Peter Pan
Tome 4 : Mains Rouges

Nous avions abandonné le "Tome 3" de Peter Pan, "Tempête", sur Pan, l'ami de Peter, gravement blessé par une balle tirée par le sinistre capitaine. Affolé, Peter est donc retourné à Londres pour aller chercher conseils auprès de Mister Kundall pour sauver son ami. De retour sur l'île avec la trousse de médecin du vieil homme, Peter va s'appliquer à extraire la balle en appliquant soigneusement toutes ses recommandations. Toutes sauf une : dans sa précipitation et son désir de sauver son ami, Peter a oublié de se laver soigneusement les mains et de désinfecter ses instruments avant de l'opérer. Et bien que l'intervention ait été un succès, la fièvre et l'infection gagnent donc irrémédiablement le Faune qui meurt peu de temps après. C'est une tragédie. Peter, fou de douleur et de culpabilité lorsqu'il se rend compte que c'est son erreur qui a causé la mort de son ami veut se débarrasser de sa main, la meurtrière. Lui aussi gagné par l'infection va donc être sauvé de justesse par Lys Tigré et les indiens. Peu à peu et avec l'aide de ses amis, Peter va faire la paix avec lui-même et comprendre que le véritable responsable de la mort de Pan est le Capitaine, pas lui. Sa vengeance va être terrible...

Mains Rouges, quatrième tome de la série, est une pure merveille ! Peut-être même le meilleur volet, un épisode extrêmement dense, riche de rebondissements et émotionnellement très fort. Un petit bijou de noirceur et étrangement à la fois un fabuleux message d'espoir. Enfin Peter devient Peter Pan et le Capitaine sera désormais le Capitaine Crochet. Une page se tourne et l'histoire s'écrit peu à peu, nous entraînant dans l'univers merveilleux de Peter Pan avec la cruauté et la noirceur de Loisel. Magique ! Certains passages sont vraiment bouleversants et nous abordons cette fois une nouvelle facette de la personnalité de Peter, nous le rendant encore plus attachant.
Ce volet est véritablement un tournant dans l'histoire et l'on sait à partir de maintenant que plus rien ne sera plus jamais comme avant dans la vie de nos héros. Peter ne peut désormais plus reculer et Clochette devra l'aider à affronter son avenir et composer avec ce qui le ronge de l'intérieur : lui-même, son passé et son atroce mère. Enfin nous retrouvons le génie des précédents volets que "Tempête" avait un peu laissé de côté au profit de l'aventure. Le dessin est de plus en plus réussi et Peter devient sublime sur certaines planches. Et je ne vous parle pas de Clochette ! Superbe, drôle, délicieusement colérique et capricieuse, le petit bijou de cette série.
Un autre élément étonnant de cette série est aussi les quelques intermèdes se déroulant à Londres lorsque Peter va aller chercher les orphelins pour se constituer une troupe de guerriers. L'horreur du monde adulte va ainsi être incarné par l'apparition de Jack l'éventreur nous montrant l'absurdité du monde réel et les tragédies innommables qui s'y déroulent. Pourtant, paradoxalement, Loisel nous dit aussi que la mort rôde partout puisque même sur l'île imaginaire, Pan va mourir de façon stupide par la main d'un homme cruel et sans pitié. C'est cela tout le talent de Loisel : jamais de naïveté, seulement un message fort et sombre sur le merveilleux et sur la réalité, sur leur interpénétration. La confrontation finale approche et nous nous tremblons aux côtés de Peter Pan. Quelle réussite !

Note : 10/10
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