Dracula, le mythe raconté par Bram Stoker
Depuis Le Nosferatu de Murnau, les adaptations cinématographiques de l'oeuvre de Stocker sont légion, qu'elles soient sérieuses comme celles de la Hammer ou celle de Coppola ou parfois même parodiques comme Dracula, mort et heureux de l'être. Mais ce n'est pas d'une adaptation en film dont nous allons parler aujourd'hui, car il y a également le neuvième art qui s'est intéressé au roman de Bram Stocker, et Pascal Croci en a fait une version particulièrement réussie.
L'histoire, si vous l'ignorez encore, est celle du jeune avocat Jonathan Harker en mission en Transylvanie auprès du comte Dracula qui cherche à acquérir une demeure en Angleterre. Mais très vite son étrange hôte et son lieu de résidence vont le mettre mal à l'aise. Il faut dire que le comportement du comte est plutôt étrange.
La première surprise de cette bande dessinée est que l'auteur a conservé le style épistolaire du roman. Il n'a pas cherché à introduire des dialogues inutiles entres les personnages. L'auteur a mis des scènes de dialogue seulement quand elles étaient nécessaires. Il a réussi à garder le style si plaisant du roman original et cette oeuvre arrive ainsi à retrouver l'atmosphère si particulière que Stocker avait mis dans son ouvrage. L'histoire est respectée et on retrouve les mêmes passages bien que cette oeuvre aurait gagné à avoir quelques pages de plus tellement certains passages peuvent sembler survolés. Ainsi, notre brave comte a tout juste le temps de s'attaquer à Mina Harker qu'il a déjà quitté l'Angleterre. Il me semble d'ailleurs qu'il est mieux de connaître le roman avant de lire cette adaptation, même si ce n'est pas nécessaire. En même temps, qui n'a pas encore lu ce livre ou n'en connaît pas l'histoire ?
Mais la principale qualité de cette bande dessinée est son magnifique dessin. On a l'impression de sentir le souffle du vent de Transylvanie sur les superbes paysages que Pascal Croci a dessiné. Et ne parlons pas du château de Dracula, qui est tout simplement magnifique. Chaque détail semble avoir été peaufiné pendant des heures. L'une des forces de ce dessin est de rarement montrer les images les plus sanglantes auxquelles on aurait pu songer en pensant à cette histoire. L'auteur semble avoir décidé d'en suggérer la plupart. Le regard horrifié que nous lance les statues lors de la mort de Lucy semble d'ailleurs bien plus explicite que n'importe quelle image.
Une autre des forces de cette bd est de ne jamais montrer Dracula. On ne le voit jamais et il est pourtant omniprésent. Cette invisibilité renforce le coté inquiétant du personnages. On a l'impression que le dessinateur n'a pas voulu lui donner une quelconque apparence physique afin qu'il garde une aura de mystère mais qu'en refusant de lui donner un visage, il refuse de lui donner une âme. Cette menace invisible renforce le coté effrayant du célèbre personnage et lui donne un aspect assez mystérieux.
Pascal Croci a vraiment réussi à transposer les mots de Stoker en images et à livrer des dessins qui auraient pu accompagner une édition illustrée du roman. L'auteur ne s'est pas contenté de refaire l'oeuvre de Bram Stoker, mais a réellement apporté une nouvelle vision de ce mythe, une nouvelle pierre à l'édifice. Pour les amateurs du livre original, c'est une oeuvre à découvrir absolument. Pour les autres, lisez-le quand même car c'est une oeuvre magnifique et finalement surprenante.
Note : 9/10
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Stegg