Mutafukaz
Tome 1 : Dark Meat City
Tome 2 : Troublants trous noirs

Le premier tome de Mutafukaz (labelisé Attention Talent FNAC 2006) est certainement une des sorties françaises la plus délirante de l'année 2006, son auteur Run nous offrait un véritable melting-pot de cultures et d'inspiration diverses, petit récapitulatif des faits : Dark Meat City, ville américaine à la lisière de la frontière mexicaine, compte près de 17 millions d'habitants et est classé comme l'une des villes les plus dangereuses du monde. C'est ici que vit Angelino et son pote Vinz (personnage à la tête enflammé ressemblant étrangement au Ghost Rider), accumulant petits boulots et bouffe indigeste, on ne peut pas dire que les deux gaillards mènent une vie trépidante jusqu'au jour où Angelino percute un camion en mobylette lors d'une livraison de pizzas... à partir de là tout s'enchaîne, notre héro a des hallucinations et tout le monde cherche à lui faire la peau.
Le second et avant dernier opus débute sur les chapeau de roue avec nos deux traqués en pleine course poursuite sur le bitume, essayant de se défaire de leurs poursuivants à coups de grenades et de guns, Troublants trous noirs enchaîne sans temps mort sur Dark Meat City et continue sur une lancée trépidante et pleine d'action. On en apprend un peu plus sur les étranges phénomènes qui se produisent, le gouvernement américain serait corrompu par une race extraterrestre issu de la matière noire de l'univers, comme dirait David Vincent "Ils sont parmi nous !", et ils sont pas gentils du tout, seul les illustres Luchadores (catcheurs mexicains) connaissent leurs points faibles et se mettent en marche pour lutter contre l'envahisseur. Au milieu de tout ça, Vinz et Angelino continuent leur escapade sans vraiment trouver de temps mort, le lecteur non plus d'ailleurs !

Mutafukaz (pour info : dérivé de "Motherfuckers" en argot hispanique américain) détone et étonne, l'auteur développe un univers à la fois très personnel et ultra référentiel, renouveau de la bande dessiné de genre hexagonale, ses références : les comics (Franck Miller en tête) et le cinéma de genre, bref de quoi appâter le psychovisionaute ! Et le résultat a le goût de l'amorce, Run propose une histoire simple, rythmée, accumulant des scènes extrêmes, parfois aberrantes, étranges, mais jamais hors de propos, on a pas le temps de s'ennuyer, ni de réfléchir, Mutafukaz libère vos neurones et vous fait passer un moment de pure détente, d'autant plus que Run parsème son récit de répliques et d'un humour percutants.
Visuellement, on se situe dans le même créneau, rien que l'ouvrage en lui même démontre une certaine évolution dans l'édition française, son format réduit, son nombre de page étoffé, ses bonus (avec de nombreux auteurs invités) et ses pages aux textures différentes en font un objet différent et intriguant. Pour ceux qui n'ont pas eut le privilège de feuilleter l'un des tomes, la majorité de la bd est en couleur sur papier glacé, sauf le chapitre central qui lui est sur papier mat et en noir et blanc, ce concept est une vraie réussite, dans le premier tome nous assistons à l'assaut de l'appartement de nos deux compères par la section spéciale Z7, Run rajoute des zones rouges (pour les textes et les bruitages) renforçant la violence du moment, et pour le second il s'invite dans le quartier asiatique pour un combat de clans à forte inspiration manga.
Les personnages sont très charismatiques et identifiables, ce qui facilite grandement la fluidité de l'oeuvre (on repère très vite tous les protagonistes), Run est à l'aise pour dépeindre divers décors et ambiance, des ghettos aux désert en passant par une autoroute pluvieuse (très belle séquence qui débute Troublants trous noirs).
Pour finir il serait trop dur d'être exhaustif quant à ce que vous pourrez rencontrer au détour d'une ruelle dans Mutafukaz (et puis ça vous gâcherez aussi quelques belles surprises), on va essayer tout de même d'en citer un peu, histoire de vous mettre l'eau à la bouche, en vrac et dans le plus grand désordre : des gangs, des rats, des lutteurs (de préférence mexicains), des ninjas sexy, un fan de Leatherface, les Men in black, un Run salvateur, la Santa Muerte, Johnny Hallyday et des cafards... Run (!) to your shop muthafukaz...

Note : 9/10
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.: gregore :.



A propos de cette bd :

- Site officiel : http://www.mutafukaz.com/.

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