Métal
Tome 1 : Le Musée d'Airain

Paris, avril 1931. D'étranges pièces d'armurerie parviennent à un antiquaire. Mais rapidement, celui-ci va être victime de malaises et d'hallucinations et de mystérieuses créatures vont lui apparaître. Mais le phénomène n'est pas unique et se produit dans plusieurs villes de France et d'Europe.
Au même moment, la jeune Ingrid Van der Graaf est embauchée comme illustratrice- journaliste dans un journal quotidien et doit mener l'enquête sur ces étranges apparitions. Très rapidement, elle va faire la connaissance de Maxa, une excentrique actrice de cabaret grand guignol, qui va lui parler d'un mystérieux coffret qui lui serait destiné et d'étranges créatures venues d'un univers parallèle aux nôtre.
Ingrid va rapidement trouver le moyen de s'emparer du coffret et plonger ainsi dans une sombre aventure où certains êtres élus peuvent intégrer d'autres univers par le biais du contact avec le métal. Ces êtres peuvent ainsi plonger à la rencontre de toutes leurs vies antérieures et à la rencontre de leurs jumeaux, des doubles qui vivent des existences parallèles dans d'autres mondes. Ces êtres hors du commun vont donc tous se retrouver au musée d'airain, un musée dédié au métal qui réunit peu à peu toutes les pièces d'armurerie en provenance des autres univers...

Par l'auteur du célèbre Monsieur Mardi-Gras Descendre, Eric Liberge, ce premier tome de Métal est vraiment époustouflant. Tout d'abord au premier contact par la beauté de ses dessins et de ses magnifiques couleurs. On plonge dans un univers à la fois rétro mais en même temps résolument moderne, dans une harmonie très recherchée de tons métalliques allant du gris au vieux rose et au vert bleuté.
Les grandes planches sont vraiment très originales, admirablement cadrées et la profusion de détails et la complexité du graphisme ne peuvent que susciter l'admiration du lecteur. Puis vient l'intrigue : très intelligemment menée, elle est elle aussi d'une très grande complexité. Mais une complexité qui n'est pas ici synonyme de confusion. Non. Tout est très clair et très bien écrit, c'est seulement que c'est très subtil et assez compliqué. Le musée d'Airain n'est pas un album que l'on peut se contenter de parcourir ou de survoler, loin de là ! Bien au contraire, Eric Liberge demande à son lecteur de s'immerger à sa suite dans un univers complexe, entre onirisme, mysticisme et science-fiction, le tout dans le Paris des années 30.
Le thème des vies antérieures et du double qui serait la somme de toutes nos existences passées dans un autre monde est très bien amené et on adhère totalement à cette histoire d'univers parallèles et d'être liés au fil du temps et des univers par l'intermédiaire du métal. On s'attache à ces médiums d'un genre totalement novateur et on sent vraiment que l'intrigue est prête à décoller vers des idées et des rebondissements extrêmement prometteurs et qui nous mettent l'eau à la bouche ! Eric Liberge poursuit son exploration de la subjectivité de l'être et des facettes de l'après vie (cette fois dans la continuité des vies antérieures), avec toujours cette jubilation et cette intelligence qui confère un certain aspect métaphysique à ses oeuvres.
Mais malheureusement... Et oui, car il y a toujours un "mais" dans les bonnes choses, la suite de cet excellent premier volet ne devrait malheureusement jamais voir le jour, (ou en tout cas pas dans un proche avenir) selon une décision ma foi assez peu judicieuse de son éditeur, Soleil. Suite à une très mauvaise promotion de l'album par l'éditeur, le très beau projet Métal pourtant plébiscité par de très nombreux lecteurs risque de ne pas aller plus loin et de rester à jamais un projet avorté. On comprend la déception des fans et de l'auteur car cette BD avait absolument toutes les qualités pour réussir : une réelle beauté graphique absolument époustouflante et novatrice ainsi qu'une intrigue aussi complexe qu'originale.
Quand on apprend que Soleil refuse d'en donner une suite car les ventes n'ont pas suivies et que c'est entièrement de leur faute car il n'en ont pas ou très mal assuré la promotion, il y a vraiment de quoi être énervé. Comme quoi le talent n'est pas la clef du succès de nos jours, malheureusement...
Au final, je ne pourrais tout de même que vous inciter à aller découvrir ce premier tome de Métal, ne serait-ce que pour sa beauté et la grande claque qu'il vous mettra. Et peut-être qu'en croisant les doigts assez forts, le second tome verra le jour un matin prochain, et qu'un autre éditeur lui accordera sa chance. Et croyez-moi, cela vaudrait vraiment le coup...

Note : 8/10
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Chaperon Rouge



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