Balade au bout du monde
Tome 1 : La prison
Arthis est un photographe replié sur lui-même mais surtout obsédé par les brumes d'un marais qu'il voudrait immortaliser grâce à son appareil. Dans ce lieu que les villageois appellent "le bout du monde", Arthis est enlevé par des hommes en cotte de mailles et se réveil dans une prison moyenâgeuse où les détenus (tous des hommes) sont livrés à eux même.
Pourquoi Arthis ? Où est il enfermé ? Et par qui ? Ces questions auraient pu être au centre de ce fantastique tome d'introduction qu'est La prison, mais si elles demeurent en toile de fond, l'histoire présente avant tout la survive dans ce milieu carcéral singulier et la nouvelle obsession d'Arthis qu'est l'évasion. L'histoire ici ne met pas beaucoup de temps à se mettre en place (contrairement à beaucoup d'auteurs qui ont besoin d'un tome entier pour planter les bases de leur scénario) et ne souffre d'aucun temps mort.
Tout commence par la découverte du marais, par des disparitions inexpliquées et enfin par la scène d'enlèvement : le lecteur est propulser rapidement, parfois un peu trop, d'une scène à l'autre. Arthis cesse de mettre au premier plan les pourquoi et comment pour être happé dans un microcosme aux règles établies mais vacillantes et la lecture n'en est pas affecté du tout ! C'est avec plaisir et fascination que nous découvrons l'immense prison et ses nombreux détenus. La richesse scénaristique de cette bande dessinée est impressionnante à aucun moment nous savons où les auteurs vont nous transporter. Le fantastique est amené en douceur et continu au fil des pages de façons subtiles : pour ce premier tome, le lecteur ne peut que faire des suppositions et se jeter sur le tome 2.
A travers le système politique et l'ordre discutable établis dans la prison, l'auteur ne défend pas la thèse de l'homme bon par nature. Tout n'est que mensonges, trahisons, complots, haine et violence. C'est un portrait un peu triste de l'homme qui nous ai présenté mais qui est infiniment plus savoureux à lire et colle parfaitement avec l'atmosphère générale de l'histoire.
Les dessins quant à eux sont vieux, normal pour une bd faites en 1983. Je pense toutefois qu'ils passeraient beaucoup mieux avec une autre coloration (surtout les 15 premières pages) : des couleurs ternes et pales sur toutes les planches. Cela est parfaitement rebutant pour le début de la bd mais passe mieux dans la prison, en soulignant l'aspect crasseux, chaotique, faible et violent des personnages. Les dialogues sont non seulement un régal à lire mais ils reflètent aussi parfaitement chaque personnage et affinent l'atmosphère de la bd.
La prison est une bd rarement égalée au niveau scénaristique. A marquer d'une pierre blanche.
Note : 8/10
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Zel