The Crow
(The Crow : Graphic Novel)

The Crow est le chant de souffrance d'un homme pris dans la tourmente d'une perte aussi subite qu'atroce, une vengeance d'outre-tombe dans un univers fictif parallèle, la délivrance d'une douleur viscérale dont il n'existe que deux issues : La vie ou la mort.
James O'Barr a choisi de vivre et de rendre hommage à la femme qu'il aima passionnément, celle qui allait devenir son épouse, celle dont il fut séparé à jamais à cause d'un acte monstrueux, un viol suivi de meurtre.
Dans ces pages, O'Barr hurle sa souffrance sur chaque page, crie son amour, son désespoir et son incompréhension au fil d'une histoire belle à vous arracher des larmes pour mieux vous secouer l'âme de par sa violence crue et sans concessions.

La perte d'un être cher fait partie de la vie de tout le monde. La mort dû à la vieillesse nous paraît plus logique que celle d'un enfant à l'aube de sa vie, tandis que celle causée par un meurtre, volontaire ou non, est plus semblable à un brutal coup de hache dans notre coeur et âme. Rien ne nous y prépare et notre seule arme pour y survivre est nous-même et notre volonté de nous frayer un chemin à travers la souffrance pour pouvoir continuer de vivre un jour. On aimerait que le temps s'arrête le temps qu'on aille mieux mais rien ni personne ne se pliera à nos exigences égoïstes et nous subissons jusqu'à trouver le moyen de canaliser notre douleur.
Le jour où L'amie de James O'Barr est morte, une partie de lui est morte avec elle. Ici, O'Barr devient Eric Draven, ramené à la vie par un corbeau. Oiseau mythologique s'il en est, destructeur, protecteur, accompagnateur des morts entre cette vie et l'au-delà. Eric Draven revient se venger des bourreaux de la douce Shelly dans un étal de haine et de tourments rarement vus. Une trame si simple qu'elle tient en une phrase mais qui nécessite plus de 200 pages pour arriver au bout de sa destination : La sérénité.
Le trait est précis et réaliste et un réel effort a été fait pour faire passer l'émotion par le graphisme. Pour les passages où Draven se souvient de Shelly, sa plume est légère comme un baiser volé et les ombres douces comme la peau qu'il caresse dans ses rêves. Pour les passages de vengeance qui composent la majeure partie du livre, le trait devient dur et anguleux, les ombres aussi noires que le coeur des habitants de cet univers où la réalité est inextricable de la fiction. C'est fort, c'est beau, c'est une véritable ballade visuelle ponctuée de paroles de chansons (Joy Division, The Cure...) ou d'extraits de poèmes (Baudelaire, Rimbaud...).
Avant le meurtre du chef du gang, nous revenons un an en arrière pour assister à l'évènement catalyseur. O'Barr ne nous épargne rien, enfonçant les clous de sa souffrance dans nos entrailles jusqu'à nous couper le souffle. Il était là, il a tout vu et il nous en montre les détails dans un long passage que l'on devine fébrile sous sa plume le temps de sa création. Tout y est : Les choses avec lesquelles on se torture sur le coup mais qui nous feront sourire plus tard. Les choses qui nous aident à évacuer la douleur physique causée par la mort d'un être aussi proche de nous que notre propre coeur.
Malgré son apparente noirceur, The Crow est une formidable célébration de la vie, une lettre d'amour qui demeurera éternelle, une magnifique preuve de force et de courage chez un homme qui ne savait pas encore qu'il voulait continuer à vivre. Une lecture douloureuse et libératrice ainsi qu'une belle création graphique.

Note : 10/10
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ZombiGirl



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