ne sont que des cadavres déformés qui parcourent les plaines noires des enfers.
Gabriel Delmas nous conte ici une histoire de vengeance qui a certes la particularité de se dérouler en enfer, mais qui reste relativement banale. Mais si cette histoire peu paraître quelque peu simpliste, les nombreuses références au culte du diable et les thèses sataniques exposées au fil de l'histoire resterons très obscures aux non initiés (dont je suis). En tout cas cette histoire aux relents sataniques rebutera un certain nombre de lecteur, soit par son coté provocateur, soit par la grande culture occulte nécessaire pour appréhender toutes les allusions. Le scénario est clairement un point faible et reste l'aspect le moins intéressant de cet album.
A l'opposé, l'univers graphique développé par Delmas est très original et riche. Tout l'album n'est qu'un immense dédale cauchemardesque que la lumière n'atteint pas. Les pages sont d'une extrême noirceur et les seules couleurs que l'on peut voir ne sont que d'innombrables nuances de noir. L'enfer de Gabriel Delmas rompt avec la vision moyenâgeuse classique. Il n'est pas éclairé par des grandes flammes, mais est formé de matière organique noircie par la décomposition. Au milieu des fleurs pourries, d'abcès crevés et de champignons en décomposition, déambulent des personnages tordus, malformés, et au teint cadavérique. L'auteur avoue lui-même avoir volontairement "sali" son trait afin de rendre les personnages et les décors le plus malsain et dérangeant possibles. Mais, comme précédemment, en raison de sa noirceur extrême Le psychopompe reste une bande dessinée très hermétique, et seuls les amateurs d'ambiances étranges risquent d‘apprécier vraiment cet ouvrage.
Néanmoins, le lecteur averti prendra plaisir à découvrir au fil des pages tout un univers organique et cauchemardesque inédit. Delmas a vraiment réussi à créer une atmosphère poisseuse et malsaine qui marque bien plus les esprits que le récit satanique. Les aplats sont très bien utilisés et si d'un premier abord ils rappellent les dessins de Mignola, on s'aperçoit bien vite que les dessins et le style de Delmas sont vraiment uniques et très différents de ceux du créateur de Hellboy. Son trait précis détaille à merveille l'anatomie des cadavres d'humains et d'animaux qui parsèment le récit.
Malgré un scénario plutôt moyen, le psychopompe est une très bonne bande dessinée, aux dessins vraiment superbes. Elle nous transporte totalement dans un univers très sombre et inédit. Une expérience très particulière à vivre...

Note : 7/10
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Maniak



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