Fables
Tome 2 : la Ferme des Animaux
Nous avions quitté nos amis de Fableville, les héros des contes de fées contraints d'abandonner leurs royaumes après l'invasion de leurs terres, après la résolution de l'enquête sur la prétendue mort de Rose Rouge, la soeur frivole de Blanche Neige, par Wolf, l'ancien loup dévoreur de petites filles et désormais shérif de Fableville.
Les choses ne se sont pas arrangées pour autant entre Blanche Neige et Rose Rouge et, pour tenter de recréer les liens qui existaient auparavant entre elles et aussi pour la punir d'avoir mis en scène sa propre mort, semant ainsi la terreur parmi les Fables, Blanche Neige l'emmène avec elle régler des problèmes d'intendance à la Ferme. La Ferme, c'est l'endroit où vivent reclus les Fables qui n'ont pas apparence humaine et qui ne peuvent donc pas se mêler aux êtres humains. Une gigantesque ferme protégée magiquement du regard des hommes.
Blanche Neige, maire adjointe de Fableville doit donc s'y rendre comme chaque année pour une visite de routine et régler les différents problèmes. Mais à leur arrivée, un silence inquiétant règne sur la ferme. L'endroit semble déserté et c'est finalement en pleine assemblée générale improvisée que Blanche-neige et Rose Rouge trouvent leurs compagnons.
Les habitants de la ferme veulent récupérer leur indépendance, ils en ont assez de vivre cloîtrés comme des parias, prisonniers de leur tour d'argent. Ils veulent la lutte. Ils veulent combattre pour regagner leurs anciens royaumes et en ont assez de la tiédeur de la politique de ceux de la ville. Et lorsque Colin, un cochon espion infiltré à la ville va être retrouvé décapité, un climat glacial d'oppression va s'abattre sur la Ferme et sur les deux soeurs désormais devenue ennemies de la révolution.
Ce second tome de Fables quitte donc totalement l'intrigue policière et l'ambiance polar pour aborder le thème de la révolte et de l'insurrection. De gros échos de révolte prolétarienne planent sur ce comic et l'on oscille perpétuellement entre références politiques ironiques et clins d'oeil au célèbre "Animal Farm" de George Orwell. Le titre est d'ailleurs on ne peut plus explicite à ce niveau ! L'écriture de ce tome est à ce titre franchement réjouissante et jubilatoire et le mélange des contes - cette fois fortement imprégnés du Livre de la Jungle de R. Kipling qui vient s'ajouter aux contes plus traditionnels - à l'histoire et à la politique dénonce avec force humour l'aspect dérisoire et cruel d'une insurrection mal menée. Mais c'est aussi surtout les débordements et la prise d'autorité d'une seul homme devenu fou par le pouvoir qu'il croit soudain détenir (ici Bouclette, la blonde héroïne de boucle d'or et les trois ours) qui est mis au ban et dénoncé en raison de la cruauté des actes menés par la folie des hommes.
Le dessin est un tout petit peu moins bon dans cet opus, mais une fois que l'on s'y habitue, on rentre tout à fait dans l'atmosphère de cet opus qui est au final une grande réussite, surtout au niveau scénaristique. Fable est vraiment un comic intelligent qui pose des problème sensés et actuels avec humour et a propos. Une réécriture de contes brillante associée à une vision acerbe de la politique et de l'histoire qui fait de ce second tome un album extrêmement riche et original. Une excellente découverte qui confirme la réussite et l'intelligence du propos inaugurées par le premier tome.
Note : 7,5/10
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Chaperon Rouge