Berserk

Une troupe de mercenaires arpente un chemin en terre et croise un arbre où les feuilles sont remplacées par les corps de paysans. Un village entier pendu au végétal, se balançant mollement au gré du vent. En s'approchant de l'arbre, un mercenaire voit un bébé gisant nu par terre. La mère a dû accoucher pendant qu'elle s'asphyxiait ; dans tous les cas, l'enfant est vivant. Gambinot, un des meilleurs et plus exécrable membre de la troupe de guerriers décide de l'adopter. Ainsi se passa la naissance de Gatsu, héros de "Berserk".
Amitié et trahison c'est ainsi que l'on pourrait résumé en deux mots le manga culte d'heroïc fantasy au Japon. Puis pour être plus précis on parlerait de violences guerrières, de viols, de tortures, de rites sataniques, de folie, de sadisme, de masochisme et de souffrance; très vite vous l'aurez compris, nous tomberons dans "Le trash". D'ailleurs la première page met en place l'atmosphère : Un homme, du genre gros tas de muscles, couche avec une femme qui se transforme en un monstre répugnant afin de dévorer son amant. Tels est prit qui croyait prendre, l'homme surnommé le "guerrier noir" est le plus rapide : Gatsu à fait un long chemin depuis sa naissance.
Le premier tome met en place Gatsu, un guerrier énigmatique marqué d'une mystérieuse trace dans le cou qui se met à saigner dès que des fantômes ou autres démons apparaissent, portant une épée trop grande et trop large pour être une arme (pour les amateurs de jeux vidéos : En comparaison l'épée de Clad dans "Final Fantasy 7" fait office de fleuret). Seul contre tous, animé d'une haine et d'un sadisme rarement vu, Gatsu a pour seul objectif la destruction des démons.

Si l'intrigue à l'air simplette au tout début, les tomes suivant nous racontent comment Gatsu, gisant sous son arbre lors de sa naissance est devenu le "guerrier noir", tout en creusant à fond la psychologie des personnages. Sa naissance, nous l'avons vu était des plus atroce; son éducation faite sur les champs de bataille et à travers des séances d'entraînements n'a rien de plus réjouissants : Violé par un compagnon qui a payé son père adoptif, père adoptif qui à la suite d'une blessure le rendant paraplégique essaye de le tuer, Gatsu fuit son enfance, ses cauchemars et se retrouve dans une nouvelle troupe de mercenaires : la Bande du Faucon. C'est ainsi qu'il éprouvera de la haine puis, au fur et à mesure de l'amour pour Caska, le bras droit de Griffith, général des Faucons.
Griffith est incontestablement le pilier central de ce manga : Gatsu est totalement subjugué par cet homme, le prenant pour modèle il ne le considère pas moins comme un frère. Les années passent, les liens se resserrent puis Griffith fait un choix : offrir toute sa troupe en sacrifice afin de renaître en démon. Et c'est le début de l'horreur. A part le premier tome, rien n'appartient à l'héroic fantasy, il s'agît de combat entre hommes mené par des ambitions humaines. Lors du sacrifice, monstres de tous genres mangent les membres du Faucon (on assiste aussi incrédule qu'eux aux attaques des monstres) puis vient le tour de Caska, violée par un Griffith démoniaque juste sous les yeux de Gatsu. C'est là qu'apparaît un nouveau personnage : un chevalier squelette qui sauve Gatsu et Caska.
Que pouvons nous trouver de lumineux dans ce manga ? Très franchement, il n'y a rien. Le bien est étouffé, écartelé, seul l'horreur prédomine dans ces pages. L'amitié entre Gatsu et Griffith me diriez vous ? Environ 10 tomes où le héros apprend ce qu'est le contact humain, l'échange social ? 10 tomes où le lecteur croit dur comme fer que maintenant tout va s'arranger. Je vous répondrais que tout a été balayé lors du viol de Caska. Et histoire de mieux faire passer la pilule, nous voyons que pendant toute la durée du viol (quelques pages et non quelques vignettes) Griffith n'accorde aucun regard à sa Victime. Non ! Ses yeux sont rivés dans ceux de Gats.
Et la suite est similaire, Kentaro Miura pousse le sadisme toujours plus loin : Caska est devenue folle, seulement ça n'a pas suffit, il a fallut qu'elle tombe enceinte suite à son viol, et son bébé est digne des romans de Lovecraft, je vous assure. Ce ne sont que quelques exemples, mais si vous décidez de découvrir cette série, c'est cette ambiance que vous allez retrouver. C'est gore, c'est trash et malgré que certaine fois on a du mal à continuer tellement l'atroce nous est montré dans toute sa crudité, on en est pas moins complètement immergé dans l'histoire.
C'est agréable de voir un artiste s'engager de la sorte et d'expérimenter un style et un univers que l'on croyait impossible sur un tels support. Peut être est ce ridicule de ma part, mais je pense que les amateurs de Poppy Z Britte pourraient s'y retrouver, en mettant outre la sensualité et l'atmosphère du Vieux Carré et en changeant le style androgyne pour un gros plein de testostérone habillé d'une armure.

Un peu plus de 10 volumes sont actuellement disponible en France alors qu'il en existe une trentaine au Japon, de plus il existe une animation "Berserk" de 25 épisodes.
La série "Berserk" est vendue sous cellophane avec un auto collant "Attention, pour public averti". A bon entendeur...

Note : 9/10
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Zel



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