Preacher
Tome 2 : Jusqu'à la fin du monde
(Vertigo cult: Preacher 2)
Dans ce second volume, on retrouve Jesse Custer toujours à la recherche de Dieu en compagnie de Tulip, son ex petite amie devenue tueuse à gage. Alors qu'ils rendent visite à l'employeur de cette dernière, Jody, un homme de main de la grand mère de Jesse, les trouve et les ramène à Angelville, la ville où Jesse a grandit sous l'autorité de Mémé et de ses hommes de main psychopathes Jody et T.C.. Alors qu'ils sont prisonniers, Jesse va en profiter pour raconté son enfance particulièrement horrible sous le règne despotique de son ancêtre à Tulip. On comprend que la punition préféré de la Mémé était d'enfermer Jesse dans un cercueil sous l'eau pendant plusieurs jours et que seul la présence du fantôme de John Wayne a permis à l'enfant de ne pas devenir fou.
Ce nouveau tome démarre fort avec l'histoire dramatique de la famille du Preacher. Durant cette première partie, Garth Ennis montre toute l'étendu de son talent en tant que scénariste en racontant une histoire triste, violente et intelligente qui ne peut que finir dans un bain de sang. Il démontre le danger de la croyance sans réflexion, d'une croyance forcée qui a fait de Jesse Custer ce qu'il est devenu. Loin de livrer une oeuvre bêtement anticléricale, le scénariste livre une vrai vision de la religion à travers une tragédie magnifié par le dessin de Steve Dillon, un dessin plus compliqué qu'il en a l'air. A l'instar des parents de Génésis, l'hybride ange / démon qui a fusionné avec le révérend Custer, les parents de ce dernier ont également connus une histoire d'amour impossible qui a terminé en tragédie. On comprend mieux alors le rapport entre ces deux personnages.
Dans la seconde partie, Jesse et Tulip retrouve Cassidy, le vampire irlandais qui les accompagnait dans le tome précédent. Ce dernier est à la recherche des personnes qui avait confié une valise d'héroïne à son amie, morte d'une overdose à cause de cette drogue. Il vont trouver sur leur chemin le mystérieux Jesus de Sade, un milliardaire totalement dépravé, qui organise une orgie dans sa demeure et les membres d'une secte apocalyptique se faisant appeler le Graal à la recherche de Jesse Custer.
Plus rocambolesque que la première partie, cette histoire est toute aussi violente mais d'une violence plus comique. On dirait que les auteurs cherchent à faire descendre la pression après une ouverture magistral. Ce récit semble fade même s'il réserve quelques dialogues tout à fait croustillants et des passages hilarants. On se demande où veulent en venir Garth Ennis et Steve Dillon avec cette histoire certes jubilatoire mais moins intense que celle qui l'a précédée. La suite dans le prochain tome permettra peut-être d'y voir plus clair.
Malgré une seconde partie qui pourrait paraître décevante, ce second tome de Preacher est un grand moment de comics, pour ne pas dire du neuvième art. Garth Ennis et Steve Dillon conte le début d'une saga pour l'instant unique en son genre, une sorte de quête spirituelle totalement déjanté qui ne donne pas dans la provocation gratuite. Les auteurs n'oublient pas de saupoudrer leur histoire de réflexion et d'émotion malgré une vulgarité omniprésente et une ambiance trash. Il arrive aussi à créer des personnages originaux qu'on n'oubliera pas. Avec cette oeuvre, les deux auteurs s'imposent parmi les grands noms du comics actuel comme Frank Miller ou Alan Moore. Il serait dommage de ne pas mentionner les superbes couvertures de Glenn Fabry avant de conclure cette chronique. Si Preacher ne s'impose pas instantanément comme un classique du comics, ce volume est tout de même essentiel et propose une lecture intelligente malgré ses quelques défauts.
Note : 9/10
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Stegg