Le Décalogue
Tome 1 : Le Manuscrit

Le Manuscrit s'ouvre sur une scène de meurtre. On est dans le port de Glasgow, en pleine nuit, teinte bleutée. Un homme surgit de l'ombre, tenant dans sa main une poupée. Il assassine sauvagement une femme.
Malgré cette introduction, digne des plus grands films noirs américains, l'histoire n'est pas là mais se situe plutôt au niveau du Décalogue. Qu'est ce que le Décalogue ? Voici la définition que nous en fait l'auteur : "nom donné aux dix commandements que, d'après la bible, Dieu transmit à Moïse sur le mont Sinaï. D'ordinaire, ce terme a valeur de nom propre car il n'existe qu'un Décalogue...du moins officiellement." Et ce premier commandement est : "tu ne tueras point". D'où le tueur en série qui sévit... Cependant l'histoire est bien plus complexe. On ne peut donc que saluer ici le talent du scénariste Frank Giroud.
Car après cette macabre mise en scène meurtrière, on rencontre un autre personnage qui va être obligé lui aussi d'enfreindre ce premier commandement suite à la découverte d'un étrange manuscrit. Simon Broemecke, français exilé à Paris, est un éditeur plutôt talentueux mais un écrivain raté. Un jour, une vieille dame lui amène un manuscrit, écrit en 1814 mais qui pourrait être plus ancien encore. Si l'éditeur n'y prête tout d'abord pas attention, après la mort de cette vieille dame (écrasée par une voiture dans une scène que je trouve un brin tirée par les cheveux), il décide malgré tout de lire le mystérieux écrit. Il découvre un chef-d'oeuvre qu'il décide de réécrire en mettant son nom sur la première de couverture. L'ouvrage intitulé Le fils du prophète ne serait-il pas alors une partie du Décalogue ? Mystère, je ne vous en dirais pas plus mais sachez que ce livre peut tuer ou conduire au meurtre...

Si je trouve ce scénario plutôt intéressant je n'ai, malgré tout, pas été séduit par cette histoire. Je trouve que tous les éléments s'emboîtent un peu trop facilement et que, trop courte, cette bd ne développe pas assez le côté mystérieux du Décalogue et que peut-être la réflexion aurait dû être poussée un peu plus loin.
Le personnage de Simon Broemeck est assez intéressant, cet écrivain qui vole un manuscrit en quelque sorte sans savoir ce qu'il est véritablement et qui le conduit jusqu'au meurtre. Une image de la religion qui peut amener à la pire des ignominies. Ca semble du moins être le discours de l'auteur. Ce n'est pas très original et la métaphore est un peu facile. Par contre, ce qui est plus hors norme, c'est que pour l'une des premières fois dans l'histoire, c'est le scénariste qui choisit ses dessinateurs, autrement dit un artiste différent pour chaque tome du Décalogue (dix au total).
Pour le Manuscrit, c'est Behe qui s'y colle. Je ne connaissais pas avant mais il faut lui reconnaître un certain talent, entre autre celui de ne pas chercher à en faire trop, c'est même parfois carrément simpliste. Cependant, je n'adhère pas trop à ce genre de dessin et je trouve même les expressions de certains personnages assez limites et le cadrage classique, très classique, trop classique et à part certaines planches, c'est-à-dire toutes celles qui se passent de nuit, je n'ai pas vraiment aimé.
Cependant, ne pas aimer, ne veut pas dire que cette bd n'est pas bonne. Je pense que j'aurais l'occasion de vous parler des autres tomes et si l'on prend l'ensemble du Décalogue, je trouve ça plutôt bon, voire très bon. Je pense donc qu'il faut s'immerger entièrement et immédiatement dans l'ensemble de ce cycle, enchaîner directement tous les tomes pour véritablement saisir l'ampleur du travail de Giroud et pour vraiment adhérer à l'ambiance. Le décalogue pour moi est avant tout un travail de titan, une fresque superbe mais qu'il ne vaut mieux pas prendre les tomes un par un. C'est la première fois en tant que lecteur de bd que je rencontre ce sentiment et c'est plutôt troublant. Mais je crois que c'est un signe de réussite.

Note : 6/10
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Cruisader



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