MPD Psycho : le détective schizophrène #1
(Taju Jinkaku Tantei MPD Psycho)

Sortez feuilles et crayons, vous allez devoir prendre des notes. Que ceux qui n'ont strictement rien compris à "Fight Club" et autre "Fenêtre Secrète" passent leur chemin, ici nous n'aurons pas affaire à deux mais à quatre personnalités différentes pour une seule et même personne.
L'inspecteur Kobayashi Yôsuke (notez : personnalité 1) est sur une affaire des plus morbides : le troisième cadavre d'un tueur en série vient d'être découvert. Nu, décapité, un bras et une main en moins... La tête n'est pas loin du corps, au dessus pour être précis, empalé sur une branche, une boule (digne de pratiques SM) dans la bouche, les paupières cousues de façon à ce que les yeux fixes le cadavre.
Quelques jours plus tard, l'inspecteur Yôsuke reçoit un colis ressemblant à un petit frigidaire, en l'ouvrant, il découvre horrifié le buste et la tête de sa petite amie (bras et jambes en moins) plongées dans une sorte de boisson énergétique maintenue en vie par un respirateur artificiel. L'horreur est portée à son maximum quand cette dernière murmure péniblement le nom de son amant. Yôsuke se retrouve très vite face au tueur (non pas qu'il soit brillant, c'est seulement que le tueur s'avère être le livreur). Pourquoi ? Qu'est ce qui l'a motivé ?
Le bourreau est le tueur en série que Yôsuke recherche et "il a eu un coup de nerf quand il a vu Yôsuke aux informations", non pas qu'il s'est senti menacé ou autre, non, ce qui l'a vraiment mit hors de lui c'est qu'il "jouait le gentil flic modèle alors que ce n'est qu'un putain de psychopathe comme lui".
Puis c'est un renversement de situation : Yôsuke ne ressemble plus vraiment à lui-même, il fait peur, son maintien et son langage sont très différents et il dit s'appeler Shinji Nishizono (personnalité 2). Et voilà que Shinji (ancien Yôsuke) abat froidement le tueur en série juste avant que les autres inspecteurs arrivent. Shinji Nischizono (le 2) leur apprend que Kobayashi Yôsuke est mort et se présente sous le nom d'Amamiya Kazuhiko (personnalité 3).

Tout parait aller vite, mais il n'en est rien, le scénario est remarquablement mis en scène entrecoupé de flash-back qui nous facilite la présentation des différentes personnalités en nous familiarisant avec ces dernières. Il faut prendre en compte que ce qui peut rebuter dans ce manga est son dessin, non pas qu'il soit mauvais, loin de là, mais il est froid et particulièrement épuré pour les décors. Ce qui est par contre très appréciable, ce sont les expressions et les démarches du protagoniste. Suivant la personnalité, la posture et les traits du visage changent radicalement à tels point que même si on ne lit pas ce qui est écrit, on comprend très vite que le héros a un sérieux problème d'identité.
Yôsuke (notez que pour nous lecteur, nous savons qu'il s'agît en fait de la personnalité 3) est jugé coupable, son expertise psychiatrique niant une vraie schizophrénie, il est condamné à un emprisonnement. Dans sa cellule, il reçoit la visite d'Isono Machi une inspectrice qui le sollicite pour faire un profilage qui, une fois effectué a permis l'arrestation très sanglante d'un criminel anthropophage. Quelques années plus tard Amamiya Kazuhiko sort de prison et est recruté par Isono Machi en tant que profiler dans sa nouvelle agence de détective privé.
C'est alors qu'une affaire des plus morbides leur revient : des femmes retrouvées enterrées, la moitié du crâne scié laissant apparaître le cerveau et... Une plante qui a germé dans chaque cervelle. A force d'indices, l'équipe d'Isono découvre l'identité de l'assassin sans toutefois réussir à le trouver. Kazuhiko revient une semaine plus tard, ne se souvenant pas de ce qu'il à fait pendant ce temps. L'assassin est finalement retrouvé, enterré dans un parc, une fleur ornant sa cervelle. Chose étrange, il possède un code barre dans le blanc de l'oeil gauche, sous la paupière, tout comme l'assassin anthropophage et le tueur en série amateur de décapitation. Et plus étrange et inquiétant, Kazuhiko aussi en possède un.
Ce 1er tome est très prometteur, beaucoup de questions nous submergent, comme dans tous manga, il y a un zeste d'humour très appréciable (mais qui a tendance à disparaître dans les tomes suivants). Un seul point noir : sa complexité. Il n'est pas rare de revenir plusieurs fois au début du livre, non pas parce que l'histoire est incompréhensible, mais les prénoms des diverses personnalités eux...
Et puis il faut signaler qu'on n'a pas l'habitude qu'un personnage principal soit en fait 4 personnages différents (d'autant plus que par la suite on apprend qu'il en a encore plus).
Mais c'est justement ce qui fait l'intérêt du manga : gentil ? Méchant ? Les deux ? Comment est ce possible ? Et les tomes suivants vous apporteront encore plus de questions, si vous appréciez MPD Psycho, vous tomberez vite dans un très grand casse tête (dans le bon sens du terme) où chaque indice répondra à une question tout en nous posant de nouvelles.
Pour ce qui est du côté morbide, les auteurs savent s'y prendre, ils n'en font pas des doses à chaque page mais quand le besoin se fait ressentir, ils savent montrer ce qu'il faut pour provoquer une réaction chez le lecteur. Vous saviez vous, qu'en arrachant une plante d'un cerveau il s'arrache lui aussi ? Peut être que vous ignorez qu'on peut être vivant avec une plante sortant de notre cerveau à l'air libre ?

Note : 8/10
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Zel



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