Blacksad
Tome 3 : Ame rouge
J'avoue que la première fois où j'ai jeté un oeil sur ce dernier Blacksad (troisième du nom), moi le fan transi de ce détective privé à tête de chat, j'ai été un peu surpris et, il faut le dire, médisant. Mais qu'est-il arrivé à Guarnido ? Dessin moins réaliste, moins travaillé, les mimiques des animaux qui peuplent cette Bd sont moins réussies, les ambiances sont moins travaillées etc. Et bien cela, je l'ai vite oublié lorsque me suis plongé dans cet album, et il ne m'a suffit pour cela que de deux planches.
Ame rouge est encore une fois un chef-d'oeuvre, même si le dessin m'a moins emballé que les précédentes aventures de mon héro préféré. Ce qui marque d'emblée, c'est le ton de l'écriture, le parti pris du scénariste qui nous livre ici un vrai polar, comme Le Faucon Maltais, Laura ou les autres chef-d'oeuvre cinématographiques du genre. Encore une fois, il y a la voix off de Blacksad, technique un peu caricaturale mais qui fait mouche d'emblée. On entend le jazz, Ella Fitzgerald dans ce tome-ci, on voit les boîtes enfumées, les parties de poker, les femmes fatales et le whisky.
Comme dans les autres tomes, le scénario est plus qu'intelligent. Cette fois-ci Blacksad mène son enquête dans les plus hautes sphères, où le destin du monde se joue puisqu'il y est question de la bombe nucléaire. Sur fond de Maccarthisme, de combat politique, le détective mène une enquête palpitante. On y rencontre Ginsberg et quelques héros de la beat génération, on y voit des femmes fatales, petits chats superbement dessinés et surtout on y critique le pouvoir, la politique. En un mot on est dans du Chandler, on est dans un polar, un vrai.
Et, en y regardant de plus prêt, on se prend à aimer le nouveau dessin de Guarnido. Si les mimiques des animaux qui m'avaient séduites sur tous les autres tomes sont moins travaillées, le dessinateur, qui a entre autres travaillé pour Disney, en connaît un rayon. Sublime image que celle du capitalisme dessiné comme un coq arrogant et toujours cette femme, féline, sublime.
Ce n'est peut-être pas le meilleur Blacksad, mais Ame Rouge reste une bande dessinée plus qu'originale, dans la pure tradition du polar et le héros est toujours aussi attachant, empêtré dans ses problèmes, ses amours. Ce tome nous permet d'en apprendre plus sur le héros, ce dur au coeur tendre, qui semble avoir eu une jeunesse plus que difficile. La fin est belle, triste a pleurer.
Juanjo Guarnido et Juan Diaz Canales nous dépeignent des humains, ou devrais-je dire des animaux, en mal d'amour, en errance, pris dans les tourments de l'histoire. Ame rouge est un polar sombre, une BD forte. A lire à tout prix.
Note : 8/10
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Cruisader